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Importance d’être bien entraîné pour la guerre

La force francophone

Importance d’être bien entraîné pour la guerre

Transcription
Importance d’être bien entraîné pour la guerre Quand on dit, une journée on est là, demain, on sait pas si ça va être à notre tour, on a des renforts qui viennent. À Zutfen, en Hollande, j’avais un ami que j’avais fait l’entraînement avec lui dans l’ouest, un gars de Montréal. On l’appelait l’horreur de Vaillancourt. Il est arrivé comme renfort. Par hasard, il m’a reconnu puis il est venu me donner la main. C’était un caporal. Il s’en venait pour prendre charge d’un peloton, puis je lui ai dit : « fais attention », avec l’expérience. On était justement à Zutfen, vis-à-vis d’une ville qu’on était censés, le lendemain, contre-attaquer. « Il y a beaucoup de francs tireurs. Suis l’ombre des maisons parce que c’est à peu près quatre rues. Suis l’ombrage parce qu’il y a des francs tireurs ». Mais quand t’as pas l’expérience du feu, hein. Il a fait à peu prés peut-être un bloc ou deux, il a traversé la rue, il s’est fait tirer. Je venais de lui donner la main. C’est mes amis qui m’on dit, ils on dit : « regarde ton chum… » Je venais de lui donner la main, y’est mort. Combien de cas de même que c’est arrivé… Moi je suis chanceux, j’ai passé à travers, puis d’autres, ça prend cinq minutes. Ça fait qu’il y en a des jeunes que j’ai vus le soir, partir en, partir en courant le soir, puis crier. On appelait ça shell shock les nerfs leur manquent parce qu’ils ont pas l’habitude d’entendre des canons puis tout ce qui se passe. On en a de même qui, le soir, ils disparaissent. Ou ils partent à trembler puis ils sont plus capables, on appelle ça, on est obligé de les envoyer en arrière. Mais on en a le soir qui, avec le bruit, les mitrailleuses, l’écho, les nerfs craquent la première journée. Pas plusieurs, moi, moi, personnellement, j’en ai vu deux, trois. Ils partent à courir. On les revoit plus. C’est, c’est, c’est ça d’embarquer dans le feu de l’action. C’est une préparation qui se fait pas, ça, quasiment. Mais c’est… il y en a qui passent au travers, puis d’autres non. Moi j’étais renommé comme un leader, tsé, j’étais un gars qui avait… je leur disait de faire attention, sors pas pour rien, lève-toi pas la tête quand c’est pas le temps, reste accroupi, va pas, va pas te promener pour rien. C’est des directives qu’on leur donne. Fais pas de niaiseries, puis va pas sortir pour voir qu’est-ce qui se passe quand c’est dangereux. Reste là, coi. T’avanceras quand on avancera. Ils nous écoutaient, normalement… Excepté que tu pouvais pas les empêcher, le soir, dans une tranchée, quand ça arrivait qu’on étaient dans une tranchée, pas toujours. Mais, les gars, tsé, il est jeune, quand ils viennent d’arriver, ils sont frais. Les nerfs les pognent, puis il parte à pleurer puis à shaker qu’on appelle, ben on les envoie en arrière, ça sert à rien. Eux autres, ils les envoient plus loin. Ils peuvent s’en servir pour travailler dans les, les… ramasser, ou bien faire des travaux, l’armement. Mais, c’est pas facile pareil quand on voit ça, puis ça part à crier… Parce qu’à part de ça, c’est parce que ça donnait une vision, les Allemands si ils étaient proches, il y avait l’écho, le soir, ils devaient avoir dit « il y a des troupes, là ». C’est des choses qu’il faut faire attention. Marcher le soir dans des maisons, il y a des vitres qui sont cassées dans les maisons. Ça paraît pas, mais l’écho… marcher sur des, sur… Tsé, il y a des gars qui fument, tout le monde fumait dans le temps. Ben tu veux aller jaser avec un tel, tu marches sur la vitre, ça craque, on sait pas si il y a des Allemands. Il y a des patrouilles qui se fait le soir. C’est tout des choses qu’il faut que t’apprends. Je peux dire qu’on était des petits guerriers amateurs à comparer aux Allemands. On n’avait pas assez… on avait un espèce d’entraînement, mais c’était, à comparer à… on était pas préparés à tout. On savait comment se servir d’une grenade, mais on n’avait pas tiré assez souvent. Mitrailleuses, pareil. On a peut-être tiré deux, trois fois. Sur ça, on a quasiment appris sur le métier qu’on appelle, sur la job. Parce que là, il y a ben des choses, c’est vrai que quand qu’on arrive, faire l’entraînement puis arriver sur le terrain de guerre, c’est pas tout à fait la même chose. Mais je trouvais qu’on avait manqué un peu, pareil, de, d’entraînement là-dessus. Même sur le tir. Le tir à la carabine, on a peut-être tiré trois, quatre fois. Il aurait fallu qu’il y ait plus de temps pour le vrai training de guerre. Au lieu de faire des, des marches la nuit, puis nous endurcir avec des sabres, puis tout, c’est surtout sur le maniement des armes que je trouve, qu’on était pas tout à fait à point. Défaire une mitrailleuse, puis monter une mitrailleuse, ça aussi, on, on l’apprenait, mais trop rapidement. Les, les, changer les magasins de balles. Moi j’ai trouvé, toujours, que ça avait manqué, ce, ce côté-là. Je trouve que… c’est parce que tsé, comme on dit, on arrive sur le terrain de guerre, puis c’est pas pareil. Il y a tellement de choses qu’on apprend sur… C’est pas comme l’entraînement. Mais euh… il y a des jeunes qui avaient presque pas tiré pantoute. Je sais qu’ils sont arrivés, puis ils avaient pas tiré de carabine, rien. Malgré qu’on tire pas une carabine comme on tire un lièvre, parce que ça arrive pas souvent qu’on a un fusil, un Allemand au bout du bâton. C’est surtout les mitrailleuses, c’est les tank, les canons qui font l’ouvrage. Nous autres, on avance. On se sert plutôt des grenades. Moi j’étais, j’étais un de ceux qui aimaient, avec une grenade, quand il y avait une maison désaffectée puis qu’on pensait que c’était dangereux, qu’il pouvait y avoir des Allemands de cachés, on avait toujours quatre grenades dans nos sacs en bandoulière, là, on avait, moi j’aimais ça en envoyer une dans un sous-sol, puis. Malgré que, on était obligés de faire ça, mais des fois ça arrivait qu’il y avait des résidents qui avaient ordre d’évacuer puis qui étaient là. On le sait pas si c’est des Allemands ou si c’est… c’est ça qui, des fois, les jeux de la guerre. On sait pas si c’est un type qui réside là, qui a pas voulu sortir, qui tient à rester quand même là, puis prendre des chances, prendre des chances de se faire tuer aussi. Parce que si ça bouge, on sait pas si c’est un Allemand qui est là. Il y a ben des, il y a ben des cas c’est arrivé de même. C’est des civils qui étaient là, qui avaient pas d’affaire là. Mais, ils sont chez eux, puis, ils étaient supposés d’évacuer mais ils restaient là quand même. C’est pas, c’est pas facile, mais… Mais la meilleure chose, un clearing house qu’ils appellent, pas prendre de chances quand on a de l’expérience, on a dit ça aux jeunes, prend des grenades, puis si tu penses que ça bouge puis que c’est dangereux, tu penses qu’il peut y avoir quelque chose qui a bougé, t’envoies une grenade. Si il y a quelqu’un, il va mourir ou ben il va sortir. Mais… c’est, c’est ces moments-là qu’il faut se servir de notre tête, puis c’est avec l’expérience qu’on apprend.
Description

M. Raymond parle de l’importance de l’entraînement, puisqu’en arrivant sur un champ de bataille on peut perdre contrôle de soi…

Jacques Raymond

Né à Trois-Rivières, Jacques Raymond a perdu son père alors qu’il était très jeune. Il a été placé à l’orphelinat avec un de ses frères, sa mère ne pouvant s’occuper de ses sept enfants toute seule. À 17 ans, il revient à Trois-Rivières travailler à la Wabasso, une usine de coton. Lorsque la guerre éclate, il reçoit une lettre lui demandant de passer des examens à Longueuil. Il débute sa formation de deux mois à Valleyfield. Il passe six mois dans l’Ouest canadien, où il apprend l’anglais et où il poursuit sa formation. Il part d’Halifax au début de 1943 à bord du Nieuw Amsterdam vers Greenock, en Écosse, pour continuer sa formation. Il participe au débarquement de Normandie avec le Régiment de la Chaudière. Il participe aussi aux batailles de Carpiquet, de Falaise, de Caen et traverse la Belgique et la Hollande. Il se rend même jusqu’en Allemagne. Il est resté onze mois en Europe.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
6:35
Personne interviewée :
Jacques Raymond
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Hollande/Pays-Bas
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Régiment de la Chaudière
Grade militaire :
Soldat
Occupation :
Fantassin

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :