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Mon entraînement à Goose Bay

La force francophone

Mon entraînement à Goose Bay

Transcription
MON ENTRAÎNEMENT À GOOSE BAY

À Goose Bay, qu'est-ce qui arrivait à Goose Bay,

on est arrivés là le 24 de juin. J'ai eu dix-huit ans le 27 de juin, à Goose Bay. Ça fait que on a passé l'hiver là, puis c'était vraiment dur.Y faisait assez froid qu'on pouvait pas arrêter les moteurs des carriers, pis des...les moteurs des véhicules qu'on avait.

Fallait qu'ça run jour et nuit parc'qu'on aurait jamais

pu les faire partir. Pis, coucher dans les tentes...On a creusé dans la terre, pis y avait un moulin... un p'tit village qui était pas loin de d'là, nommé Rigolet, pis on allait chercher d'la slab,pis on a boisé tout l'tour du

creusage qu'on avait fait, trois pieds et d'mi, quatre

pieds, pis on a boisé ça tout l'tour, pis on a monté

notre tente là-d'ssus. Pis c'est là-d'dans qu'on a passé

la moitié d'l'hiver, octobre, novembre, décembre... J'te dis qu'y faisait pas chaud. Mais on s'avait fabriqué comme des p'tites fournaises, qu'on sortait un p'tit tuyau qu'on avait cherché dans compagnie McNamara qui bâtissait le champ d'aviation, des canisses d'huile qu'y

avait là, pis on s'fabriquait ça, pis on s'chauffait un p'tit

peu dans la...pour se réchauffer durant l'hiver, un peu. Pis quand c'qu'on avait trop chaud, là-d'dans, faut coire qu'y saviont qu'on avait trop d'chaleur, y nous ont emportés à coucher dans l'bois. On s'faisait des lits avec des branches de sapin, avec une couverte, pis deux,

trois couvertes pour coucher. On couchait tout

habillés, à Goose Bay, Labrador, on s'déshabillait pas. Pis, malgré tout' ça, fallait suivre les règlements d'l'armée, fallait s'raser à tout' les matins...

fallait s'raser à tout' les matins, pis se laver

avec le p'tit peu d'eau qu'on avait,on s'passait l'rasoir sec... Quand j'ai rentré dans l'armée, moi, j'me rasais pas, chez nous. Y m'ont donné un rasoir, pis un blaireau pour m'faire la barbe [rires]. Pis fallait faire ça pareil. Ça fait que, à Labrador, c'tait la même chose. Le Rufin

Gionet m'a d'mandé : « T'en rappelles-tu si on s'brossait les

dents, à Labrador ? » J'ai dit : « Non... On avait pas d'eau pour s'brosser les dents... » Le plus dur qu'on a trouvé, c'était quand on a passé Noël, à Goose-Bay, Labrador.

On attendait pour un bateau qui nous emporterait quelque

chose pour Noël .Des friandises, des oranges, des pommes, pis d'la bière. Pis avant que l'bateau arrive à Goose-Bay, Labrador, les Allemands étaient encore alentours.

Y ont coulé notre fameux bateau. Ça fait qu'on avait rien

pour Noël, à part du mouton. Notr' dîner pour Noël, c'était du mouton. Moi, j'aimais pas ça. On

l'mangeait pareil...Pis y nous avaient fait du

Jell-O pour le dessert. C'tait pas si pire [rires]... Ça fait que Goose Bay a été vraiment dur. L'été, c'était les maringouins, les mouches noires, pis l'hiver

c'était l'froid. J'crois qu'on a v'nus assez endurcis dans

l'froid, là, que ça nous faisait pas grande différence, le froid ou... Le seule chose, c'était quand on était en devoir, la nuit. On avait pas d'électricité, pas d'affaires comme ça. Ça fait que,

quand on avait la chance, on allait su' des territoires

américains, pis là, y sont tout' bâtis eux-autres. Ça fait qu'on

pouvait avoir... on pouvait avoir... Y avaient une cantine...eux

autres avaient une cantine, y buvont d'la bière, puis tout' ça, là. Fallait avoir des permis pour aller. Pis les bateaux qui arrivaient là, déchargés, c'était tout'...le gaz rentrait là, tout' partait, les... des tonneaux de quarante-cinq gallons.Pis, ça n'en prenait du gaz pour la compagnie, pis pour l'armée. Des pleins bateaux...

Pis c'est nous autres qui déchargeaient tout' ça, qui allaient

dans la cale des bateaux pour aller chercher des tonneaux, pour décharger ça. Pis, on était pas payés pour ça. CONTENT DE PARTIR MAIS LE FRONT NOUS ATTENDAIT On était vraiment contents d'sortir de d'là. On savait pas

qu'est-ce qui allait nous arriver après ça, on savait pas

qu'on s'en r'tournait à Sussex pour prendre le bateau de nouveau pour aller en Écosse, pour l'Angleterre

qui était bombardée.

Description

Pendant la guerre, Rudolphe Blanchard passe plusieurs mois à Goose Bay (Terre-Neuve). Il participe à un entraînement rigoureux dans le but de se préparer à d’éventuelles missions dans les Alpes françaises.

Rudolphe Blanchard

Rudolphe Blanchard naît le 27 juin 1923 à Grande-Anse (Nouveau-Brunswick). C’est lorsqu’il voit son frère Léandre quitter le domicile familial pour s’enrôler qu’il décide de faire de même. Il fait son entraînement de base à Edmundston avec le régiment North Shore. Il suit ensuite un cours spécialisé comme chauffeur mécanique. Il joindra par la suite les New Brunswick Rangers, un régiment de blindés posté en Europe. Il revient au pays, à Goose Bay, au Labrador, pour effectuer un entraînement dans le froid dans le but de se préparer à d’éventuelles missions dans les Alpes françaises. M. Blanchard participe par la suite à de nombreuses missions, notamment en Normandie. Après la guerre, il revient au Nouveau-Brunswick et occupe divers emplois, dont cordonnier et chauffeur pour la société Irving. Il termine sa vie professionnelle comme employé d’un salon funéraire. Encore aujourd’hui, M. Blanchard participe toujours très activement aux activités de sa filiale locale de la Légion royale canadienne.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
5:13
Personne interviewée :
Rudolphe Blanchard
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Canada
Branche :
Armée
Unité ou navire :
New Brunswick Rangers
Grade militaire :
Soldat
Occupation :
Conducteur

Droit d’auteur ou de reproduction

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