Retour au Canada
Des héros se racontent
Retour au Canada
Là, y nous avaient d'mandé si on voulait v'nir en avion ou si on
voulait v'nir en bateau. Fa qu'moi j'ai dit l'avion, hein,
batinsse, le plus vite, mieux ça va être. Mais, entre ça il est
v'nu un bateau, l'[Aouatia] si j'me trompe pas, maudit c'est bon
d'avoir repensé à c'nom-là, me semble qu'c'est ça, [Aouatia],
le bateau, ça fa qu'j'ai dit : « moi j'va être malade comme un
chien! », là ça, c'est clair, j'étais malade. Fa qu'j'suis monté
dans l'bateau, pis j'me suis mis près des cheminées la, quand
les gars sont v'nus m'chercher j'tais noir, noir là, ça a pas
d'mosus de bon sens. Mais, j'ai pas été trop malade en r'venant.
Alors là on est arrivés à San Francisco, « the Golden Bridge »,
et puis là on a pris l'train, là jusqu'à Seattle. Seattle, on a
pris le bateau jusqu'à Vancouver, c'est ça, puis là on a pris
l'train. Vancouver, moi j'ai débarqué à Québec. Ah mon Dieu,
j'pense, quand j'suis arrivé chez nous j'avais engraissé,
j'pesais 82 ou 83 livres. Puis j'avais engraissé, là. Puis là
après ça, ben, ça s'est replacé. C'est dur à expliquer, on est
malade mental un peu, hein, après avoir passé une affaire de
même, là, et puis t'es content comme un diable, mais c'est dur de
r'venir parmi l'monde. Moi j'ai trouvé ça dur. Pis là tout
l'monde te regarde comme une bête rare, hein, « Hey, he was in
Hong Kong, prisoner of war », pis, ça ça passé dans les journaux
pendant quatre ans d'temps, ç'fa que, l'monde voulait voir de
qu'est-c'qu'on avait l'air, les curés, ça v'nait à maison, pis là
ben j'ai dit à mon père une fois, moi, j'veux pus en voir un, pas
un, pas un, j'n'ai assez là, j'veux pus n'entendre parler de ça,
pis mon père était fin pour ça.
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