Défendre mon pays qui entre en guerre
Où ce que c’est qu’on prenait le plus de nouvelles qui nous pognaient un peu,
c’est quand on allait dans les théâtres. Normalement, dans le temps,
quand on était jeunes dans ces âges-là, on allait toujours, une fois par semaine,
dans un théâtre. Puis, avant les films, ils nous montraient ce qu’on
appelait ça. Pendant dix minutes, ils nous montraient les photo
qu’ils avaient prises de l’autre côté qu’ils avaient envoyées au
Canada, au Québec, puis ils nous montraient les Allemands qui,
à travers la France, qui envahissaient la Tchécoslovaquie,
les bombardements. À regarder ça, c’était assez émouvant.
Ça nous restait marqué un peu.
Mais c’est avec ça, ces nouvelles-là, que ça m’a tranquillement,
avec un peu propagande, que à un bon moment donné, ils nous
demandaient ceux qui peuvent, qui veulent signer actifs pour aller
combattre outremer. Je suis un de ceux qui a signé.
Interviewer - Quelle autre sorte de propagande qui existait?
Ben, ils vendaient des bons d’épargne, qu’on appelle, des bons de
victoire, avec les photos des, des soldats blessés ou imagés. Ils nous
demandaient de contribuer pour l’armement, puis envoyer… Fait que ,
c’était un moyen de prêter de l’argent au gouvernement sur nos
salaires, dans le temps. C’était surtout ce moyen-là. Par la radio. Tout
en forçant pas, mais, tout de même, ils nous
demandaient ceux qui étaient disponibles, qui voulaient,
qu’ils avaient besoin de soldats de l’autre côté
pour défendre la démocratie.
Cela a-t-il influencé mon choix d’aller dans l’armée?
Dans le temps, pas tellement. Mais quand j’ai, j’ai vu, j’ai vu que nos
camarades, de nos amis, commençaient à être appelés, puis j’étais jeune,
j’avais juste dix-huit ans, ben là, j’avais un peu de discipline dans moi pareil,
quand j’étais jeune, puis ça m’a, ça m’a frappé. J’ai dit tant,
quand même on était pour être appelés, puis tant qu’à rester au, toujours sur,
au Canada à faire des, des parades, puis, en fin de compte, ben là nos amis
que je connaissais, ont dit à un moment donné : « ben là, on va signer actif,
toujours pas pire. Une place ou l’autre, tant qu’à mourir… »
Nous autres, dans ce temps-là, on pensait pas que c’était qu’est-ce
qu’on a vu, puis j’ai pris une chance parce que
j’avais un peu l’idée du voyage, puis aller outremer,
puis ça va quand même pas me, me destiner à comment c’était
pour se produire, là. Mais c’est là que j’ai signé actif quand même.
Pour avoir fait un peu d’entraînement. Je trouvais…
rester au Canada à faire des parades, là, je trouvais que…
puis là, d’autant plus que, plus ça allait, plus on en entendait parler.
Puis plus de nos amis signaient actifs, puis d’autres restaient.
Il y en a qui signaient actifs, comme on disait dans le temps,
il signaient le document. Fait que j’ai
signé comme d’autres. Ben, je l’ai pas regretté.
Entraînement et traversée pour l’Europe
Euh… moi, j’étais allé à Valleyfield pendant deux mois. Ce qu’on appelait
un training pour la discipline, le port des armes l’habillement, apprendre à dire
« yes » puis faire le salut militaire. Simplement une discipline,
prendre des marches. C’était agréable quand même, là, il y avait rien de
dur là-dedans. Après deux mois, là, c’était un petit peu… on changeait
de camp parce que cette discipline-là était passée parce que c’était
toujours des recrues qui arrivaient, qui prenaient la place. Là, j’avais opté pour
signer pour aller dans l’ouest. On avait l’avantage de dire ceux qui
veulent aller dans l’ouest, ou rester au Québec. Fait que l’ouest, ça
m’attirait quand même. Fait que j’ai été pendant six mois dans l’ouest.
J’ai fait Vernon, Vancouver, Nanaimo, j’ai vu des places.
Un entraînement un peu plus dur… euh… c’est, c’est de même que ça
s’est passé. À un moment donné j’ai signé, puis après quelques mois
dans l’ouest, j’ai… déjà là, on parlait d’invasion,
puis ça se préparait. Il y avait pas de date précise, mais c’était des
rumeurs qu’ils lançaient. J’ai signé, puis, comme d’autres,
j’ai embarqué sur le bateau, à Halifax, au début de 1943, et j’ai traversé
outremer avec les problèmes que ça apporte d’embarquer sur un
bateau de croisière, mais qui, c’était pas en croisière, ça, le
New Amsterdam, parce que du temps de la guerre, tous les pays démocrates prêtaient
leurs bateaux de croisière pour transporter des troupes outremer.
Moi j’étais sur le New Amsterdam. Supposément que c’était pour 1500,
mais on était 6500 dessus. Comme des boîtes de sardines, entassés
dans les cales de bateaux avec des lits de toile superposés. Et, pendant sept jours,
on a navigué dans l’Atlantique avec, ça comporte, parce que il y a des
requins, ce qu’on appelait les requins, les sous-marins allemands,
ils étaient rois et maîtres partout dans les mers, dans le temps, encore, là.
On a, on zigzaguait, puis à six heures, ce qu’on appelait le blackout complet. Les bateaux
de croisières, ils avaient mis des plaques, comment ça s’appelait, du, du plywood,
du contre-plaqué, tout était bouché. À six heures, c’était plus de cigarettes,
défense de rien jeter à la mer parce que les Allemands avec des périscopes,
les sous-marins, aurait pu voir ça avec leurs, leurs machins.
En fin de compte, on a, l’atmosphère était pas très drôle sur le bateau.
On savait que là c’est plus drôle quand on sait qu’on est empaquetés de même,
qu’on sait, qu’on savait qu’il y avait des sous-marins, là, puis qu’ils nous
donnaient ça par radio de faire attention. Puis, si il y avait des sirènes à
un moment donné, de se préparer à embarquer dans les chaloupes.