Major (à la retraite) Richard Gratton

Déploiement dans le cadre de la tempête de verglas

J’étais avec le 2^e Régiment d’artillerie de campagne à Montréal, je venais juste de revenir dans l’armée. J’étais lieutenant dans le temps. C’était la première fois que la Réserve était mobilisée depuis la Seconde Guerre mondiale. J’ai entendu à la radio que les réservistes devaient se rapporter à leur unité! Je me souviens les premières journées, on a vu le noir total. Les transformateurs bleus qui explosaient. C’était surréel! J’ai servi trois semaines pendant l’opération. À notre arrivée, la principale responsabilité de notre unité était de patrouiller dans les rues et de dégager les branches afin que les véhicules d’urgence puissent passer.

Aujourd’hui, c’est beaucoup plus normal quand il y a des inondations et des feux de forêt, d’avoir recours à l’armée. Mais la crise du verglas, c’était probablement la première grande opération de l’armée ici pour aider la population canadienne.

Le triangle de glace

Quelques jours plus tard, j’ai été affecté pour aider les soldats du Princess Patricia's Canadian Light Infantry qui venaient d’arriver d’Edmonton. On s’est rendu au « triangle de glace », une partie des Cantons de l’Est à 75 kilomètres de Montréal qui a reçu le plus de pluie verglaçante. On est arrivé à Sainte-Blaise. Ils avaient installé le centre communautaire comme centre d’urgence où ils cuisinaient pour nourrir les gens. J’ai commencé à me lier avec le maire et son équipe afin de bien comprendre les besoins de la communauté.

S’intégrer à la population

Habituellement, on était tout le temps sur nos bases, on s’entraînait et puis personne ne savait trop ce que faisait l’armée. Mais quand ils nous ont vus avec notre méthodologie, notre façon de penser et puis notre travail d’équipe, comment on a réussi à s’intégrer à eux. On était tous là pour aider monsieur, madame tout le monde.

La Sûreté du Québec, la GRC et les Forces armées canadiennes s’étaient intégrées ensemble à la population. L’armée a des compétences inégalées en stratégie à court, moyen et long terme et surtout dans l’organisation et la préparation de la logistique. On a créé des liens aussi. Après, je suis devenu chef de relation interagences au quartier général à Montréal. Par la suite, ce concept-là – de liaison d’agences, de travailler avec les autorités civiles – s’est créé.

Près de la maison

C’était toujours une arrière-pensée pour moi de savoir qu’à quelques kilomètres seulement, ma famille non plus n’avait pas d’électricité. Je leur parlais tous les soirs. Quand ils ont vu des camions de l’armée dans le quartier, c’est là que les gens ont réalisé que c’était majeur.

Une grande surprise!

Nous avons fait du porte-à-porte pour nous assurer que tout le monde allait bien. Dans une résidence, le four était encore chaud, mais personne ne répondait. Là, on a fait signe à la Sûreté du Québec. Il y a quelque chose qui se passe ici. On est entrés avec eux et découvert une belle saisie de pot!

Une expérience gratifiante

Quand j’ai vu par après que la population était très positive par rapport à notre présence et à nos capacités, ça m’a fait vraiment plaisir. Nous étions tous très fiers. Pour une rare fois, on aidait la population canadienne. C’était chez nous que ça se passait et malgré ce grand dérangement pour la population, surtout celle qui est vulnérable, nous étions là.

Avec beaucoup de fierté, de diligence et de diplomatie, Richard Gratton a servi en uniforme au pays et à l’étranger. Découvrez d’autres histoires.