SOUVENIRS EN VRAC
Alors un moment extraordinaire est arrivé quand j'étais au devoir un après-midi.
C’était… À ce moment-là, c'était le plus grand navire militaire,
le plus grand navire qui avait jamais rentré dans le port.
Alors… Puis je ne sais pas comment ça s'est répandu, mais tous les
toits étaient couverts dans... Ils m'ont dit par la suite. Moi mon devoir,
c'était regarder le signaleur sur le bateau, je ne regardais
pas ailleurs. Puis quand il envoyait les bras comme ça, ça veut dire
qu'il voulait envoyer un signal, puis alors moi, je faisais pareil, j'étais prête.
Puis l'après-midi, c'était surtout au sémaphore, par les drapeaux
sémaphores. Alors ils m'ont dit par la suite que les gens, c'était comme
de regarder une partie de ping-pong ; ils regardaient le signaleur visuel
sur le navire et ils regardaient la WREN (WRCNS) signaleur,
moi dans l’occurrence, puis que c'était tellement rapide. Puis je lui ai donné
les signaux où il allait accoster. C'est ça qu'il voulait savoir.
Alors je ne peux pas vous dire comment j'étais fière de ça, je ne l'oublierai jamais,
c'était comme ci c'était hier. Je vois encore ce navire-là rentrer.
LES RISQUES DU MÉTIER
La vie n'était pas toujours rose à Halifax. Un soir, il y avait des vents tellement
forts, c'était des vents comme un ouragan. Et aussi, il y avait de la pluie verglaçante.
Alors… Puis le vent était tellement fort que ça avait brisé les cordes qui tenaient les bateaux,
les navires. Puis elles se sont cassées puis il y avait plusieurs collisions dans le port.
Puis quoi faire dans des circonstances… Nos vitrines de notre tour étaient toutes glacées.
Alors il y avait juste une chose à faire : il fallait qu'une de nous deux
on était toujours deux – qu'elle monte sur le toit. Alors on avait déjà nos pantalons
à pattes d'éléphant – j'ai toujours trouvé cette expression drôle en français
alors j'avais ça puis j'ai mis un manteau très
chaud puis des gants, des mitaines.
Puis je monte pris j'ai pris le trouble de m'attacher à la balustrade
où j'aurais pu être envoyée en bas. Puis je regardais en bas
puis les gens partaient vite. Ils étaient doublés en deux, qu'ils voulaient
rentrer chez eux. Alors… Puis la glace a pris sur mes cils.
Puis comment lire les flashs, là, rapides avec les cils couverts de glace?
Puis je passais mon temps à enlever ça. Mais j'ai finalement réussi.
Puis je… On peut pas… C'est pour ça qu'il faut toujours avoir deux : une qui prend
les messages puis, puis l'autre qui les écrit. On ne peut pas écrire
puis envoyer des messages. Alors il y avait un genre de haut-parleur où je
criais fort pour que l'autre à l'intérieur de la tour écrive
le message, mais le vent, le vent prenait ma voix au fur
et à mesure qu'elle criait : Répétez! C'était un très dur
soir ce soir-là que j'oublierai jamais.
UN TEMPS POUR LA SÉDUCTION
Il y avait un gros problème : il y avait 12 000 hommes et c'était
le point d'embarcation pour les îles aléoutiennes. Puis il y avait juste
300 filles ou femmes de l'âge pour la vie sociale. Alors ceux qui
étaient en charge pour les militaires, pour rendre leur vie un peu
intéressante hors de leur devoir, ils nous imploraient d'aller dans les danses.
Puis on n'allait pas tout le temps parce qu'on avait d'autre chose
surtout ceux qui travaillaient la nuit, puis de 4h00 à minuit, comme nous
autres. Alors, mais on y allait puis il y avait des cinq ou six rangées
d'hommes qui nous regardaient danser avec envie. Puis un jeune matelot
m'a dit que j'étais la seule femme avec qui il a eu la
chance de parler depuis un an. Je n'en revenais pas.