Interviewer : À la fin des années trente, on annonce que les
choses vont mal en Europe. Est-ce-que cette nouvelle vous a
frappé? Oui, ca m’a vraiment frappé. J’étais sur une ferme et
puis j’ai laissé la ferme pour m’en venir à Moncton pour joindre
les forces armées. Et puis j’étais trop jeune, j’avais
seulement 16 ans et ils n’ont pas voulu me prendre. Ça fait que
j’ai resté à Moncton, j’ai travaillé dans les alentours de
Moncton, et puis quand j’ai arrivé à l’âge de 18 ans, j’ai joint
les forces armées. J’avais jamais eu un fusil dans mes mains.
Et puis, quand j’ai joint, ils m’on envoyé à Saint-Jean sur une
île. J’avais pas fait d’entraînement, puis c’était des gros
canons, des canons de six pouces. La balle pesait cent livres
et puis là il y avait une grosse cartouche après ça. Et puis,
ils m’ont donné un fusil puis de la munition et puis... j’ai
été alors un an sur l’île, puis ils m’ont envoyé à Fredericton
pour faire de l’entraînement là, basic, et puis c’est tout,
c’était long un an, c’est l’Île de Partridge. J’ai joint, j’ai
été volontaire pour les parachutistes, puis j’ai été faire mon
entraînement à Shilo, Manitoba. Et puis, on a pris nos... il
fallait faire six sauts sans fautes là pour avoir nos, nos wings
qu’ils appellent. Et puis, ça a seulement duré à peu près six
semaines, je pense, puis on était paré pour... Puis aussitôt
que l’entraînement était fini, on a embarqué sur un train puis
on s’est en venu à Halifax. Puis on a pris un bateaux puis on
s’est rendu en Angleterre. Moi, j’ai seulement été dans un
camp. En Angleterre, c’était un camp à Bulford à Salisbury
Plains. Et puis, c’est... quand on est arrivé là, ils nous ont
envoyés en Angleterre à un autre camp, seulement pour prendre
notre cours de parachutiste une autre fois, parce que
l’équipement qu’on avait au Canada c’était américain. Et puis,
nous autres, on était venu dans la division anglaise. C’est
pour ça qu’il n’y a pas grand, pas beaucoup de monde au Canada
qui connaissent les parachutistes, parce qu’on était dans la
division anglaise, la 6e division Airborne de l’Angleterre.
Fallait aller à un autre camp pour apprendre à sauter avec
l’équipement de l’Angleterre, qui était tout a fait différent.
Même les avions; nous autres, au Canada, on avait des avions
américains, en Angleterre on avait des avions anglais, et puis,
il y avait... au Canada, y’avait une porte, on sortait de la
porte. En Angleterre, y’avait un trou dans le fond de l’avion
et puis on sautait à travers du trou. C’était pas pareil,
c’était tout différent. Et puis là, même, quand on prenait
notre entraînement, et qu’il y a un cours d’avion, ils nous ont
mis dans un ballon avec un panier en dessous, puis seulement
quatre gars, puis c’était tenu par un Jeep à terre. On n’était
pas bien haut, on était à 700 pieds, je pense. On sautait dans
le trou pour l’entraînement pour sauter. L’entraînement était
sévère, la discipline était dure, mais tout le monde aimait ça,
puis ils attendaient pour la journée qu'on pourrait
sauter en France.