Ils nous donnaient une piqûre dans chaque épaule. Il y avait un
docteur chaque bord là, qui nous piquait. J’sais pas si c’était
un docteur ou pas, je le connaissais pas anyway. Fait que, en
tous les cas, ils nous ont donné une piqûre chaque bord. Puis
là, ça nous a donné comme un booster. Ça fait que là, personne
refusait pas d’aller par-dessus; tu descendais comme des singes.
Fait que t’embarques dans les barques, puis envoye pour la
plage. Quand qu’on a arrivé pas mal proche, pis il y avait le
matelot qui nous a emporté là qui calculait que c’était pas trop
creux là, pis il ouvrait le devant. Pis là, il y avait une
corde, un prenait la corde puis s’en allait pour la plage. Puis
l’autre qui était pas capable de nager, bien il pognait la
corde, puis il halait jusqu’à temps que les pieds lui touchent à
terre. Puis là, s’en allait sur la plage.
Bien... un coup arrivé sur la plage là... là t’étais à quatre
pattes, à plein ventre pour te cacher. Les balles ça visaient
partout là. L’église qui était là, là, il y avait des Allemands
dedans qui tiraient sur nous autres pour nous empêchaient de...
venir à terre. Puis là les bateaux qu’y’a en arrière de nous
autres, ont tiré feu sur l’église. Puis là, la mitrailleuse a
arrêté, ça fait que nous autres on a pris les champs vers
Carpiquet airport.
Ça a pas été long, cinq heures on était rendu... faire un trou
pour se cacher. C’était dans... un champ, chez un fermier, puis
c’était dans un champ de pommiers. Il y avait des vaches
là-dedans. Puis nous autres, fallait creuser chacun notre trou,
là on était deux par trou. Fait que, on creusait chacun notre
trou pis il y avait deux, trois... deux de mes camarades qui
creusaient un trou pas loin d’un arbre là. Puis comme qu’ils
creusaient, il y a un obus qui est arrivé et puis qui a fessé
au-dessus de l’arbre, puis il a fessé McIver sur la tête, un
obus, puis lui a fendu la tête. Puis l’obus a sorti ici là.
Puis l’autre qui était avec lui... Bélanger, lui... quand on a
été pour le ramasser là, c’était pareil comme ramasser un
morceau de Jell-O, un tas de Jell-O là, tu sais. Il avait tous
les os de cassés dans le corps. Puis mon sergent (inaudible)
lui, il s’est fait fesser dans l’aine avec un obus. Puis il
avait des couteaux dans le... des fourchettes et puis des
couteaux qu’ils chargeaient dans leurs culottes pour manger. Ça
l’a fessé là-dessus puis ça a rentré dans l’aine. Puis quand il
a arraché le... les machines pour mettre le pansement, pfft,
pfft, deux coups de sang puis il était mort. Il était blême
comme un drap. Ça fait trois qui s’est fait tué juste de même
là, à part des vaches virées sur le dos là. En tous les cas,
ça, ça boltait. So ça, ça duré pour une demi-heure. Là ça a
arrêté à cause qu’on avait eu de l’aide des bateaux qui étaient
au... en dehors là. Ils appelaient puis ils disaient où tirer,
pis ça a arrêté le... ils nous donnaient un coup de main. Ça
fait que vers sept heures du soir, on s’est organisé deux,
trois, trois compagnies pour aller voir où est-ce que les
Allemands étaient. Comme qu’on arrive sur le top pour descendre
là, ça commence à tirer ça, les mitrailleuses, ça coupaient
l’herbe tout le tour de nos pieds. On n’a pas arrêté nous
autres, tu continues à marcher. Quand ils ont vu qu’on
n’arrêtait pas là, ils ont commencé à descendre les obus. Là ça
a arrêté. Fallait se mettre à quatre pattes, autrement que ça
les obus, hein, tu t’aurais fait... Moi je me suis fait fesser
deux fois... les obus. Pas assez pour me sortir, mais c’est
assez pour t’épeurer. Fait que mon officier s’est fait tuer
devant moi, pas loin du chemin de fer, j’étais en arrière de
lui. Puis les autres, sur l’autre bord, avaient été fait
prisonniers. Il y avait moi, puis un autre gars, (inaudible),
on a parti de là. Là il faisait noir là. Quand ils ont vu là
que personne grouillait, ils ont envoyé des flares avec des
petits parachutes dessus là, pour éclairer ça, pour voir si il y
a personne qui grouillait. Fait que nous autres, quand que ça
grouillait pas, on décollait mais aussitôt que la lumière
commençait, on arrêtait et puis on se couchait. On faisait le
mort. Fait qu’on a sorti de là, on a arrivé au... où est-ce que
mon régiment était, on a arrivé là vers deux heures du matin,
deux ou trois heures du matin. On arrive là pour rentrer, pis
eux autres ils avaient mis des mines partout, à cause qu’ils
savaient qu’est-ce qui avait arrivé là. Puis ils ont changé le
mot de passe. T’arrives là toi là, puis tu te mets debout, puis
tu commences à dire « I don’t know the password but don’t shoot
us, it’s Poirier, I’m coming in. » Fait que une chance que les
gars c’étaient pas des gars qui étaient peureux. J’ai pu
rentrer moi, pis l’autre gars. C’est les deux seuls qui a arrivé
de ça, de quatre cents hommes. Ils ont pas tous tués, il y en a
pas mal qui ont été pris prisonniers.