Ne pas fraterniser avec les Allemands
Des héros se racontent
Transcription
Et puis, moi je me suis dit « Bien... je me suis battu pour
l’Allemagne à c’t’heure, pour l’Europe. À c’t’heure j’vais
la voir, c’est ma chance de la voir. » Puis j’ai resté avec
l’occupation de l’Allemagne, hein. Là, j’ai choisi ça, mais
à peu près, ça, ça a été dur. C’était pas tellement
dangereux, il y avait des snipers, il y avait des... mais
c’était pas... le danger à comparer à ce qu’on avait vécu.
C’était une peanut. Il n’y en avait plus de danger. Mais
c’était assez intéressant puis assez difficile parce que, le
pire de tout c’est qu’il y avait la non-fraternisation. Je
sais pas si vous avez entendu parler de ça. On n’ avait
pas le droit de fraterniser avec les Allemands, ni les
Allemandes, hein, sauf officiellement, par affaire. Ce
qu’on faisait en gros, on cherchait les SS. Les SS ont leur
numéro imprimé, et puis c’est ça ce qu’on cherchait.
Surtout. Et puis là fallait bien leur parler, mais ça c’était
officiel. Mais quelqu’un qui était pris à fraterniser avec
ou un Allemand ou une Allemande, il pouvait être
condamné à la prison à vie ou la discharge avec
ignominie... discharge with ignominy ? Dishonorable
discharge, hein, qu’on appelait ça. Le mot français là...
Je m’excuse là, je suis français puis le mot français...
C’est des mots que j’ai appris en anglais, que veux-tu.
Bon. Puis, il y en a qui ont été condamnés à ça. Ça c’est
pas drôle. Ça, ça voulait dire, ce qu’on nous expliquait
du moins, ça voulait dire que t’avais plus, si t’avais une
discharge avec ignominie là, discharge with ignominy or
dishonorable discharge, t’avais plus le droit à aucun
travail pour le gouvernement. T’avais plus le droit à
rien de ton gouvernement. T’étais comme banni de ton
gouvernement, hein. C’est ce qu’ils nous expliquaient
du moins. J’sais-tu si c’est déjà arrivé, j’en sais rien,
arrivé à ce point-là, là. Mais que tu pouvais plus jamais
de toute ta vie travailler pour le gouvernement de
quelque façon que ce soit, hein. C’est grave ça. Ils
étaient aussi bien à te condamner à fusiller, bâtard !
Hein ? Pis ça c’était rien que le fait de fraterniser, d’être
pris à fraterniser avec un Allemand. C’est beau, hein ?
Ça c’était pas mal dur.
Description
M. Lafrance parle de l’interdiction de fraterniser avec les Allemands ou les Allemandes lors de l’occupation de l’Allemagne. En fait, il y avait de graves conséquences pour tout soldat pris à le faire.
Benoît Lafrance
M. Benoît Lafrance est natif de Hull, Québec. À l’âge de 18 ans, il s’enrôle avec l’armée canadienne; une décision qui changera sa vie à jamais. Il débute son instruction militaire à Ottawa, puis se rend en Écosse à bord du Queen Elizabeth. Encore de l’instruction militaire jusqu’au 6 juin 1944 lorsqu’il participe enfin au débarquement de Normandie. M. Lafrance sera au front un peu partout en Europe avant son retour au pays. Ses rêves le hantent toujours.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 2:38
- Personne interviewée :
- Benoît Lafrance
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Branche :
- Armée
- Grade militaire :
- Soldat
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- Date de modification :