Un coquelicot en souvenir
La force francophone
Transcription
UN COQUELICOT EN SOUVENIR
J'racontais, dans l'programme Mémoire, à des jeunes étudiants qui étaient au collège
dans un collège, ici, à Québec, et j'leur disais : « Vous avez pas d'idée...
Vous ne pouvez pas vous imaginer l'ampleur du conflit... » J'leur ai dit :
« J'vais vous donner comme exemple un marin marchand, ce que je
connais mieux... » Le marin marchand part d'un port américain ou canadien.
Il est à bord d'un pétrolier parc'qu'y faut beaucoup d'pétrole,
y faut d'la nourriture, y faut d'l'armement, y faut d'l'équipement, et cætera.
C'est les marins marchands qui ont transporté ça.
Les marins marchands ont commencé la guerre le 3 septembre 1939.
Et, d'ailleurs, la première victime, Anna Bird, qui était à bord
d'un navire anglais, a été torpillé. Alors, c'est la première victime,
une femme canadienne, de Verdun, Montréal, dans la région d'Montréal,
qui a perdu la vie. Alors, j'disais : « Des gens un p'tit peu plus vieux qu'vous
sont au travail parc'que y sont dans la marine marchande... » Peut-être que leur
vue était pas assez forte pour aller dans l'armée, ou dans les services,
y étaient peut-être des problèmes aux pieds, mais la marine marchande,
ça allait, pis y a des gens qui aimaient ça, pis, bon, finalement...
Alors, ce bateau... ce navire de pétrole, qui est un accessoire très important,
se dirige vers l'Europe. Et les Allemands, qui ont ces
sous-marins très efficaces, réussissent à couler le navire.
Torpille... Le marin marchand, qui est en plein milieu d'l'océan,
mettons, au cours de l'hiver... janvier, février... y fait froid, souvent,
la mer est très agitée, le pétrole coule, pis lui, qu'est-ce qui
va lui arriver ? Y va aller en-d'ssous, lui, là, en-d'ssous du pétrole.
Y est un peu plus vieux qu'vous autres, pis y est parti... Ben, j'ai dit :
« On a fait un monument, à Québec... » J'ai été responsable
de l'organisation de la corporation, d'la cueillette de fonds, et cætera,
nous étions une petite équipe et j'ai dit : « Si vous allez au port de Québec
vous allez voir le nom de 257 personnes qui demeuraient dans province de Québec... »
alors qu'la province de Québec avait pas sept millions d'population, le Canada avait douze
millions d'population, alors le Québec devait être, quoi, une partie d'ça, peut-être
deux millions. Et ces gens-là, j'ai dit : « Vous noterez l'âge... » Dix-neuf ans,
vingt ans, vingt-et-un, vingt-deux ans, et cætera... Il ont perdu la vie...
Dans les Antilles, y fallait chercher du bauxite et ce bauxite-là,
fallait qu'ça vienne vers Arvida parc'qu'à Arvida, on faisait d'aluminium.
Avec l'aluminium, on faisait des armes, on faisait des avions, et cætera,
et cætera, et cætera... J'ai dit :« Pour vous, le coquelicot, en novembre, ça dit
pas grand-chose... » Mais, j'ai dit : « Essayez d'vous imaginer ce que ça représente
pour moi et ce que j'essaye de vous communiquer... Et, si vous avez l'occasion de
voir, à la télévision, des films réels, là, sur les champs d'bataille,
la guerre, et cætera, prenez-donc cinq, dix minutes, pis r'gardez donc ça.
Ça va vous donner une idée de l'importance que représente une paix sociale... »
C'que nous avons, aujourd'hui, ici, et c'que nous devons conserver parc'que,
j'ai dit : « Ici, nous vivons au paradis... » Il s'agit de regarder les nouvelles, le soir,
à la télé, anglaise, française ou autrement, et vous allez voir que
chez nous, nous sommes des privilégiés.
Si les jeunes pouvaient comprendre la signification de c'coquelicot-là, pis
et cætera, mais on a peut-être le devoir, aussi, de leur faire connaître davantage
c'qui s'est passé. Cette année, on a au beaucoup de beaux programmes,
à la télévision, parc'que c'était le soixantième anniversaire d'la fin d'la guerre.
Mais y faudrait donc l'faire... J'sais pas c'qui s'fait au Canada anglais,
mais au Canada français, y a encore d'la place pour beaucoup de
communication et leur rappeler que ce que eux pensent, comme un peu...
embêtant de s'faire solliciter pour acheter un p'tit coquelicot, qu'y essayent
de voir qu'est-ce qu'y a en arrière de ça. Mais, c'est notre devoir de
leur enseigner, aussi, c'qui s'est passé. J'pense que de c'côté-là,
y a d'la place pour beaucoup d'amélioration. D'ailleurs, le programme Mémoires...
j'espère que ça va continuer, le programme Mémoire parc'que la mémoire
achève, là. Voyez-vous, moi, j'étais un jeune, dans c'temps-là.
J'vais avoir 79 ans bientôt. Alors, y a du quatre-vingts et plus...
Beaucoup d'quatre-vings plus... Alors, dans quelques années, là, les
Anciens Combattants, y en aura p'us. Et c'est normal, comme ça... Alors, faut essayer de
laisser un peu l'souv'nir de c'qui a été fait. Pis de l'communiquer...
Aujourd'hui, on a tellement d'moyens de communiquer...
Description
À chaque année, Jean-Luc Dutil rencontre des adolescents dans les écoles. Il nous parle de l’importance de raconter à la nouvelle génération ce qui s’est passé lors de la Seconde Guerre mondiale.
Jean-Luc Dutil
Jean-Luc Dutil est né à Alma le 7 septembre 1927. Alors qu’il était encore très jeune, sa famille et lui ont déménagé à Québec. Lorsque la guerre éclate, il a douze ans. Il est confronté aux horreurs de la guerre en croisant plusieurs blessés de guerre. C’est en 1944, à seize ans, qu’il décide de s’embarquer sur un vaisseau de la marine marchande. Il devient mécanicien et est également représentant syndical. Il quitte la marine marchande en 1949 et demeure très actif au sein de l’Association de la marine marchande canadienne.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 5:33
- Personne interviewée :
- Jean-Luc Dutil
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Emplacement géographique :
- Canada
- Branche :
- Marine marchande
- Grade militaire :
- Sous-officier
- Occupation :
- Mécanicien
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