Chacun son hamac
Des héros se racontent
Transcription
Interviewer : Sur le bateau, 22 000 personnes... Ça
devait jaser, ça devait...
Bien, comme je disais tout à l’heure, ça jasait bien sûr.
Ça jouait surtout aux dés puis aux cartes. Aussi drôle
que ça peut paraître, on jouait au bridge. Et puis...
parce qu’on... tout ce qu’on avait le temps de faire.
Écoute, les cabines là c’était... Dans une cabine qui, qui
normalement, j’imagine, en temps de paix là, quand les
gros messieurs voyagent là, les grosses madames et les
gros messieurs voyagent, c’était une cabine pour un
couple j’imagine. Mais on avait à peu près une
vingtaine de hamacs là-dedans. On couchait dans des
hamacs. Tu sais. C’est comme tu mettais ça ici...
mettons une cabine à peu près, grand comme ça.
T’avais une vingtaine de hamacs pendus là, hein. Puis
t’as chacun ton hamac. Mais ça ça veut dire une chose
par exemple c’est... une chose qui est embêtante là-
dedans, c’est que c’est pas pire, mais si il y en a un qui
est malade en l’air là, si il y en a un qui pogne le mal de
mer là, là la gang l’a tout ! Comprends-tu ? Puis pour le
mal de mer, sais-tu ce qu’ils te donnent là-dessus ? Des
oranges. Ils te font manger des oranges. Pour en
fournir 22 000 avec des oranges, ils doivent en avoir des
oranges en maudit ! Il devait en avoir un maudit stock.
Mais ils nous faisaient manger dans des oranges.
Curieux, hein ? Ouais... Mais en m’en allant, j’ai pas
vraiment eu le mal de mer. Mais en revenant, là je l’ai
eu fort. Parce qu’en m’en revenant, quand j’ai fini là,
c’était un vieux, vieux bateau. Ça s’appelait le Samaria.
Puis je pense que ça a été son dernier voyage. Un vieux
bateau pourri, tout rouillé. Ah Seigneur, ça ça faisait
dure ! Puis ça ça a pris deux semaines à s’en revenir là-
dessus. Là j’ai eu le mal de mer, pour vrai, pas à peu près.
Description
À vingt dans une cabine conçue pour deux, quand quelqu’un vomit tout le monde le sent !
Benoît Lafrance
M. Benoît Lafrance est natif de Hull, Québec. À l’âge de 18 ans, il s’enrôle avec l’armée canadienne; une décision qui changera sa vie à jamais. Il débute son instruction militaire à Ottawa, puis se rend en Écosse à bord du Queen Elizabeth. Encore de l’instruction militaire jusqu’au 6 juin 1944 lorsqu’il participe enfin au débarquement de Normandie. M. Lafrance sera au front un peu partout en Europe avant son retour au pays. Ses rêves le hantent toujours.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 2:17
- Personne interviewée :
- Benoît Lafrance
- Guerre ou mission :
- Seconde Guerre mondiale
- Branche :
- Armée
- Grade militaire :
- Soldat
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- Date de modification :