Perdre des camarades
Des héros se racontent
Intervieweur : Le premier soir, est-ce tous les hommes
de votre compagnie, est-ce que vous
vous êtes rassemblés tout le monde ensemble?
On en avait perdus nous autres,
au moins une soixantaine, le régiment North Shore.
Mais on ne savait pas.
Quand on partait le soir.
Ils nous avaient défendus de penser à hier ou demain.
Juste à la journée même, penser à la journée même.
Puis quand on s'en allait sur une bataille,
si il en manquait 5 ou 10, on posait pas de questions,
on savait pas ce qui était arrivé.
Intervieweur : Ils pouvaient être blessés...
Étaient-ils prisonniers, étaient-ils morts?
On l'a su plutôt après la guerre.
Tu sais on les voyait pas.
Après la guerre on a su.
Parce qu'il y en avait, mon cousin s'est fait tuer,
je l'ai su après la guerre.
Quatre de mes copains.
Après la guerre, j'ai su la manière,
il y en avait un qui avait eu les deux jambes,
sa mère était enceinte, il avait eu les deux jambes arrachées.
Lui est mort.
Ils l'ont transporté en Angleterre mais les avions étaient pas vite,
les avions médical, il est mort.
Il y en a deux qui se sont fait tuer par balles,
puis c'était des jeunes qui étaient fiancés.
Puis il y en a un, la Croix-Rouge avait trouvé sa médaille,
mais ils n'ont pas trouvé le corps.
Et puis ils nous ont demandé, on le connaissait, moi je le connaissais,
il était avec moi, puis lui on a trouvé son chapeau de fer
avec la tête, le reste était parti.
On a jamais pu trouver le corps.
Ça c'était, lui s'apprêtait à garocher une grenade.
Les Allemands étaient proches, il a eu une balle dans le ventre
et il est tombé sur la grenade.
Quand il a ôté la pin, de la grenade, il y avait un petit tuyau de poudre,
ça prenait en feu, 10 secondes et puis là
il est tombé dessus et puis là on a perdu le corps.
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