Tir ami dans le chaos

Des héros se racontent

Tir ami dans le chaos

Transcription

On bombardait. On était en France. Vers la fin de la guerre, à un moment donné, les armées alliées avaient entouré un groupe d’Allemands. Une grosse armée puis nous autres aussi. Ça c’était vers la fin de la guerre. Puis, nous autres, on était appelés à bombarder les Allemands qui étaient dans le milieu. Malheureusement, y’a un groupe d’avions qui ont bombardé, pas les Allemands, mais ils ont mal tombé... ils sont tombés sur un régiment de Polonais. Puis, je me rappelle, à la fin de la guerre, j’étais en Écosse à l’hôtel. J’étais au bar, puis y’avait deux aviateurs qui étaient là, quand ils m’ont vu rentrer, un Canadien, là ils ont dit : « C’est vous autres qui nous avez éliminés. » Mais, je pense bien que tout le monde a dit la même affaire, mais c’était pas nous autres, c’était pas nous autres, non, certain. Nous autres, on a analysé l’affaire puis on a vu que c’était pas nous autres. C’était les Américains. Qu’est-ce que tu veux... ça arrive des erreurs. Il s’est tué autant de gens par des... Intervieweuse: Mais la guerre, c'est le chaos. Tu sais, les gens se demandent si [on haïssait] les Allemands. J'ai rien contre les Allemands, puis je pense bien que c'est la même chose pour eux autres. C'était la même chose pour eux autres, parce que, écoute... mon beau-frère, il était à la guerre. Lui aussi il a été descendu puis y'ont tombé en territoire allemand, puis savez-vous qu'ils ont été secourus par des Allemands, des bons Allemands. Ils les ont amenés à l'hôpital, ils les ont traités. Y'en a un qui est revenu, l'autre est décédé. C'est bien pour dire des fois. C'est parce que y'a pas de... la guerre, c'est pas rien que de la haine, on haït personne là. On nous dit « Vous allez défendre le pays ». Alors, moi, je défends mon pays. S'il faut que je fasse ça, j'vais faire ça. Puis, eux autres, c'est la même chose. Y'a pas de haine là-dedans, tu sais, c'est ça.

Description

Tout en nous racontant une triste anecdote de tir ami, M. Lafrenière nous amène à réfléchir sur la haine, la raison et le devoir.

Paul Lafrenière

M. Lafrenière est né à Montréal (Québec) le 8 juillet 1922. Devenu orphelin à l’âge de 13 ans, il termine ses études pré-universitaires à l’école Saint-Stanislas de Montréal et s’enrôle dans l’aviation en juin 1942. Pendant tout son service de guerre, il est posté en Angleterre d’où il mène des raids de bombardement aériens sur plusieurs champs de bataille du continent européen, dont le débarquement du jour J en Normandie (France). Il est rattaché au 438e Escadron de bombardiers Lancaster, mais il mènera également des missions avec les 420e et 425e escadrons. De retour au Canada, il travaillera dans le domaine des assurances jusqu’à sa retraite en 1990.

Catégories