Colonel (à la retraite) Michel Duhamel

Qu’est-ce qui vous a mené à une carrière militaire?

Je me suis enrôlé dans l’armée en 1977 à 17 ans. J’étais attiré par la vie militaire après avoir passé quatre ans dans les cadets de l’Aviation royale du Canada. Les cadets m’ont permis d’acquérir de nombreuses compétences de vie précieuses, mais plus important encore, de comprendre qu’en collaborant avec les autres, nous pouvions réussir à accomplir des tâches difficiles qui ne pouvaient pas être accomplies par des personnes de façon individuelle. J’ai vraiment apprécié la discipline et la camaraderie chez les cadets, donc l’armée me convenait bien. En 1998, j’étais à Moncton, au Nouveau-Brunswick, là où se trouve le quartier général du 4^e Régiment d’artillerie antiaérienne, lorsqu’une violente tempête de verglas a frappé certaines parties de l’Est du Canada.

Répondre à l’appel du devoir

Une fois que nous avons vu l’étendue des dégâts aux nouvelles, nous avons pensé que les gouvernements du Nouveau-Brunswick, de l’Ontario et du Québec pourraient faire une demande d’aide militaire. J’ai reçu l’avis dans la soirée du 7 ou 8 janvier du Commandant du Secteur de l’Atlantique de la Force terrestre à Halifax. Il m’a nommé commandant de la force opérationnelle pour l’opération au Nouveau-Brunswick et m’a chargé de déployer mon régiment et d’autres renforts de Gagetown à la zone sinistrée. J’ai établi mon quartier général à Saint John et déployé des troupes dans plusieurs villes le long de la côte de la baie de Fundy.

Une opération qui a contribué à remonter le moral des troupes

Je crois que nous avions autant besoin de l’opération RÉCUPÉRATION que la population civile qu’elle était censée secourir, ou même plus. Je sais qu’il est difficile de voir une telle catastrophe de cette façon, mais pour le moral des troupes, j’ai toujours considéré l’opération RÉCUPÉRATION comme un tournant important dans la relation entre la population canadienne et ses militaires.

L’année 1998 arrivait à la fin d’une décennie très difficile pour le moral des soldats alors que des bases étaient fermées au Canada et en Europe et qu’une enquête sur les incidents en Somalie était tenue. Étant donné que la plupart des soldats s’entraînent et travaillent dans une obscurité relative, souvent à l’abri des regards du public canadien, ces décisions gouvernementales semblaient refléter une détérioration du soutien public et laissaient de nombreux soldats remettre en question leur rôle et leur sens de leur valeur pour la société.

Donc, d’une manière étrange, la tempête de verglas de 1998 s’est avérée être la parfaite tempête pour leur remonter le moral. C’était le bon moment, et le bon endroit. La trajectoire de la tempête a touché des millions de Canadiens, ce qui leur a permis d’être au premier rang pour voir leurs fils et leurs filles en action. De même, cela a donné aux militaires la possibilité d’entrer en action sur leur sol de leur propre pays pour aider les personnes qui comptent le plus pour eux – leurs propres concitoyens et, dans ce cas, souvent leurs propres familles, amis et voisins.

J’ai remarqué qu’après la tempête, les militaires marchaient en gardant davantage la tête haute.

Surmonter les défis

Durant l’opération RÉCUPÉRATION, comme durant toute opération militaire majeure, nous avons fait face à un certain nombre de défis. Le plus important consistait à assurer la sécurité de nos troupes. Nous avons dû nous coordonner avec Énergie NB pour confirmer que les lignes électriques étaient désactivées avant de pouvoir enlever les arbres tombés à proximité qui bloquaient les routes pour les premiers intervenants.

La formation a représenté un élément clé. Les militaires ne sont normalement pas formés pour utiliser des tronçonneuses. Le risque de blessure était élevé en raison des conditions de travail glissantes. Nous avons également eu des problèmes logistiques : comme nous avons eu besoin de plus de tronçonneuses que celles qui étaient disponibles, nous avons dû nous rendre dans les quincailleries locales pour en acheter.

Enfin, mon équilibre a été mis à l’épreuve à plusieurs reprises. Lorsqu’on se déplaçait en hélicoptère pour se coordonner avec les autorités locales de la ville, les zones d’atterrissage étaient limitées et souvent inégales. La glace était si épaisse que l’hélicoptère ne pouvait pas la percer pour immobiliser ses patins. Lors de la mise hors tension, l’hélicoptère commençait à glisser de façon latérale ou à tourner. J’ai souvent dû sauter de l’hélicoptère sur de la glace glissante pendant que le pilote survolait la glace à pleine puissance.

Le mot de la fin

Le travail d’équipe. C’est la compétence la plus importante et la plus précieuse que nous enseignons aux militaires dès leur entrée dans l’armée. Les tâches pendant l’opération RÉCUPÉRATION étaient particulièrement bien adaptées pour faire ressortir cette compétence. Tout en supervisant les progrès, j’ai été témoin de la fierté, des efforts et de la motivation des militaires qui ont secouru leurs concitoyens canadiens.

Selon moi, on ne pourrait pas trouver de meilleur exemple de Canadiens aidant des Canadiens.

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