Kenneth Tooley Schubert - Quatre mois en Belgique
Éviter d’être fait prisonnier
Après notre mission à Essen, notre escadron a quitté les cibles allemandes pour être affecté à l’attaque des trains. En bombardant des installations ferroviaires en Belgique et en France, nous aidions les Alliés à isoler les plages de Normandie en vue du débarquement. Les équipages qui partaient en vol de nuit en alternance avec nous ont eu une mauvaise expérience; 71 hommes et officiers ne sont pas revenus de cette mission. Nous avons eu 13 nouveaux appareils et nous avons bombardé SaintGhislain, puis HaineSaintPierre, en Belgique, la nuit du 8 mai 1944. Notre mission vers HaineSaintPierre était notre huitième vol opérationnel. Nous avons largué nos bombes à 2 000 pieds pour garantir une précision absolue étant donné que la gare de triage se trouvait dans le centre de la ville. Nous étions ensuite supposés rentrer chez nous à la faveur des brumes industrielles. Nous nous sommes élevés à 2 000 pieds sans problème, mais il n’y avait pas un soupçon de brume, seulement la pleine lune qui éclairait tout comme si nous étions en plein jour.
Un FW-190 (chasseur allemand) nous a attaqués et, au moment de faire notre manœuvre d’évitement, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un autre Halifax endessous de nous, si bien que nous avions le choix entre interrompre notre manœuvre ou entrer en collision avec lui. Les Allemands ne demandaient pas mieux. Leur avion de chasse est arrivé par derrière et nous a mitraillés de long en large. Il est revenu une seconde fois et nous a mitraillés de nouveau, détruisant nos deux moteurs de gauche et faisant éclater un incendie au niveau du fuselage. Notre pilote nous a donné l’ordre de sauter – nous étions alors descendus à mille pieds. Al, Butch et moi étions supposés abandonner l’appareil en sortant par l’issue inférieure, située sous le mécanicien de bord. Butch a pris un peu de retard en essayant de trouver un extincteur, mais nous avons fini par sortir. Tous les membres de l’équipage, à part Bill Wilson, notre pilote, ont réussi à sortir. Apparemment, il essayait de stabiliser l’avion pour nous donner une chance de nous en sortir. Il a perdu le contrôle de l’appareil et il a été tué en s’écrasant. Nous avions perdu un excellent jeune camarade.
Après avoir abandonné l’appareil, j’ai eu le temps de le voir se détacher et plonger vers le sol. J’ai aussi pu voir les cinq autres parachutes s’ouvrir derrière moi. Comme j’essayais de contrôler ma chute, et ne sachant pas ce qui m’attendait dans les prochaines secondes, je me suis mis à prier et à rendre grâce à Dieu; je lui ai demandé de me donner la force de sortir indemne de l’appareil, en espérant que je survivrais quoique je trouve enbas et que j’arriverais à rentrer à la maison auprès de ma famille et de mon fils.
Alors que je tombais dans le noir et que je me rapprochais du sol, j’ai aperçu un village et plusieurs bosquets. J’ai atterri dans un champ à l’arrière d’une maison, en terminant ma chute dans l’un des arbres qui bordaient le champ. En me dégageant de mon parachute, je suis tombé et je me suis tordu la cheville – et je n’étais pas non plus armé. Au moment où j’ai atterri, j’avais perdu le sens de l’orientation et je ne savais pas du tout où était passé le reste de l’équipage. C’était un bien pour un mal, puisqu’ils avaient tous été faits prisonniers, à part le radiotélégraphistemitrailleur, Al Casey, qui avait fini par entrer en contact avec des gens de la Résistance à environ 20 milles de là où je m’étais posé. J’ai roulé mon parachute et mon gilet de sauvetage ensemble et j’étais en train de les enterrer comme on nous l’avait appris, lorsque j’ai entendu quelque chose bouger. Je me suis caché derrière un arbre et j’ai attendu. J’ai vu un homme qui portait une chemise de nuit blanche venir vers moi. Alors qu’il se rapprochait, il a essayé de communiquer avec moi en m’indiquant qu’il n’était pas un Bosch. J’ai supposé que c’était un ami à en croire sa manière d’agir et sa robe; et, comme il m’enjoignait de le suivre, j’ai ramassé mon parachute et il m’a conduit à travers champ, à découvert. Nous sommes finalement arrivés à la lisière du champ où se trouvait sa maison. Sa famille et lui étaient tout excités, et je pense qu’à ce momentlà, j’étais dans un état de choc total face à la rapidité avec laquelle ma situation avait évolué.
La famille qui vivait dans cette maison se composait du père, de la mère, de deux filles et d’un fils – ils avaient une autre fille qui travaillait à l’extérieur. Ils ont envoyé la plus vieille chercher un couple de voisins qui parlaient l’anglais. Lorsqu’ils sont arrivés, il s’est avéré que c’était un couple de personnes âgées qui avaient travaillé quelque temps en Ontario dans les plantations de tabac il y avait des années de cela, et leur anglais était très limité. Ils m’ont expliqué que l’homme chez qui j’étais s’appelait Emiel Duyck, qu’il servait dans l’armée belge lorsqu’il s’était constitué prisonnier, et que les Allemands avaient promis de renvoyer tous les soldats prisonniers chez eux. Ils y étaient restés une courte période, lorsque la Gestapo était arrivée dans le village et les avait tous enrôlés de force pour faire des travaux forcés sur les lignes de chemin de fer (celles que nous nous étions évertués à bombarder). Emiel avait été fort mal traité par les membres de l’équipe encadrant les travaux forcés et il était rapidement tombé malade; on l’avait donc une nouvelle fois renvoyé chez lui. Une fois guéri, les Allemands l’avaient de nouveau arraché à son foyer et renvoyé sur les lignes de chemin de fer, où il avait été contraint aux travaux forcés pendant plusieurs mois avant de pouvoir de nouveau rentrer chez lui. Il avait conservé une profonde rancune à l’égard des Allemands. Les voisins étaient terrifiés à l’idée que je reste à côté d’eux dans le village, et voulaient que je m’en aille sur le champ. Mais, Emiel ne voulait rien savoir, et il a insisté pour que je reste jusqu’à ce qu’il sache ce que les Allemands mijotaient. Nous étions déjà le matin, et c’était l’heure du déjeuner.
Le déjeuner comprenait des pommes de terre sautées et du bacon, avec du pain noir et du café. Les pommes de terre étaient périmées depuis belle lurette, le bacon était moisi et il y avait encore des poils dessus, le pain était noir et gluant et collait aux dents comme de la colle. Mon estomac n’était pas vraiment préparé à ce type de nourriture, mais au bout de quelques jours, je la trouvais aussi bonne qu’un festin de roi et j’attendais avec impatience d’être servi. Les enfants avaient tous souffert de ce manque d’alimentation équilibrée et étaient couverts de furoncles. Le garçon en avait un gros sur la langue et avait même failli mourir avant mon arrivée. Nous n’étions que le 9 mai, donc les cultures n’étaient pas encore levées dans les champs et les réserves de nourriture étaient pratiquement épuisées.
Les premiers jours, je suis resté caché dans le grenier de la maison. J’avais mon parachute avec moi, et je consacrais donc mes journées à le découdre complètement. Les panneaux de nylon ont d’abord servi à rembourrer des oreillers et plus tard, on s’en est servi pour confectionner les robes de mariées des filles. Emiel est retourné à la ferme où mon appareil s’était écrasé et, à son retour, il nous a dit que soit le pilote s’en était sorti, soit il n’en restait vraiment presque rien. Il a aussi appris que quatre aviateurs avaient été faits prisonniers et que l’un d’entre eux, Butch MacStocker (le navigateur) s’était cassé la cheville; les autres n’avaient rien. La Gestapo fouillait le village à la recherche des deux autres membres de l’équipage (Al Casey et moimême). Le lendemain, on a violemment frappé à la porte et il s’en est suivi une discussion très animée en bas. Toute la maison a été fouillée, mais pas le grenier – j’ai donc eu beaucoup de chance une fois de plus. S’ils m’avaient trouvé, la famille aurait très certainement été fusillée pour m’avoir hébergé. C’étaient des gens bien, et j’ai fini par les apprécier et les aimer profondément – ils étaient prêts à sacrifier leurs vies pour un ami. Après cet incident, j’ai essayé de convaincre Emiel que je devrais partir, mais il a insisté pour que je ne bouge pas de ma cachette.
Pendant plusieurs jours, tout est resté calme, et j’ai pu sortir la nuit pour tâter le terrain. Toutefois, les cultures ont bientôt levé et les Allemands ont mis en place des patrouilles de nuit pour empêcher les fermiers de vendre leurs produits locaux. Je restais alors confiné au grenier ou dans la cour et la remise située derrière la maison. Nous manquions affreusement de carburant, comme de tout le reste d’ailleurs, et Emiel sortait donc s’emparer de morceaux de la clôture du cimetière local, que je coupais dans la remise pendant la journée pour alimenter le poêle. Ils faisaient aussi sécher des feuilles de tabac dans la remise que je les aidais à hacher et à rouler en cigarettes pour les vendre au marché noir.
Un jour que je travaillais dans la remise, il y a eu un grand vacarme devant la maison. Alida, la femme d’Emiel, est arrivée en courant jusqu’à la remise en criant « police ». J’ai immédiatement couru me cacher dans le champ situé à l’arrière de la remise parce que je ne pouvais pas retourner dans le grenier, mais il n’y avait nulle part où se cacher. À l’extrémité de la remise, il y avait une petite pièce d’environ six pieds carrés où nous enfermions la chèvre – elle était attachée au mur en diagonale par rapport à la porte. Je me suis glissé dans un coin de la pièce, dans l’angle du mur de la porte. Tout ce temps, je pouvais entendre des échanges animés qui provenaient de la cour à travers la maison. D’un seul coup, la porte de la pièce s’est ouverte d’un coup sec et une botte noire a pénétré dans la pièce. La chèvre s’est énervée et s’est avancée vers la porte en tirant sur sa chaîne, et la botte a disparu – j’ai toujours eu un profond respect pour les chèvres depuis. La Gestapo est bientôt repartie et j’ai pu regagner le grenier. Cette nuitlà, j’ai annoncé à Emiel que je partais, mais il m’a dit qu’il avait entendu un message destiné au continent sur les ondes de la BBC annonçant que les Alliés s’apprêtaient à envahir la France et seraient bientôt en Belgique. C’est l’argument qui m’a le plus convaincu de rester jusqu’à ce qu’enfin, le 9 septembre, la division polonaise de l’Armée canadienne finisse par arriver.
Après avoir failli me faire attraper dans la remise de la chèvre, je devais trouver une cachette plus facile d’accès. Sous la remise, il y avait une fosse d’aisance qu’Emiel vidait une fois par semaine pour fertiliser le jardin. J’avais apparemment trouvé la solution, mais je n’ai eu besoin de m’y résoudre qu’une seule fois avant de quitter cet endroit. Un jour, il y avait eu du vacarme à la porte de la maison voisine – la Gestapo avait enfoncé la porte et emmené l’homme de force. Il n’est jamais revenu, tant que j’étais làbas.
Après que les Alliés ont débarqué en France, nous espérions un peu plus chaque jour que notre quartier serait libéré. Les troupes allemandes faisaient de rapides allées et venues en convois depuis des semaines. Une nuit, une série continue de jets de lumière à illuminé l’horizon en direction de l’ouest – nous avons pensé que les Alliés avançaient enfin. Au bout de plusieurs heures, nous nous sommes finalement rendu compte que nous regardions en fait des éclairs de foudre, qui n’avaient rien à voir avec des tirs d’artillerie.
Jusqu’à leur arrivée, personne n’a su où je me cachais. La Résistance n’avait pas réussi à me localiser et Emiel ne connaissait rien de son existence. Un jour, une jeune femme est venue à la maison, et après avoir longuement discuté avec elle, Emiel est venu me chercher. C’était une agente de liaison de la Résistance et elle parlait bien anglais. Le lendemain, elle est revenue et m’a emmené dans une grande maison. Là, je me suis retrouvé avec plusieurs aviateurs américains qui avaient été abattus dans la région et que la Résistance avait récupérés. Et quelle cachette! – de la bonne nourriture, un terrain de tennis, et tout le tralala. Le propriétaire de la maison possédait également une grosse usine de transformation de bois dur mitoyenne, où ils fabriquaient des manches de pelles, des essieux de charettes, etc. Je ne voulais pas rester dans la Résistance, donc je suis retourné auprès de mes amis. Une autre fois, ils m’ont emmené avec Emiel à un banquet dans un château. Évidemment, le propriétaire du château possédait les terres qui entouraient le village et probablement la quasitotalité du village également.
Le matin suivant, tout le village était en pleine effervescence. Les gens drapaient les immeubles de drapeaux et de banderoles. Bonne nouvelle, les Alliés n’étaient plus qu’à quelques milles seulement, et le village serait libéré d’ici la tombée de la nuit. En fin d’aprèsmidi, des chars allemands se sont alignés au sud du village et des convois de troupes allemandes ont investi les rues – ils avaient l’intention de résister depuis le village. Ça avait l’air plutôt mal engagé, mais au matin, les Allemands avaient battu en retraite et les Polonais fonçaient vers le village à leur poursuite.
Le lendemain, les unités de la 7th Armoured Cars de Winnipeg étaient stationnées à l’extérieur du village. C’était la première fois que nous avions l’occasion de pouvoir parler aux hommes d’une force militaire alliée. Nous avons appris que ces véhicules blindés avaient libéré un monastère juste au nord et qu’ils avaient libéré la vinerie également. En tout cas, il n’y en avait qu’un seul qui était en mesure de parler. Il nous a donné du savon et nous sommes rentrés à la maison. Le jour suivant, la Résistance est venue nous prendre, Emiel et moi, une fois de plus, pour nous emmener au bureau du bourgmestre. Il nous a emmenés sur un balcon et, devant nous, toute la place du village était remplie de monde. Ça me rappelait des photos du pape et des foules pressées devant le Vatican. Le maire nous a présentés tous les deux à la foule et, bien que les Américains aient été bien applaudis, lorsqu’il m’a présenté en tant qu’aviateur canadien, la foule a répondu par un véritable tonnerre d’applaudissements. Après cette présentation, j’ai été emmené à la prison locale. J’ignorais s’ils allaient me mettre au trou ou quoi; cela étant, ils avaient capturé deux soldats allemands la nuit précédente et ils voulaient que je vois leur prise. Les deux Allemands n’étaient que des enfants; ils avaient peutêtre 16 ou 17 ans (Jeunesse hitlérienne) et m’ont paru bien sales et affamés. Je ne savais pas parler allemand et ils ne connaissaient pas un traître mot d’anglais, donc nos échanges sont restés assez limités.
Le maire m’avait fait faire un passeport au cas où les Allemands reprendraient de nouveau le contrôle de la région avant que j’aie pu partir. Mon nom était Paul Scheppers; c’était le nom d’un citoyen local qu’ils savaient décédé.
Deux jours plus tard, on m’a emmené pour aller rejoindre l’Armée canadienne à Bruges, où il y avait des combats à un passage à gué de cours d’eau. Un colonel a essayé de me recruter dans l’Armée, mais, connaissant trop bien le sort qui risquait d’être réservé à un escadron dirigé par un lieutenant inexpérimenté, j’ai respectueusement décliné son offre. Je suis resté avec eux une journée, puis j’ai pris un véhicule pour retourner à un terrain d’aviation qui avait été sommairement aménagé derrière les lignes à Saint Omar. Le 12 septembre, j’ai été conduit à bord d’un Anson jusqu’à une base du sud de l’Angleterre. Le mois suivant a été consacré aux débreffages au Quartier général de l’Aviation royale du Canada à Londres, aux examens médicaux et à tenter de localiser mes affaires qui avaient été entreposées. J’ai rencontré Al Casey, qui avait aussi réussi à éviter d’être fait prisonnier; les quatre autres membres de notre équipage qui avaient été faits prisonniers ne reviendraient que dans un an. J’avais reçu beaucoup de courrier et j’ai appris que Kenny allait bien. Il avait été opéré, et à part quelques lésions aux nerfs, il allait bien.
Pour notre dernier vol, les 13 Lancasters du 408e Escadron ont été rejoints par 59 Halifax des escadrons 420, 425, 426, 431 et 432 dans le bombardement des lignes de chemin de fer à HaineSaintPierre. Selon les rapports, les voies ferrées et l’atelier d’entretien de locomotives ont été sévèrement endommagés par l’attaque en règle qu’ils ont subie. Six Halifax, le nôtre compris, et trois Lancasters ont été abattus au cours de cette mission.
Pendant ce temps en Europe, le 431e Escadron avait subi de lourdes pertes, surtout entre 1943 et 1944. Nous avions perdu 72 Halifax, 313 hommes étaient morts au combat, 54 hommes étaient portés disparus, 104 hommes avaient été faits prisonniers, et 18 hommes avaient réussi à s’échapper après avoir été abattus, et étaient rentrés chez eux sains et saufs. J’étais l’un d’entre eux.
Le 16 octobre 1944, j’ai été envoyé en congé de survivant pendant 30 jours, congé qui mettait fin à ma participation à la guerre. Nous avions largué 42 500 lb de bombes explosives, 19 500 lb de bombes incendiaires et 30 caisses d’obus à tracts sur l’ennemi. Ce n’était pas une trop grande contribution, après les heures d’entraînement.
À Southampton, nous avons embarqué sur l’Île de France – ce navire de transport des troupes avait fait la fierté et la joie de la France avant la guerre comme paquebot de luxe. À bord, il y avait environ 500 survivants d’équipages américains en congé, plusieurs centaines d’épouses de guerre anglaises avec des bébés, et plusieurs centaines de prisonniers de guerre allemands. La traversée s’est relativement bien passée; il nous a fallu six jours pour atteindre Halifax, où nous sommes montés à bord d’un train de transport de troupes qui nous a emmenés à Rockcliffe, près d’Ottawa.
À Rockcliffe, je suis sorti de la douche et j’ai couru voir un vieil ami, Len Rielly. Len avait suivi tout son entraînement avec moi et était vraiment heureux de me revoir, étant donné que j’avais été porté disparu et qu’il me croyait mort. Un grand nombre de membres de notre équipage initial avaient été tués au combat ou inscrits sur la liste des portés disparus. La réaction de Len a bien sûr été spontanée, et ça faisait chaud au coeur.
Enfin, toutes les formalités administratives ont été allégées et nous sommes rentrés dans nos foyers. Je n’avais jamais vu Kenny et j’avais bien évidemment hâte de rencontrer le petit bonhomme. Il s’était bien remis de son opération, même s’il ne contrôlait plus sa vessie, une séquelle qui est devenue plus apparente en grandissant. C’était un bébé magnifique. Helen et Kenny sont venus me retrouver à Sicamous et, pendant tout le mois qui a suivi, nous avons passé une excellente période de congé, entre Armstrong et Ashcroft, visitant la région et essayant de faire des projets pour notre avenir. Pendant que j’étais au Bomber Command en Angleterre, j’avais été impressionné par le réseau de téléimprimeurs qui était le principal moyen de communication entre les Quartiers généraux des groupes et chacun des escadrons. Tous les ordres étaient transmis simultanément aux escadrons grâce à ce réseau. J’ai pensé que ce serait certainement le domaine dans lequel il faudrait s’engager après la guerre, étant donné que les sociétés auraient besoin de communiquer entre elles de la même manière – entre les sièges sociaux et les bureaux auxiliaires, etc.
Mon congé a pris fin beaucoup trop vite lorsque j’ai reçu l’ordre de me présenter à Rockcliffe, pour me rendre au RoyaumeUni. La plupart des survivants étaient à la base lorsque je suis arrivé; tout le monde s’accordait pour dire que retourner en Angleterre, devoir reformer des équipages et se recycler était une perte de temps pour nous puisqu’apparemment la guerre serait finie avant que nous ayons le temps de retourner au combat. À ce momentlà, ça chauffait dans le théâtre du Pacifique, et la situation devenait difficile, et nous avons demandé au commandant de fixer notre itinéraire en direction de l’ExtrêmeOrient. Il nous a répondu que nous avions le choix entre aller en Angleterre avec le prochain détachement et être démobilisés. La plupart d’entre nous ont choisi la démobilisation. Ensuite, j’ai été affecté à Jericho Beach à Vancouver pour que ma demande de démobilisation soit traitée.
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