L’invasion de la Normandie…
On voyait monter les, les, les convois, à tous les jours, au bout de, j’ai été à peu près six
semaines avant que la date du débarquement arrive. Tous les jours, des kilomètres et des
kilomètres de long, des convois des tanks, ça s’en allait sur les bords, Glasgow,
à Southampton, partout pour embarquer sur des bateaux pour aller à l’invasion.
Et l’invasion s’est faite, on sait, avec tout ce c’est que ça comporte,
le bruit d’enfer. Moi, j’ai débarqué à peu près dans les deuxièmes groupes.
Parce que quand il dise qu’ils on fait le débarquement, il y en a dix qui ont fait le
débarquement, mais il y a pas seulement ceux qui on fait le débarquement, il reste qu’il y avait
tout un, avec 150 000, 135 000 personnes qui ont débarqué. Tu pouvais
pas juste débarquer rien que d’une vague. Fait que j’ai débarqué avec un autre groupe,
avec, j’ai été chanceux encore. Le plus gros, en avant, était tombé, ceux qui
avaient tombé. Disons que la résistance ennemie était moins forte. Et, j’ai rejoint mon
bataillon, de l’autre côté, après avoir monté la palissade,
comme d’autres pour se regrouper. Mon régiment,
La Chaudière, la première heure, deux heures de, ou peut être trois,
quatre heures en tout et pour tout, on a perdu cent treize hommes la
première journée. La moitié morts, les autres à moitié blessés.
Ça c’était une des grosses pertes, malgré qu’on dit, suivant les experts,
que en fait de pertes, parce que deux mille Canadiens, nous autres, sur,
sur le groupe qu’on était, on dit que c’était minime à comparer à ce qu’ils
pensait que c’était pour arriver. Mais tout de même, cette journée-là,
on en a perdu cent treize, disons que il y en a eu quelques uns qui ont été blessés
plus de moins ou d’autres qui sont revenus au combat. Mais… la
première journée, il en a cinquante-huit morts, ça c’est officiel.
Atmosphère sur la plage avant d’arriver à la plage…
On est tellement entassés, puis on avait tellement hâte de débarquer,
que c’est, on… on pense pas… tout ce qu’on entendait, c’était un bruit infernal.
Tout ce qui se passait, les avions au-dessus, puis les bateaux
qui tiraient au-dessus, puis les Allemands qui, la riposte.
Faut l’avoir vécu pour savoir que c’est presque, c’est presque pas
pensable tout ce que c’est que ça prend de nerfs pour passer au travers ça.
Mais, tout ce qui pressait, nous autres, c’était de débarquer. On sait
qu’on pouvait pas reculer, fallait débarquer. Mais repenser ça, voir ça,
c’est tellement de bruit, l’enfer, de, des avions… Ça a duré peut-être…
avant qu’on puisse toucher la, peut-être, partir de qu’est-ce que
c’est que j’ai vu de bruit, là, c’est vrai que tu, traverser la Manche,
ça a pris à peu près deux heures, deux heure et demi, parce que c’est à
peu près une vingtaine de kilomètres, mais disons la dernière heure
c’était l’enfer parce que ça débarquait les troupes, puis euh… C’était court, court, toi,
pour te mettre à l’abri, qu’on appelle. Il y avait tellement de, de fils de fer,
il y avait toutes sortes de, de… Les Allemands avaient implanté tout un
système de protection, là, des… on pouvait passer à côté quand même,
nous autres, ça c’était pour empêcher les, probablement les barges d’aller plus
proche, là. Puis euh… non, le feu était tellement violent, puis on pensait pas à ça.
Tout ce qu’on pensait, c’était de traverser le sable puis de se rendre à
travers les maisons puis se cacher à l’abri. C’était un espèce de désarroi complet quand
même. On suivait un, un… mais la nervosité puis tout quand même on aurait voulu, on,
il y avait pas personne qui parlait. Ça crie, ça hurle. Ça a pris,ça a pris à peu sept, huit heures
avant, après avoir tombé sur le, sur la plage après avoir réussi à monter sur la pente, après on
commençait à se regrouper, parce que il y en a qui étaient tous partis, il y en a qui étaient
tous partis, parce qu’il y en a qui étaient perdus un peu partout… C’était une
course effrénée, il y en a qui… qui se trompaient de chemin. Quand on arrive
quelque part puis qu’on connaît pas la place… C’est pas facile, on
débarque sur une falaise…Puis il y en a qui sont restés cachés,
et avec raison, cherchant les leurs, parce que tu
peux pas t’avancer quand qu’on sait que les Allemands étaient partout,
dans le moment, il y en avait partout. Mais quand même,
ça vient que ça se réorganise. Mais ça a pris quelques heures avant
qu’on soit réunis un peu, puis là, on voyait qu’il y en avait quelques uns
des gars y étaient pas. On vient qu’on se questionne.
Un tel y est pas, l’autre y est, on l’a pas vu…
C’est le premier gros coup, ça, qu’on appelle.
Mais après ça, graduellement, on venait qu’on s’habitue à ça.
On s’habitue. C’est rien de drôle, mais un part… Une journée
on en perdre deux, des journées on en perd pas.
D’autres journées quinze, dix, cinq blessés, cinq morts.