De l’opulence à la prison
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Mona Louise Parsons est née en 1901, à Middleton, en Nouvelle-Écosse. Jeune femme, Mona Parsons s’installe à New York, en 1929, pour poursuivre une carrière d’actrice et plus tard elle devient infirmière. À l’âge de 36 ans, son frère lui présente le millionnaire hollandais Willem Leonhardt. Ils se marient et s’installent en Hollande, en septembre.
En mai 1940, la Hollande est envahie par les forces allemandes. Le pays est plongé dans une occupation qui se poursuit pendant cinq longues années et entraîne la mort de milliers de ses citoyens en plus d’amener la nation entière au bord de la famine. Bien que Mona ait fait partie de la société riche et mondaine, elle croit qu’il faut trouver des moyens de résister à l’occupation. Elle et Willem se joignent à un groupe qui, comme eux, se sont promis de faire tout ce qu’ils peuvent pour contrer les efforts nazis.
Mona Parsons était une femme digne et courageuse, des qualités qui se sont avérées inestimables lorsqu’elle et son mari se joignirent à une cellule de résistance. Ils hébergèrent des aviateurs alliés, dont l’avion avait été abattu, à « Ingleside », leur manoir près de Laren. Le couple avait décidé de licencier ses domestiques afin de pouvoir utiliser leurs chambres pour loger des aviateurs. Il y avait également une « cachette » derrière un placard de la chambre principale, pour se réfugier si la maison faisait l’objet d’une fouille. Lorsque les aviateurs quittaient la demeure des Parsons, des bateaux de pêche les conduisaient à un lieu de rendez-vous avec des sous-marins britanniques qui les ramenaient en Angleterre.
Malheureusement, un informateur les dénonça à la Gestapo et Mona fut arrêtée le 29 septembre 1941. Elle est emprisonnée et, lors de son procès le 22 décembre 1941, elle est reconnue coupable de trahison et condamnée à mort. Elle a réagi à sa sentence avec une telle dignité que le juge lui permit d’interjeter appel de la décision. Sa sentence fut modifiée à la prison à vie et aux travaux forcés.
Pendant son emprisonnement, elle rencontre une jeune baronne hollandaise et ensemble elles planifient de s’évader à la première occasion. En mars 1945, la prison subit des bombardements, ce qui donne aux deux jeunes femmes l’occasion de mettre leur plan à exécution. Les deux femmes enfilent des vêtements de laine et se font passer pour des sœurs. Pendant trois semaines, elles marchent environ 125 kilomètres sans être capturées, effectuant des tâches ici et là en échange de nourriture et d’hébergement, souvent dans une grange. Mona revient finalement en territoire hollandais. Elle mentionne à un cultivateur qu’elle est Canadienne et qu’elle doit trouver des troupes alliées. Le fermier la conduit aux North Nova Scotia Highlanders, un régiment de sa province natale!
Les Canadiens sont stupéfaits lorsqu’ils voient cette femme émaciée et malade s’approcher d’eux et demander de l’aide en affirmant qu’après avoir passé presque quatre ans dans les prisons et les camps nazis, elle avait traversé l’Allemagne après s’être évadée dans des circonstances dramatiques. Les cloques très infectées à ses pieds nus prouvent bien sa marche de trois semaines, mais les soldats restent ébahis lorsqu’elle affirme qu’elle est Canadienne, que son nom est Mona Parsons, originaire de la Nouvelle-Écosse.
Mona Parsons n’a jamais porté l’uniforme militaire, mais elle était prête à risquer sa vie pour défendre la liberté. Après avoir passé son enfance en Nouvelle-Écosse, elle est devenue infirmière à l’époque de la Grande dépression, elle a joint une cellule clandestine de la résistance, elle a été jetée en prison par les nazis et, après s’être évadée, la jeune femme amaigrie a traversé l’Allemagne à pied au cours des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale; Mona Parsons était une véritable héroïne. Elle est devenue la seule civile canadienne à être emprisonnée par les nazis et l’une des premières, et rares femmes à subir un procès dirigé par un tribunal militaire nazi en Hollande. Pour la bravoure dont elle a fait preuve en aidant des aviateurs alliés à échapper à la capture, Mona Parsons a été honorée. Elle a reçu une mention élogieuse de la part du maréchal des forces de l’air britanniques et du président des États-Unis, Dwight D. Eisenhower.
Après la guerre, Mona Parsons est devenue veuve et est retournée vivre en Nouvelle-Écosse. Quelques années plus tard, elle s’est remariée avec un ami d’enfance, le Major-Général Harry Foster, qui fut Commandant de division pour l’Armée canadienne en Italie et au nord-ouest de l’Europe durant la guerre. Mona Parsons est décédée en 1976.
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