Adjudant (à la retraite) Delphis Cormier
Delphis Cormier est né en 1933 dans la petite ville d’Atholville, au Nouveau-Brunswick. Il a grandi à l’époque où le Canada et ses alliés se sont battus pendant presque six ans durant la Seconde Guerre mondiale. Après le déclenchement de la guerre de Corée, il s’est enrôlé en 1950 dans les Forces armées canadiennes. Il avait 17 ans.
Issu d’une famille à revenu modeste, il voyait l’armée comme une occasion d’améliorer son mode de vie.
« Je voulais m’enrôler dans l’armée, et quand la guerre de Corée a été déclenchée, il y avait beaucoup de publicité, souligne M. Cormier. Ils avaient besoin de milliers de personnes pour former la brigade canadienne qui s’en irait en Corée. J’ai dit que j’y allais, alors je me suis joint au Royal 22e Régiment. »
M. Cormier s’est rendu à Québec en octobre 1950 et s’est enrôlé dans le Royal 22e Régiment, aussi appelé « les Van Doos » en anglais. Pendant deux mois, Delphis et les autres recrues se sont entraînés près de Valcartier, au Québec. Ils se sont ensuite rendus en train à Fort Lewis, une base militaire américaine située près de Tacoma, dans l’État de Washington, pour poursuivre leur entraînement jusqu’en avril 1951, évitant ainsi le rude hiver canadien.
« C’était très, très difficile, explique M. Cormier. Nous avons appris à tirer et à lancer des grenades, mais j’aimais tout de même ma nouvelle manière de vivre. »
« Cela a pris une vingtaine de jours, nous avons bravé de terribles tempêtes, des gens se sont blessés pendant la traversée et la mer était tempétueuse. »
Le 24 avril 1951, après six mois d’entraînement, il a entamé un autre long voyage. Cette fois‑ci, il a monté à bord d’un cuirassé américain qui allait traverser le Pacifique jusqu’à Busan, en Corée.
« Cela a pris une vingtaine de jours, nous avons bravé de terribles tempêtes, des gens se sont blessés pendant la traversée et la mer était tempétueuse », raconte-t-il.
« Il y avait de la pauvreté partout. La Corée d’autrefois ne ressemblait guère à celle d’aujourd’hui. »
Une fois à Busan, les Canadiens ont établi une base et se sont réorganisés en prévision de leur avancée vers le front. Ils ont fait un trajet de cinq heures en train vers le nord. Pendant trois mois, ils ont avancé vers le nord, aidant à retirer les forces coréennes et chinoises restantes à mesure que les forces des Nations Unies se déplaçaient vers le nord, avant d’établir des positions défensives près du 38e parallèle.
« De juin à septembre, nous n’avons fait qu’avancer, en prenant les terres que les Nord‑Coréens et les Chinois avaient prises. Tout cela était très difficile, dit‑il. Nous ne pouvions pas avoir de douches, nous marchions et capturions des zones, et nous creusions nos tranchées pour la nuit et y dormions. Nous avons fait cela pendant trois mois. »
Sur le front, la principale tâche des Canadiens était de patrouiller, à la recherche des forces ennemies derrière les lignes de front. Lors d’une patrouille, M. Cormier et ses hommes sont tombés dans une embuscade. Alors qu’ils combattaient l’ennemi, il a aidé à éviter à certains hommes d’être faits prisonniers.
« Il y avait de la pauvreté partout. La Corée d’autrefois ne ressemblait guère à celle d’aujourd’hui », raconte M. Cormier.
Il a quitté la Corée en avril 1952 et a poursuivi sa formation de parachutiste, restant parachutiste jusqu’à sa libération. Lors du couronnement de la reine Elizabeth II, en 1953, M. Cormier et le Royal 22e Régiment ont eu l’occasion de former la garde pendant vingt‑quatre heures au palais de Buckingham.
Il a ensuite servi en Allemagne de 1953 à 1955, période durant laquelle la reine Elizabeth lui a remis la Médaille militaire pour ses actions dans la guerre de Corée. Après diverses affectations au Canada, dont cinq ans comme instructeur à Rivers (Manitoba), où il a contribué à l’entraînement de plus de mille parachutistes, il a de nouveau été envoyé en Allemagne de 1964 à 1967, où il s’est marié et où sa fille est née, avant de servir dans une mission de maintien de la paix à Chypre de septembre 1968 à avril 1969.
M. Cormier a pris sa retraite des Forces armées canadiennes en 1975, et a ensuite travaillé comme directeur général d’une société de sécurité au Québec pendant 25 ans avant de prendre sa retraite.
Il est retourné en Corée en 1978, dans le cadre d’une tournée de trois semaines au Japon et en Corée du Sud.
« Ce n’était pas du tout la même Corée. Quand nous avons pris la Corée, nous n’avons vu que des ruines et des maisons brûlées, c’était terrible à voir », ajoute M. Cormier.
« Pour moi, quand nous sommes arrivés là‑bas, nous avons combattu et libéré le pays des Nord‑Coréens et des Chinois, et ensuite j’y suis retourné en 1978 et j’ai vu comment les choses avaient changé en Corée et comment ils avaient fait des choses merveilleuses et remarquables, précise‑t‑il. Ce n’était assurément pas la même Corée. J’ai beaucoup de respect pour ce que le peuple coréen a accompli. J’en garde de bons et de mauvais souvenirs. »
Alors que nous nous souvenons des Canadiens qui ont participé à la guerre de Corée et reconnaissons ceux qui ont perdu des êtres chers dans la défense de la paix et de la liberté, Delphis Cormier est le Visage de la liberté de cette semaine.
- Date de modification :