Vous avez parlé d’urgences, est-ce que
vous avez vécu des urgences à bord du sous-marin?
Oui.
J’étais sur le sous-marin Chicoutimi qui a explosé en 2004.
Je faisais partie de l’équipage,
on a ramené le sous-marin de l’Angleterre,
on le ramenait au Canada.
La deuxième journée, on a eu une explosion et un feu à bord.
Je faisais partie de ça.
Est-ce que vous vous rappelez un peu de cette journée-là,
est-ce que vous voulez nous en parler?
Je me rappelle de tout ce qui s’est passé cette journée-là.
La deuxième journée, on avait des problèmes électriques,
il faisait une tempête.
La deuxième journée, c’est arrivé après diner.
J’étais assis dans le mess après diner, tout à coup,
j’avais entendu un drôle de bruit
et j’avais demandé au gars à côté de moi c’est quoi ça?
On a arrêté et c’est là que les alarmes ont déclenché.
On a vu un gars courir passé la porte
et il y avait des flammèches la grosseur
d’une balle de golf en arrière de lui.
L’alarme a parti et c’est là que le chaos est arrivé.
Le gars en avant de moi m’a donné son masque à oxygène.
J’avais de la misère, je « shakais » tellement,
j’avais de la misère à « plugger » ma ligne d’oxygène.
J’ai pris un grand souffle avant que la fumée rentre,
j’ai « pluggé » ma ligne, je me suis assis
et j’ai dit bon, je vais mourir comme ça.
Ça a duré 3-4 secondes et après ça, l’instinct de survie
et tout ce qu’on avait appris a été mis en œuvre, ça été automatique.
On a éteint le feu, et les cuisiniers on s’est occupés des blessés.
C’était notre deuxième travail, on a de la formation
en premiers soins avancés.
On s’est occupés des blessés.
On a perdu un membre de l’équipage
et on a eu à peu près 19 ou 20 blessés.
Ça s’est passé pendant combien de temps?
Ça a duré une semaine.
On a été naufragés sur le sous-marin pendant 5 jours.
On était à 150 miles des côtes d’Irlande,
ils ont réussi à nous remorquer, nous ramener en Écosse.
Le sous-marin était à quelle profondeur quand c’est arrivé?
On était en surface, on était dans une tempête,
on ne pouvait pas plonger, justement, les conditions
étaient trop mauvaises et on avait un problème électrique,
il fallait trouver le problème, ce qui se passait.
Quand ils cherchaient, c’est là que ça a sauté.
Est-ce que quand l’alarme sonne,
vous mettez votre masque à oxygène,
est-ce qu’on a le temps de réfléchir, ou c’est réaction?
C’est réaction, c’est pour ça qu’on s’entraine tellement fort,
c’est pour pas avoir le temps de réfléchir.
Ça a arrivé dans une fraction de seconde puis t’a pas le temps.
C’est une réaction, c’est l’instinct de survie qui embarque.
Dans mon cas, il faut que je respire.
Il fallait que je mette mon masque à oxygène.
J’ai été chanceux, j’ai pas respiré de fumée,
j’ai réussi à mettre mon masque à oxygène
juste avant que la fumée entre, et c’est arrivé dans les secondes.