En 1932, on a quitté la ferme
et c’est là qu’on s’est en allés à Casselman.
J’ai grandi à Casselman de 7 ans à 16 ans.
À Casselman j’ai fini l’école, j’ai commencé à travailler
mais ça pas pris de temps que
je voulais rentrer dans les forces militaires.
Je voulais être un soldat, comme on disait dans le temps.
Je me suis arrangé et j’ai essayé d’entrer dans l’armée, j’avais 16 ans.
Seulement, je leur ai dit que j’avais 18.
Le caporal qui faisait le « paperwork » a demandé mon certificat.
Dans ce temps-là ça prenait un certificat.
Je lui ai montré.
Il dit tu n’as pas 18 ans, tu as rien que 16 ans.
Il dit tu ne peux pas rentrer, tu es trop jeune.
Il dit, mais si tu veux, je peux garder ton application
et on s’en servira quand tu auras 18 ans, j’ai dit oui.
Je me suis en allé chez nous avec ça
mais j’étais pas trop content de tout ça.
Un mois plus tard, au commencement d’octobre,
j’ai retourné à Ottawa, j’ai fait application,
mais ce coup-là, j’ai dit que j’avais 19 ans.
La première fois ils m’ont pas pris, fait que je vais dire que j’ai 19.
Là ils ne m’ont pas demandé mon certificat, rien de ça.
Là, j’ai rentré.
J’ai rentré à Ottawa, on a fait à peu près deux semaines à Ottawa,
on a appris comment être à l’attention, marcher,
avec les autres militaires.
Je trouvais ça dur sur les jambes pour commencer.
Mais je me suis habitué vite.
Quand vous avez décidé de vous enrôler, comment vos parents ont réagi?
Mon père me disait c’est ta décision, j’interviendrai pas.
Ma mère, elle, était pas trop enchantée,
mais c’était mes décisions et elle respectait ça.
Mais vous étiez quand même jeune?
Oui, j’avais 16 ans, mais mon père m’a tout le temps dit,
il faut respecter la décision des enfants.
Si on essaie d’intervenir, ça ne fera rien de bien.
C’est pour ça qu’il nous a laissés libres.
C’est de même que ça s’est arrangé chez nous.
Comme de raison, je l’ai appris plus tard, mais ma mère a versé
beaucoup de larmes, que j’ai appris plusieurs années plus tard,
lorsque j’écrivais chez nous de l’Angleterre, ma mère gardait
les lettres, elle les lisait, les relisait 3 ou 4 fois, en pleurant.
Ça, ça fait mal.
Est-ce que vous connaissiez le monde militaire,
est-ce que dans votre famille
il y avait des gens qui ont servi dans la Première Guerre?
Dans la Première Guerre,
il y avait un de mes oncles qui était militaire.
Lui, il s’est rendu en Angleterre mais il n’a jamais été au combat.
On avait ce portrait-là chez nous.
Je ne sais pas si c’est là qui m’est venu le goût d’être militaire,
mais ce portrait là je l’admirais quelque chose de rare.
Quand vous avez appris que le Canada était en guerre,
vous étiez quand même assez jeune,
est-ce que vous vous rappelez comment vous avez réagi?
J’ai réagi, dans ce temps-là, j’étais pas mal jeune pour réagir,
mais je me rappelle une chose, en 1940, le premier contingent
qui avait pris le bateau pour se rendre en Angleterre,
il y avait un portrait dans le journal, le journal Le Droit.
J’avais dit à maman, mosus qu’ils sont chanceux eux autres.
Ma mère a répondu, dis pas ça.
Elle, elle réalisait le danger qu’il pouvait y avoir,
mais moi, c’était l’aventure que j’aimais et le militaire,
j’aimais ça, n’importe quoi de militaire,
si je pouvais me trouver des livres qui parlaient du militaire, j’aimais ça.
Ça me fascinait.
C’est pour ça, d’une affaire à l’autre, j’étais assez content,
c’était un rêve de très jeune
qui se réalisait quand j’ai entré dans l’armée.