Mais au moment de l’incendie, si vous êtes pas capables
d’arrêter le feu, on est entouré d’eau,
mais un sous-marin avec un feu,
on a pas beaucoup de temps pour réagir?
On a pas beaucoup de temps pour réagir et justement,
c’est pour ça qu’on est tellement bien entrainés,
on a réussi à éteindre le feu.
Donc c’est un acte héroïque que vous avez fait
avec vos collègues, de contrôler la situation?
Héroïque, je ne sais pas si c’est le bon mot à dire.
Moi, j’étais entrainé, j’ai suivi mon entrainement
pour sauver ma vie et sauver la vie de mes collègues
et c’est ça qu’on a fait.
Je ne me considère pas un héros, j’ai fait mon travail.
Donc une fois qu’on revient à terre,
que ça fait quelques jours, est-ce qu’on a toujours le
goût d’être un marin, on a le goût de rester dans la marine?
Oui, dans mon cas à moi, je ne voulais pas partir,
j’étais plus vigilent, par contre, pour les masques à oxygène.
À chaque fois que j’embarquais sur le sous-marin par après,
je regardais tout le temps où étaient les masques à oxygène
et les prises d’oxygène pour les systèmes d’urgence.
J’étais plus vigilent.
Je voulais retourner, c’était ma vie, j’en mangeais de ça.
Donc ça s’est passé en 2004, vous avez fait quoi ensuite,
est-ce que vous êtes resté sur des sous-marins pour quelques années?
J’ai resté sur les sous-marins jusqu’en 2006.
Ce qui est arrivé, j’ai eu un choc nerveux.
Après qu’on est arrivés au Canada,
je commençais à avoir des petits problèmes de santé
et j’ai fait une crise épileptique en 2006,
j’ai fait trois crises et ma deuxième crise, je me suis fracturé le dos.
Ça a mis la fin de ma vie sur les sous-marins,
et la fin de ma carrière militaire.
Ça a pris une couple d’années avant que je sorte.
Je suis sorti en 2010, excuse, en 2011.
Qu’est-ce que vous faites par la suite,
comment on se réadapte à la vie dans le civil?
J’ai trouvé ça très difficile.
Je suis allé travailler pour la fonction publique du Canada,
j’ai déménagé à Sherbrooke,
je suis parti d’Halifax, je suis déménagé à Sherbrooke.
J’ai travaillé pendant une couple d’années avec la fonction publique
dans l’administration, avant que je tombe malade.
La transition de militaire à civil, ça été difficile.
Ce que je dis au monde, quand tu vis ta vie à 100 miles à l’heure
et d’une journée à l’autre, ça arrête,
tu tombes à 0, c’est très dur à accepter.