Les Canadiens noirs en uniforme — une fière tradition
Ayant souvent dû surmonter de grands obstacles pour s'enrôler dans l'armée, les Canadiens noirs se sont démarqués par leurs sacrifices et leurs réalisations au fil des années.
Table des matières
L'avant-Première Guerre mondiale
La Première Guerre mondiale
La Seconde Guerre mondiale
La guerre de Corée et l'après-guerre
L’avant Première Guerre mondiale
Introduction
La tradition du service militaire par des Canadiens noirs remonte à bien avant la Confédération. En effet, de nombreux Canadiens noirs peuvent retracer leurs racines familiales à partir des Loyalistes qui ont émigré au Nord dans les années 1780, après la Révolution américaine. On avait offert la liberté et des terres aux esclaves américains s'ils acceptaient de se battre pour la cause britannique et des milliers saisirent cette occasion pour se faire une nouvelle vie dans l'Amérique du Nord britannique.
Cette tradition du service militaire ne s'arrête pas là; des soldats noirs ont vu de l'action au cours de la guerre de 1812, en contribuant à défendre le Haut Canada contre les attaques des Américains. Un certain nombre de bénévoles ont été réunis dans la Company of Coloured Men, qui a joué un rôle important dans la bataille de Queenston Heights. Des membres de la milice noire ont aussi combattu dans beaucoup d'autres batailles importantes au cours de la guerre, pour aider à repousser les forces américaines. Les soldats noirs ont également joué un rôle important lors de la Rébellion du Haut Canada (de 1837 à 1839). En tout, environ 1 000 hommes de la milice noire combattant dans cinq compagnies ont aidé à arrêter la révolte, en prenant part à certains des incidents les plus importants, comme la bataille de Toronto.
Des volontaires noirs ont aussi servi dans les forces britanniques à l’étranger, y compris dans la Royal Navy. En effet, un de ces hommes, William Hall, a reçu la Croix de Victoria (la plus haute distinction pour bravoure militaire) pour ses actions courageuses en Inde en 1857.
Victoria Pioneer Rifle Corps
Des Noirs dans l'Ouest ont aussi forgé leurs propres traditions militaires. À la fin des années 1850, des centaines de colons noirs ont déménagé de la Californie à l'île de Vancouver, à la recherche d'une vie meilleure. Environ 50 des nouveaux immigrants ont vite organisé le Victoria Pioneer Rifle Corps, une force de volontaires, tous noirs, aussi connus localement comme les African Rifles . Même si le corps a été dissous en 1865 après seulement quelques années d'existence, il a été la première unité de milice officiellement reconnue dans la colonie de la côte Ouest.
Quelques Canadiens noirs ont aussi fait partie du contingent canadien qui est allé à l’étranger pendant la guerre d’Afrique du Sud, de 1899 à 1902. Toutefois, la Première Guerre mondiale qui a éclaté une décennie et demie plus tard a été l’occasion d ’un grand changement dans la façon dont les Canadiens noirs ont servi.
La Première Guerre mondiale
Désireux de servir
Comme tant d'autres personnes emportées par l'enthousiasme et le patriotisme que la Première Guerre mondiale (de 1914 à 1918) a d'abord suscités, les jeunes Canadiens noirs étaient désireux de servir leur pays. À l’époque, cependant, l’attitude et les préjugés de plusieurs personnes responsables de l’enrôlement militaire faisaient en sorte qu’il était très difficile pour ces hommes de s’enrôler dans l’Armée canadienne. Malgré les obstacles, des Canadiens noirs ont réussi à s’engager pendant les premières années de la guerre. Mais les Canadiens noirs voulaient avoir la chance d’apporter leur contribution, et ils firent pression sur le gouvernement pour qu’il leur permette à eux aussi de servir.
Le 2e Bataillon de construction
Le 5 juillet 1916, le 2e Bataillon de construction a été formé à Pictou, en Nouvelle‑Écosse – la plus grande unité militaire noire de l’histoire canadienne. Le recrutement a eu lieu partout au pays et approximativement 800 de ces recrues allaient servir au sein du Bataillon à un moment ou un autre pendant la guerre. La plupart étaient originaires de la Nouvelle‑ Écosse, mais d'autres provenaient du Nouveau‑ Brunswick, de l’Ontario, de l’Ouest, et même certains des États‑Unis. L’aumônier du Bataillon noir était le révérend William White, qui avait également joué un rôle de premier plan dans la création de l’unité. Il a reçu le grade de capitaine honoraire – l’un des rares officiers noirs à servir l’Armée canadienne pendant la guerre.
Le bataillon ségrégué a été chargé d'un rôle de soutien sans combat. Après son service initial au Canada, le bataillon monte à bord du SS Southland à destination de Liverpool, en Angleterre, en mars 1917. Ses membres sont envoyés dans la partie est de la France plus tard en 1917, où ils ont servi honorablement avec le Corps forestier canadien.
À cet endroit, ils ont aidé à fournir le bois nécessaire à l'entretien des tranchées sur les lignes de front, ainsi que contribué à l’amélioration de routes et à la construction d’un chemin de fer. Après la fin de la Première Guerre mondiale en novembre 1918, les hommes ont navigué jusqu'à Halifax au début de 1919 pour revenir à la vie civile et l'unité a été officiellement dissoute en 1920.
Service distingué
Outre les membres du bataillon noir, plus de 700 Canadiens noirs – y compris des soldats comme James Grant, Roy Fells, James Post, Lancelot Bertrand, Henry Thomas Shepherd, Miles Dymond, Jeremiah Jones et Curly Christian – ont réussi à joindre d’autres unités. Ils allaient faire preuve d’un service distingué qui dans certains cas, leur a mérité des médailles de bravoure pour leur implication lors des batailles de Ypres, de la crête de Vimy, de la cote 70 et de Passchendaele.
Les Canadiens noirs sur le front intérieur
Les Canadiens noirs ont également apporté des contributions importantes sur le front intérieur. Ils ont aidé à remporter la victoire en travaillant dans des usines qui fabriquaient les armes et les fournitures nécessaires aux soldats qui se battaient à l'étranger, et en prenant part à des activités patriotiques comme des collectes de fonds pour l'effort de guerre.
De nos jours, le service spécial du « Bataillon noir » et d'autres Canadiens noirs qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale est commémoré comme une pierre angulaire de la fière tradition du service militaire des Noirs dans notre pays.
La Seconde Guerre mondiale
Les Canadiens servant ensemble
Un peu plus de 20 ans après la fin de la « guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres », la Seconde Guerre mondiale (de 1939 à 1945) a éclaté et s’est rapidement étendue dans toute l’Europe et le monde entier. La Seconde Guerre mondiale a connu une croissance considérable dans la façon dont les Canadiens noirs ont servi dans l’armée. Bien que certaines recrues noires se soient heurtées à de la résistance lorsqu’elles essayaient de s’enrôler dans l’armée, aucun bataillon ségrégué ne fut créé, contrairement à ce qui s’était fait au cours de la Première Guerre mondiale. En effet, des milliers de Canadiens noirs ont servi pendant la guerre la plus sanglante que le monde ait jamais connue. Ces braves hommes et femmes se sont joints à tous les Canadiens servant ici au pays, en Angleterre et sur les champs de bataille de l’Europe. Ensemble, ils ont servi dans des endroits comme l’Italie, la France, la Belgique et les Pays‑ Bas.
Au cours des premières années de la guerre, cependant, la Marine royale du Canada et l’Aviation royale du Canada n’étaient pas aussi inclusives dans leurs politiques. Cela ne signifie pas que certains pionniers Canadiens noirs n ’ont pas trouvé un moyen de persévérer et de servir. Certains marins noirs ont servi dans la Marine, et des aviateurs noirs ont servi soit avec l’équipe au sol ou avec l’équipage de la Force aérienne, au pays et en Europe.
La contribution des militaires noirs était sans pareil et plusieurs ont été récompensés pour leur bravoure. Certaines femmes noires se sont aussi enrôlées dans l’armée, servant dans des rôles de soutien, afin qu’un nombre accru d’hommes soient libres de servir sur les lignes de front.
Les efforts du front intérieur pendant la Seconde Guerre mondiale
De retour au front intérieur, les Canadiens noirs ont contribué à nouveau de façon importante en travaillant dans des usines qui produisaient des véhicules, des armes, des munitions et d'autre matériel pour l'effort de guerre, et en prenant part à d'autres efforts patriotiques tels que les campagnes d'obligations d'emprunt de guerre. Les femmes noires travaillaient à des emplois essentiels dans de diverses industries, comme par exemple dans les usines de fabrication de munitions dans le centre du Canada, ou dans les chantiers navals de la Nouvelle-Écosse, remplaçant des hommes qui effectuaient généralement ce travail, mais étaient partis combattre à la guerre.
Le droit à l’égalité
Le service des Canadiens noirs au cours de la Seconde Guerre mondiale demeure une source de fierté et a constitué une mesure de la façon dont les Canadiens noirs étaient de plus en plus intégrés à l’ensemble de la société canadienne. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la tradition des Canadiens noirs au service de l’armée s’est poursuivie et a évolué.
Médailles
Page principale du médaillesLa guerre de Corée et l'après-guerre
Évolution des rôles
Pendant la guerre de Corée (de 1950 à 1953), les Canadiens sont retournés sur le champ de bataille à peine cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, voyageant à l'autre bout du monde pour joindre les forces de combat des Nations Unies en vue de rétablir la paix en Corée. Les soldats noirs ont fait partie des troupes de l'Armée canadienne envoyées pour se battre si loin de leur pays.
Démanteler les politiques racistes dans l'armée
Bien que certaines traces de discrimination aient persisté persistaient dans les pratiques canadiennes en matière de recrutement militaire au milieu des années 1950, les Canadiens noirs sont devenus plus établis dans la Marine royale du Canada et l'Aviation royale du Canada. Par exemple, Raymond Lawrence a joint la Marine en 1953 et est devenu le premier maître de 1re classe noir et le premier capitaine d'armes noir sur un navire canadien.
Le major Stephen Blizzard de la Force aérienne était un médecin de l'air et il a également obtenu son brevet de pilote d'avion à réaction au cours des années 1960. Pionnier en aviation et en médecine, il a connu une carrière longue et diversifiée dans l'Armée canadienne. Sa contribution en matière de médecine aéronautique a été importante dans les domaines militaire et civil. En savoir plus sur le major (à la retraite) Stephen Blizzard
Au cours des décennies qui ont suivi la guerre de Corée, les Canadiens noirs ont continué à servir dans toutes les branches de l'Armée, au pays et dans des opérations aux quatre coins du monde pendant la guerre froide et dans des efforts internationaux de maintien de la paix (dès la première grande mission de paix des Nations Unies en Égypte au cours de la crise de Suez des années 1950).
Sacrifice
De nos jours, les Canadiens noirs poursuivent l'effort des pionniers qui ont ouvert la voie; ils portent l'uniforme avec fierté et prennent part aux sacrifices et aux réalisations des Forces armées canadiennes. Les efforts de notre pays en Afghanistan ont un coût élevé, un prix que les soldats noirs ont également payé. Des hommes courageux comme Ainsworth Dyer et Mark Graham comptent parmi les 150 membres des Forces armées canadiennes et plus qui ont perdu la vie en Afghanistan depuis 2002.
Anciens Combattants Canada remercie Kathy Grant et Sarah Onyango pour l’aide qu’elles ont apportée dans l’élaboration des ressources commémoratives du Ministère concernant le service militaire des Canadiens noirs.
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