Pourquoi le monde est sans amour?
La force francophone
Transcription
POURQUOI LE MONDE EST SANS AMOUR ?
C'est une option personnelle. J'aurais pu faire d'autres choses,
mais j'aimais voir c'qui s'passait en dehors de Québec.
J'voulais voir le monde, alors j'ai eu la chance, j'ai eu la chance de
visiter... D'abord, j'ai connu l'Europe tout suite en '46. En
février '46, nous étions à Sète, qui est tout près d'Marseilles,
avec un chargement d'charbon qui v'nait de Louisbourg, alors ça m'a permis
de voir les désastres causés par la guerre. C'est inimaginable,
c'est très difficile à décrire, d'abord, parc'que c'est
tellement lourd et j'me souviens très bien d'un séjour que nous avons fait
à Lorient, en Bretagne. Et, à Lorient, en Bretagne, c'était la base des sous-marins
allemands. Alors, j'avais un intérêt particulier parc'qu'y avait plusieurs
navires qui avaient été coulés et puis plusieurs de nos confrères qui étaient décédés en mer,
à la suite de ces bombardements-là, puis des torpillages, et cætera. Et, une jeune dame me
racontait, elle dit : « J'suis partie, un jour, pour aller travailler... Mais, j'ai laissé ma mère
à la maison, qui était une personne âgée... », et cætera, et cætera, « Et je suis revenue le soir,
pis y avait ni ma mère ni la maison... » C'est à ce point... C'était cette ville
que l'on pouvait voir un peu sur les photos, des cartes postales, les cartes de souv'nir...
Cette ville était devenue un champ de pierres. Y faut l'voir, ça. J'étais, un jour,
à Hull, en Angleterre, au nord de l'Angleterre, y avait une raffinerie,
à Hull et puis c'était, ça, à l'été de '46, peut-être au mois de mai '46.
Et pis, nous circulions, nous allions faire un p'tit tour en ville,
en autobus, et cætera. Puis j'r'gardais, là, des grands territoires, là,
où y avait des bouts d'solage, un bout de cheminée, les maisons étaient
complètement disparues et j'me disais, chez nous, on a nos résidences,
nos parents sont là, y a d'la sécurité, mes
soeurs – j'avais des soeurs – elles étaient aux études et j'm'imaginais que
cette situation triste, y était donc souhaitable qu'on ne revoit plus ça. Et, malheureusement,
on regarde Bagdad...
On regarde ça, nous, qui avons passé par là, et puis on peut pas s'imaginer que,
en Israël, au Pakistan, en Irak et certaines tribus, nations
africaines, peuvent s'entretuer. C'est difficile à comprendre
pourquoi l'être humain est-il comme ça ? Y avait une chanteuse française
qui chantait, y a plusieurs années, « Dites-moi pourquoi le monde est
sans amour... » [Tell me why is this a world without love]. Et c'est
triste de voir ça. Pourquoi le monde est sans amour... Y a un
espèce de manque de respect des uns envers les autres et lorsque j'étais jeune, nous avions
un cadeau par année. Nous étions tellement fiers d'avoir une paire de patins,
ou une paire de skis, ou quelque chose comme ça et, aujourd'hui, cette
abondance que l'on a connue, des automobiles aux portes des écoles, qu'y savent plus où placer...
où les placer... et les magasins qui font des promotions à toutes
sortes de raison... C'est l'halloween, c'est tantôt Noël, bien sûr, c'est
tantôt Pâques, et cætera. Les enfants ont tellement, même avant d'le désirer,
que j'me pose la question : « Qu'est-ce qui va s'passer
demain ? Qu'est-ce que ces gens-là, qui sont habitués de
recevoir tout sans même l'avoir désiré ou le demander... »
Et lorsque la situation du pétrole va dev'nir tragique,
pour ces gens-là, jeunes, d'aujourd'hui, il va y avoir d'énormes
sacrifices à faire. Nous les avons faits au début d'notre vie et
eux vont p't-être devoir le faire plus tard. C'est peut-être
pas optimiste trop, trop c'que j'raconte là, mais y a définitivement
des abus considérables qui ont été faits,
à toutes sortes de niveaux, que, un moment donné,
y va y avoir une correction et cette correction-là
n'est jamais facile...
Description
Réflexion sur la guerre et la désolation dont M. Dutil a été témoin.
Jean-Luc Dutil
Jean-Luc Dutil est né à Alma le 7 septembre 1927. Alors qu’il était encore très jeune, sa famille et lui ont déménagé à Québec. Lorsque la guerre éclate, il a douze ans. Il est confronté aux horreurs de la guerre en croisant plusieurs blessés de guerre. C’est en 1944, à seize ans, qu’il décide de s’embarquer sur un vaisseau de la marine marchande. Il devient mécanicien et est également représentant syndical. Il quitte la marine marchande en 1949 et demeure très actif au sein de l’Association de la marine marchande canadienne.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 5:01
- Personne interviewée :
- Jean-Luc Dutil
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Emplacement géographique :
- Canada
- Branche :
- Marine marchande
- Grade militaire :
- Sous-officier
- Occupation :
- Mécanicien
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