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Mort du colonel Hennessy et du capitaine Davis

Des héros se racontent

Mort du colonel Hennessy et du capitaine Davis

Transcription
On se faisait bombarder jour, le jour comme la nuit par l'artillerie, de Kowloon qui pouvait bombarder notre place. Puis ils savaient qu'y'avait de l'artillerie, ils savaient que notre artillerie les bombardait. Ils savaient d'où ça venait. Donc ils s'étaient fait, non seulement ils s'étaient fait voir par leurs avions qui pouvaient voler au-dessus de Hong Kong à volonté. On avait aucun avion pour nous défendre, on n'avait pas de bateau de guerre, y'avait rien de ça. Mais ils ont labouré notre place ! Là fallait se cacher là. On se serait fait tuer tout de suite. Parce que là ils labouraient, comme notre route était plus passable. Ils essayaient donc de l'avoir, puis ils voulaient avoir l'antenne en plus sur le sommet de la montagne. C'était l'antenne des radios qu'y'essayaient de, y'avait trois, quatre tours, mais y'ont jamais été capable de le frapper ce sommet là. Ils se sont essayer longtemps. Vers le 22 décembre, là y'a eu un gros bombardement de notre place. Nous autres on s'est en allé dans la cave, mais les officiers ont pas voulu venir. Là les Japonais y'ont frappé à peu près, je dirais, trois, quatre cents verges de chez nous, une bâtisse, un entrepôt qui avait toute la munition dedans, les balles, les obus, toute ça. Là y'ont frappé ça. Là ç'a commencé à péter d'un bord et de l'autre ça comme une vraie mitrailleuse. Patak ! Patow ! Petik ! Petaf ! Pareille comme une mitrailleuse. Les balles revolaient tout partout. Le colonel Hennessy lui s'est en, ils bombardaient comme, il dit : « En haut, je veux voir si c'est des mitrailleuses ça, si les Japonais sont alentour de nous autres. » Y'a monté sur la couverture, y'a pris ses longues-vues, y'a regardé tout partout. Lui, il s'est fait certainement spotter d'en bas par les Japonais. Ils l'ont vu tout de suite sur la bâtisse en haut. Trois minutes après y'ont bombardé notre maison. Là Clark, il dit : « Faut j'aille faire un tour. M'a aller faire un tour en haut voir qu'est-ce qu'ils font. Y'ont pas descendu pendant le bombardement. » Y'a été voir. Y'est venu en bas, y'est venu toute chercher les gars. « Venez icitte ! Le capitaine, le colonel Hennessy a été blessé ! » On arrive là, le colonel Hennessy y'avait la jambe, une jambe complètement coupée, l'autre à pendait seulement par de la chair. Puis là on savait pas quoi faire, on savait pas quoi faire. Le capitaine Davis, on l'a cherché, y'était enterré par du mortier, du plâtre, y'était tout gris. Son revolver avait plié en deux. Ses souliers avaient revolé dans les airs tout partout. Y'est mort par la, par le déplacement d'air que les obus ont fait. Là on a pris. On a trouvé une vieille porte qui avait été arrachée par le bombardement, on a mis le colonel Hennessy dessus puis on l'a emmené en bas. Puis tout le temps, pauvre colonel Hennessy, qu'y'était couché sur c'te porte-là, il disait en anglais : « Lift my legs. Lift my legs. » C'était sa voix ça, c'était pas plus fort que ça. Clark, qui avait de l'expérience, y'avait quarante ans dans ce temps-là, il dit : « Mettez-y, on peut avec des chemises, on fait des tourniquets alentour de ses jambes. » L'autre jambe était en haut encore, l'autre y pendait. Y'en a un qui a été chercher un docteur qui était à peu près ça, deux, trois cents verges. La route avait été bombardée. Il pouvait pas passer. Fallait qu'il marche tout partout sur le terrain. La route était toute labourée d'obus. Puis eux autres, y'a arrivé lui, c'était un docteur portugais. Y'avait oublié d'apporter sa morphine dans son excitation. Pas de morphine. La première chose qu'il nous dit, il nous dit à nous autres : « Enlevez-y ça ces tourniquets-là ! » Pour que là le sang s'est mis à couler encore. Puis là on l'a placé sur la civière le mieux qu'on a pu. Puis là, le pauvre, le colonel Hennessy a saigné à mort en s'en allant. Y'est mort en s'en allant. Y'est même pas, y'est arrivé à l'hôpital y'était mort. On l'a enterré le même soir. Ça c'est pas nous autres qui a creusé le trou. Juste en face de Mount Austin Barracks. Mais c'est nous autres qui l'a enterré. On était seulement onze. On l'a mis dans une couverte. On le tenait à chaque bout avec une couverte, mais on faisait comme un… On l'a emmené là-bas puis l'officier anglais y'a récité une prière. C'est nous autres qui a mis la terre par-dessus. La fosse était pas creuse, à peu près peut-être vingt pouces de creux, vingt-quatre pouces dans le plus. Ça nous a fait peur. C'était une expérience épouvantable pour un jeune homme dans ce temps-là. Ça, ça faisait mal au cœur.
Description

Affecté au poste d’observation no 8, M. Brunet nous raconte son séjour de quelques semaines sur le mont Victoria.

Lucien Brunet

M. Brunet et son frère veulent être pilote mais leur niveau d’éducation ne leur permet pas et l’Aviation royale canadienne (ARC) refuse leur candidature. Puis en 1940, il est appelé par les forces dans le cadre de la Loi sur la mobilisation des ressources nationale. Il est brièvement formé à Huntingdon. Il est ensuite invité à s’enrôler dans l’armée régulière, mais il refuse. De retour à la maison, il reçoit une lettre lui apprenant qu’il a été versé dans un régiment en tant que réserviste. Il participe alors à des sessions de formation deux à trois fois semaine. Ayant postulé à toute sorte d’endroit pour se trouver un emploi, un jour il reçoit une lettre du gouvernement canadien lui disant qu’il avait obtenu une place au sein du Service postal de l’armée canadienne. Il joint les forces le premier août 1941 et s’occupe du courrier destiné aux hommes du front européen. Après environ un mois à Ottawa, le gouvernement commence à former la Force C (destinée à prêter main fort aux Britanniques à Hong Kong) et il est choisi en tant que postier du quartier général (QG) de la brigade de la Force C. Il quitte Ottawa en octobre vers Vancouver. De là il s’embarque sur le Awatea (navire néo-zélandais) vers Hong Kong. Il arrive au camp de Sham Shui Po en novembre, mais la guerre dans le pacifique est déclarée le 8 décembre. Du jour au lendemain, sans véritable formation militaire, il devient fantassin et sert comme garde et messager sur le mont Victoria. En décembre, après l’invasion de l’île par les Japonais, un bombardement tue ses officiers et il est appelé au QG où il sert comme garde jusqu’à la reddition des troupes alliées de Hong Kong. Le lendemain il est fait prisonnier. Il demeure prisonnier de guerre un an à Hong Kong puis trois ans au Japon, jusqu’à la fin de la guerre en août 1945. Il quitte les forces en 1946.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
3:53
Personne interviewée :
Lucien Brunet
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Campagne :
Hong Kong
Branche :
Armée
Occupation :
Infanterie

Droit d’auteur ou de reproduction

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