Mon arrivée en France
La force francophone
Transcription
MON ARRIVÉE EN FRANCE
...UNE SEMAINE APRÈS LE DÉBARQUEMENT
On est arrivé une s'maine après. On été su' l'dos dans l'débarquement, nous autres.
QU'AVEZ-VOUS VU ?
D'la boucane, pis du feu. C'était... Quand on est arrivés l'autr' bord, ça a débarqué, ça...
On était dans des barges... Quand ça fessait à terre, le fond d'ça,
la porte rouvrait... Ça d'eau, ben c'est pas là qu'tu vas...
Sur la plage, on a vu des p'tits chars qui aviont...
on app'lait ça un bren gun. On a vu ça qui était défait,
pis des chars d'assaut qui étaient défaits, pis on a commencé à
avancer de d'là. Quand on a été la deuxième journée, y avait encore des morts
lorsqu'on a setté nos canons... Ça avait pas été ramassé.
La mort, ça m'badrait pas, ça, avant, pis ça m'badrait pas plus là.
Non, c'était pas... J'tais pas un gars qui était aisé à déranger pour rien.
Le gars qui avait l'plus de misère, dans tout ça, c't'ait l'gars qui s'prenait
en pitié. Un gars qui faisait pitié parc'qu'y était là, lui, y faisait
vraiment pitié, c'tait vrai. Mais si t'étais là, là, pis qu'tu r'gardais pour
aujourd'hui, puis d'main, qu'y s'arrange, là, c'tait pas... Moi, j'étais [inaudible] :
aujourd'hui, c'tait aujourd'hui, demain, ça... si y vient, ça OK,
si y vient pas, ben y viendra pas... J'comptais pas su' d'main, hein, parc'que
ça t'faisait trop penser. J'te dis ça, en France,
y a d'quoi qui nous aviont arrivé, pis à tous les fois qu'j'pense à ça,
j'suis obligé d'rire... On a été sortis des lignes, pis on était
su'l'bord d'la route, assis. On avait eu un peu d'misére, personne parlait,
tout était tranquille, là. Les Français d'France, ça passait,
pis eux autres, des chaussures, c'tait des gros sabots d'bois, là...
Ça marchait : «Pop ! Poc !» On avait un gars qui v'nait d'la province de Québec... Bousquet...
Bousquet avait été aux études pour faire un prêtre,
pis y avait laissé, pis y avait été dans l'service et puis y disait qu'y
allait r'tourner après. J'sais pas si y a été...
Y les r'gardait passer, y a dit : « Ça parle au diable... . .
L'bon Dieu, y a marché nu-pieds trente-trois ans... Saint-Joseph,
un charpentier, trop lâche pour y faire des sabots ! » Ça, ça avait changé
l'moral, droit-là... Y a personne qui pouvait s'arrêter d'rire...
Une réponse de fou d'même... Ben, ça veut dire, là, que c’tait un p’tit brin
dans leurs lignes ça là, moi-même pour ces gars-là
fallait qu't'aies une réponse folle pour une
manière de ram'ner l'moral.
Description
M. Gaudet décrit son arrivée en France, une semaine après le débarquement en Normandie.
Emmanuel Gaudet
Né le 16 juin 1918, à Rogersville, au Nouveau-Brunswick, M. Gaudet a grandi dans une famille de douze enfants. Il s’enrôle dans l’armée en janvier 1942. Son instruction militaire a lieu au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Son frère ainé s’enrôle aussi et est affecté au même régiment. M. Gaudet devient canonnier. Il est envoyé en Angleterre, puis en Belgique, aux Pays?Bas et en France où il reste jusqu’à la fin de la guerre.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 2:59
- Personne interviewée :
- Emmanuel Gaudet
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Emplacement géographique :
- France
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- 4e Régiment d'artillerie moyenne
- Grade militaire :
- Soldat
- Occupation :
- Artilleur
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