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Frank Wong



Frank Wong est né à Vancouver. Sa mission consistait à réparer de la machinerie lourde. Son tour de garde l'a amené dans différents camps, notamment en Angleterre, à Juno Beach, et, plus particulièrement, en Hollande lors de la libération. « Transcription de la vidéo

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Ramona Mar (Intervieweuse)

Né à Vancouver en 1919, Frank Wong était le deuxième fils d'une famille de sept enfants, et comme bon nombre de ses contemporains, son enfance a été marquée par la pauvreté et la discrimination. La vie dans la grande ville de Vancouver s'est vite transformée en vie de ghetto et son père a décidé de déménager pour installer sa famille dans le petit village de pêcheurs d'Alert Bay, sur l'île de Vancouver. Le village était isolé, mais il a tout de même été touché par les effets de la guerre lorsque Pearl Harbour a été bombardé.

Frank Wong (Interviewé)

Et je me souviens que les navires de pêche japonais étaient tous rassemblés pour être dirigés sur Alert Bay, puis sur Vancouver. Et c'est seulement à ce moment-là que je me suis dit, « Mon Dieu, peut-être que je devrais y aller et m'engager dans l'armée. » Donc, après. donc en avril, j'ai pris ma décision et je me suis tout simplement engagé, sans le dire à ma famille (rires).

Vous savez, ma mère, ma mère m'aurait certainement dit, « J'aimerais bien savoir pourquoi tu désires t'engager dans l'armée, étant donné que tu n'as pas le droit de vote et. par-dessus tout, tu es considéré comme un citoyen de deuxième classe. » En fait, je. j'ai estimé que cela me regardait, et je me suis dit que si je m'engageais, cela me donnerait la possibilité que je. qu'après la guerre j'avais une possibilité d'obtenir le droit de vote. Et, c'était aussi une façon de prouver au gouvernement ma loyauté envers. envers mon pays, et. c'est certainement la raison principale pour laquelle je suis allé m'engager dans l'armée.Oui.

Ramona

L'aversion de Frank pour la natation, sans compter le fait qu'il souffrait du mal de mer, l'a conduit au centre de recrutement de l'armée en 1942. Après avoir suivi un entraînement de base à Vernon, en Colombie-Britannique, Frank a fait une formation de magasinier à Barrie Field et Ottawa, et il s'est engagé dans le contingent à destination outre-mer avec le Corps royal canadien des magasins militaires.

Pendant plusieurs semaines, Frank est resté à bord du Queen Elizabeth avec le reste de la troupe. Le voyage à destination de l'Écosse prenait quatre jours et Frank n'a pas eu le temps de réfléchir.

Frank

Oh non, j'étais si. J'étais si malade, comme d'habitude (rires). J'étais plus malade qu'un chien et je restais assis sur. sur le pont supérieur. Je me souviens avoir dit à mon ami. Je lui ai dit « Si. si le bateau se fait torpiller, oublie-moi, je coule avec. » (Ramona rit). J'étais. C'était. la situation était difficile, c'était dans la. la. la mer était si agitée que le navire n'arrêtait pas de tanguer avec le roulis et tout et tout. Je me trouvais en haut du pont supérieur et j'étais juste oh. Mon. mon ami avait l'habitude de venir m'apporter deux tranches de pain dur et c'était la seule chose que j'étais capable d'avaler (rires).

Ramona

De retour sur la terre ferme, Frank a été affecté à Catherham sur la colline pour rejoindre son unité, l'atelier des troupes de la 1re Armée canadienne.

Frank

Notre mission principale consistait à réparer l'artillerie lourde. Il y avait des canons de 5,5 pouces, des canons de 7,2 pouces et des canons de 155 millimètres, et nous devions aussi réparer leurs, leurs véhicules et leurs instruments. Et nous avions un forgeron et. et tout. et tout. C'est un second échelon. Notre unité se composait d'environ 220 officiers et de soldats. C'était une unité exclusivement mobile, où même le bureau est sur roues, vous savez. Et tout le stock est sur des camions et les réparations. Nous réparions aussi des choses comme. des fusils, des mitrailleuses, des canons antichar, etc.

Ramona

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Je vois.

Frank

Mais notre principale. notre principale fonction était de suivre la.la.l'artillerie. Lorsque l'artillerie entrait en action, notre travail consistait à suivre les soldats - à rester à leurs côtés.

Ramona

Tout au long de l'année suivante et la moitié de l'année d'après, l'unité de Frank est restée en Angleterre, en s'entraînant en permanence tout en attendant l'ordre de partir rejoindre le contingent.

Un mois après le jour J, Frank s'est entassé avec d'autres soldats dans la soute d'un Liberty pour effectuer la traversée angoissante qui devait les conduire en France. De là, Frank, le terrien, s'est forcé à sauter dans une péniche de débarquement, alors qu'il approchait de la côte normande congestionnée.

Frank

Je me souviens que j'avais mon gilet de sauvetage et je me suis assuré que je l'avais bien.Il était gonflé à bloc (rires). Et je me suis dit, « À quoi ça sert? » J'avais tout mon paquetage et mes munitions de rechange et tout le reste; j'aurais certainement coulé à pic, mais.à la simple idée de.Donc, je me souviens avoir accosté, sur le bateau, et nous. nous avons débarqué sur Juno Beach. Et là, la première chose dont. ils nous ont dit de continuer à progresser dans les terres, de ne pas traîner sur la plage, de juste avancer dans les terres, parce qu'à ce moment précis, la plage était encore la proie des tirs ennemis. Ils étaient encore suffisamment proches de nous pour. et ensuite, s'il y a. nous tirer dessus. Nous avons donc continué à avancer dans les terres. Nous avons donc pénétré dans les terres, et là lorsque nous. à l'intérieur des terres jusqu'à un champ situé à environ deux. Je pense à environ deux ou trois milles dans les terres. Et là, nous avons bivouaqué pour la, pour la nuit. Je me souviens avoir préparé mon propre dîner parce que tout le monde. Nous transportions tous deux jours de provisions dans notre paquetage, nous avions un petit réchaud avec lequel nous pouvions faire chauffer de l'eau et nous avions ces. ces cubes déshydratés de viande, et autres choses de ce type (rires).

Ramona

Le premier jour qui a suivi le débarquement a été à la fois angoissant et excitant. Cela n'était rien comparé à ce que Frank allait voir quelques jours plus tard dans la ville de Caen.

Frank

Je me souviens que la... la ville était totalement détruite avec toute l'artillerie, et je me souviens qu'il y avait tellement de gens, de morts partout, vous savez, pas. pas enterrés et tout et tout. Et je, je me souviens encore de Caen parce que j'ai été malade ce jour-là, et que lorsque nous sommes arrivés, l'odeur était si abominable que j'ai, j'ai vomi. Vous savez, c'est la, c'est la seule fois où j'ai. j'ai vomi. L'odeur avait l'air d'être sortie d'un autre monde, vous savez, il y avait tellement de morts. C'était l'été et les combats duraient déjà depuis plus d'un mois sur cette région, un mois et demi, et l'odeur avait juste l'air de venir d'un autre monde, vous savez? Oui.

Ramona

À partir de là, promu au rang de caporal suppléant, Franck a travaillé avec son unité sur le continent pendant que les Allemands battaient en retraite. Même si la fin de la guerre se profilait déjà à l'horizon, Frank se souvient s'être retrouvé sous les tirs ennemis à de nombreuses occasions.

Frank

Pendant les bombardements, j'avais l'habitude d'aller sous, de descendre en sous-sol et/ou dans un trou de tirailleurs. Et là. je me souviens, c'était plutôt angoissant, vous savez., et je me souviens avoir récité le Notre Père environ un million de fois (rires) pour me donner du courage. Et j'ai relevé les yeux et j'ai vu mes amis aussi en train de marmonner. Je pense qu'ils étaient en train de faire la même chose que moi.

Ramona

À la fin de la guerre, Frank était en poste aux Pays-Bas, où il a pu observer la gratitude des Hollandais envers les Canadiens qui les avaient libérés. Il est revenu au pays depuis, où il a reçu de nombreuses médailles et beaucoup de fleurs, qu'il a toutes reçues avec humilité, lui qui s'était engagé comme un citoyen de deuxième classe et qui est ressorti de la guerre avec le statut de Canadien à part entière.

Et il y a une dernière petite note à ajouter à l'histoire de Frank. Une de ses trois sours a épousé un jeune homme d'origine allemande, et Frank a découvert que le père de son beau-frère se trouvait en France au même moment que lui - tous deux combattant dans des camps adverses. Qui aurait pu penser que des années plus tard, ces mêmes soldats seraient unis par des liens familiaux?

Saviez-vous?

Saviez-vous que la fille de Frank Wong a épousé le fils d'un soldat allemand? Ce dernier et Frank combattaient dans des camps adverses, au même moment.

Droit d'auteur ou de reproduction

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Interviewé : Frank Wong

Durée : 6:39

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