Encore des cauchemars !

Des héros se racontent

Encore des cauchemars !

Transcription

Interviewer : Est-ce que ça vous passe toujours en tête... la peur c’est toujours quelque chose qui reste pendant toute... ? La nuit, la nuit, les cauchemars, des cauchemars. Ouais, malheureusement. Que veux-tu ? Interviewer : Encore maintenant ? Ah ouais, c’est une autre chose qu’il faut toujours contrôler. Il faut toujours essayer de contourner, si tu veux. Je me réveille la nuit des fois puis je prends une petite marche. Des fois, je vais prendre une douche froide même, pour me changer les idées. Coudonc. Ça arrête le cauchemar. Puis je prends des petites pilules, pas me le cacher, prend des petites Valiums, pas grosses. Je ne suis pas un dopé, bien loin de là. Je prend des petites Valiums. Des petites Valiums, ça aide, ça arrête les cauchemars. Qu’est qui arrive, ça m’aide à dormir. Tu sais il y a des fois que tu te réveilles en cauchemar, puis on dirait que le coeur veut sortir et monter dans la montagne, là tu sais. Se sauver dans la montagne. Fait que... faut bien prendre quelque chose pour le modérer. Je prends des petites Valiums, rien que des petites « 5 », pas... Comme je disais, je ne me dope pas, ça c’est vrai. Je ne bois pas et je ne me dope pas. Mais ça, ça modère les affaires. Il y a des nuits que je vais aller jusqu’à trois petites Valiums. Des nuits pas en toute, il y a des nuits que je passe des bonnes nuits, bien tranquilles. Je ne sais pas si le petit Jésus m’aide mais ça doit être là. Ça doit être ça. Des fois le petit Jésus m’aide puis... Puis, (rire) il ne m’envoie pas au front. Bien, coudonc. Quand (inaudible) c’est une petite Valium, c’est une petite marche, une petite douche, je ne le sais pas. Des fois je me mets à lire, je fais un mot croisé, n’importe quoi. Je pense à d’autres choses, je me change les idées. Je m’arrange pour essayer de sortir ça de là. Ça s’en va. Coudonc... pas le choix

Description

M. Lafrance raconte que la guerre ne le quitte jamais, particulièrement la nuit.

Benoît Lafrance

M. Benoît Lafrance est natif de Hull, Québec. À l’âge de 18 ans, il s’enrôle avec l’armée canadienne; une décision qui changera sa vie à jamais. Il débute son instruction militaire à Ottawa, puis se rend en Écosse à bord du Queen Elizabeth. Encore de l’instruction militaire jusqu’au 6 juin 1944 lorsqu’il participe enfin au débarquement de Normandie. M. Lafrance sera au front un peu partout en Europe avant son retour au pays. Ses rêves le hantent toujours.

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