La capture partie 1

La force francophone

La capture partie 1

Transcription

La capture partie 1 C’était à Caen, c’est la bataille de Caen. C’est là qu’on s’était fait prendre prisonniers. Il avait fait un gros mauvais temps, dans la nuit, une grosse, grosse pluie, c’était pour deux, trois jours de temps. On était obligés de faire des tranchées, de creuser des trous dans la terre pour s’cacher. On a restés là deux jours de temps. On entendait rien, rien pantoute, ça tirait pas ni d’un bord, ni de l’autre. Là, on se demandait qu’est-ce qui s’passait. C’te jour-là, moi là, j’étais le commandant de section à part de çà, j’étais le premier en avant. Bon, j’ai dit : « faut faire quelque chose, faut voir si y’a quelqu’un en avant, si il y a quelqu’un en quelque part ». Je m’ai traîné en arrière, en arrière, le major était en arrière, le commandant. Je m’ai traîné jusqu’à lui, puis je lui ai dit… on avait plus de munitions là, on avait manqué de munitions. Nos fusils étions bloqués, tout était rouillé. On avait été deux, trois jours dans la pluie. Bon, j’ai trouvé le major, pis je lui ai parlé. J’ai dit : « quoi ce que vous pensez qu’on va faire? ». Ben, il a dit : « comme c’est là, j’ai pas d’ordres à vous donner. Faisez quoi ce vous pourrez ». (rire) Moi, m’en allant trouver mes gars, j’avais jamais pensé à ça, devenir prisonniers. Ben j’ai dit : « la seule chose, là on est pris, la seule chose, les Allemands s’en venaient, tu voyais les têtes en été dans les champs de blé puis ils tiraient de temps en temps pour voir si il y avait du monde. J’ai dit je voyais les têtes de blé, là, coupant, ils s’en venaient. Puis on n’a pas de munitions, là, on a rien. On peut pas faire d’attaque. Bon, j’ai dit ok. On fera quoi ce tu feras. Ben j’ai dit on va se donner. On va se donner prisonniers j’ai dit. Greillez-vous, prêts. Les mains prêts. On va se donner, on va se donner. On va se lever les mains en l’air. C’est la seule chose, c’est prendre notre chance. Mourir dans un combat ou mourir debout. Ça fait qu’ils ont dit ok. C’est fini. Fait que quand j’ai donné l’ordre, c’est se lever, on s’étaient tous levés. Pis ils nous ont emmené en arrière, dans des baraques, des vieilles bâtisses qui avions là. Ils nous ont essayé de nous faire parler, là, ils m’avons pogné le premier, tsé, moi j’étais commandant. On n’a arraché, (inaudible). Pis moi j’étais là. L’Allemand disait : « il parlions ben français, il parlait comme moi pis toi. Il y avait les officiers de l’intelligence qu’ils appellent, là. Ben là il dit « on va faire ça à deux ». De temps en temps, il mettait la main sur le fusil. « À quelle place vous avez débarqué en France? Qu’est-ce c’est que vous avez battu, à quelle place? » Moi je disais mon nom, puis mon numéro. C’est tout ce que je disais. G23633. Pis là ça les enrageait, hein? On avait été appris pour ça. Là, ben il disait, « on va prendre le fusil ». Il sortait le fusil de temps en temps. Là il me montrait une autre question. G23633. Il m’a dit après, l’Allemand, là, il a dit « si t’aurais parlé, là, tu serais plus ici aujourd’hui. Il a dit, en voulant dire que tu carais pas pour ton pays, tu vendais ton pays, tsé veux dire, tu… Il me l’a dit après, je lui parlais, je pouvais lui parler, un officier. C’était un gars comme moi pis toi. Ça c’était ben, ça c’était ben fait.

Description

M. Vienneau raconte comment il a été fait prisonnier lors de la bataille de Caen.

Léo Vienneau

Léo Vienneau est né à Caraquet le 17 juillet 1921. Étant sans emploi et ayant un frère engagé dans l’armée, il décida de s’enrôler lui aussi. Il fit sa formation militaire à Valcartier, North Bay et Petawawa. Puis, il s’en alla en Angleterre pour rejoindre les Fusiliers Mont-Royal. Lors de la bataille de Caen (France), il fût capturé par les Allemands. Il a passé neuf mois dans des camps de prisonniers avant d’être rapatrié.

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