Le pire était passé.
Le pire du débarquement?
Le pire du débarquement.
Mais il y a eu d’autres combats qui ont suivi?
Oh oui, le combat, celui de Caen, lui, par exemple,
parce que quand on a débarqué, supposément, ils étaient
supposés de prendre la ville de Caen la première journée.
Ils ne l’ont pas pris, ils l’ont pris un mois plus tard.
Quand on a pris Caen, là c’était une grosse bataille.
Parce que Caen était défendue par des troupes SS,
des troupes spéciales d’Hitler.
Eux autres, c’est rien que les Allemands qui sont des bons
puis tous les autres c’est pas bon.
Ils ont subi des lavages de cerveaux.
Eux autres ils ne se donnent pas prisonnier.
S’ils sont morts.
À part de ça bien rare, il y a bien peu de prisonniers SS,
parce que eux autres ils n’abandonnaient pas.
S’ils avaient des munitions, ils se défendaient.
La seule manière qu’on pouvait les faire prisonniers
c’est si ils avaient pas de munitions.
Autour de Caen, vous avez été témoin de combats féroces,
pouvez-vous nous parler un petit peu de votre rôle?
Non, j’ai pas été témoin de combats,
dans le Corps médical on est tout le temps en arrière de ça.
Mais vous avez vu quand même les blessés arriver?
Ah, les blessés arriver, oui.
Des blessés arriver de toutes les sortes.
Surtout par balles, ou bien donc par des éclats d’obus.
Avant la prise de Caen, on était stationnés nous autres
peut-être bien à 2 miles de la ville de Caen,
2 miles ou peut-être plus proche, et il y un avion allemand
qui était venu une nuit et puis qui était venu bombarder.
C’était des bombers anti personnelles.
Ça c’était un gros caissier et puis il y a plein
de petites bombes là-dedans avec des ailerons.
Ils les laissent descendre tranquillement.
La caisse de ça était tombée devant notre cuisine,
notre camion ou est-ce qu’il y avait nos cuisiniers.
Les petites bombes ont tombé un petit brin partout,
mais quand on est arrivés là, nous autres,
moi et mes deux camarades, on avait pris un fossé
puis on avait élargi le fossé pour un abri.
Puis quand l’avion est venu au-dessus,
tous les autres, j’entendais les autres,
moi je n’étais pas avec les autres.
Je m’étais choisi une place,
d’après moi c’était pas sur où ce qu’ils se plaçaient les autres.
J’ai dit, moi je vais me coucher en dessous du camion,
la tête près de la roue en arrière.
De même, si quelque chose arrive,
la roue va me protéger.
J’étais bien là.
Les autres étaient sur le côté.
Mais quand l’avion a « ressoud » au-dessus de nous autres,
j’entendais les autres, ça partait tous.
Finalement, j’étais réveillé avec tout le carnage que ça faisait…
peut-être bien je suis mieux d’aller me cacher.
Comme de raison, tous les autres étaient partis, moi j’étais tout seul.
Notre abri qu’on avait creusé quand on était rien que deux,
il n’y avait plus de place pour moi.
Ça m’avait pris trop de temps à me décider d’aller me cacher,
il n’y avait plus de place pour moi!
Aujourd’hui j’en ris, mais j’avais pas aimé ça
Il y avait eu des explosions à ce moment-là?
Ce soir-là, on a perdu 2 de nos camarades.
Eux autres, ils avaient décidé d’étendre leurs couvertes plus loin un peu,
seuls, à part des autres,
et il faut croire qu’il y a une bombe anti personnelle
qui est tombée proche d’eux autres,
il y en a deux qui sont décédés cette nuit-là.
On les a trouvés le lendemain matin.
C’est pas moi qui les ai trouvés, c’est les autres qui les ont trouvés,
ils nous ont dit ça par après.
Un tel s’est fait frapper la nuit passée.
Est-ce qu’ils ont été enterrés?
Ils ont été enterrés drette-là.
Est-ce qu’ils ont eu droit à un service militaire?
Non, pas de service militaire, on creusait un trou,
on l’enveloppe dans une couverte, on l’attache avec des cordes.
S’il a des papiers personnels sur lui, le Padre prend tout ça.
On creuse un trou puis on l’enterre là.
Il y a des prières, par exemple, qui sont dites,
le Padre est là et va le bénir, bénir le corps,
des prières qui sont dites, puis on l’enterre là.
Le Padre prend la place, il n’y a pas de marqueur,
pas de croix, il n’y a pas rien pour marquer où il est enterré.
Mais le Padre prend le nom du décédé,
et l’emplacement où il est enterré.
Il prend ça et garde ça dans son livre et c’est envoyé,
probablement au « Headquarters », quelque chose comme ça.
C’est comme ça qu’ils peuvent retrouver les morts par après.
Là on ne cherche pas de cimetière militaire,
il n’y a pas de cimetière militaire.
Où il est décédé, c’est où il est enterré.
Le Padre assiste pour prendre les coordonnées, où il est enterré.
Est-ce que ça a affecté les gens de votre unité?
Du tout, du tout.
Il y avait du travail à faire?
On a du travail à faire, on va le faire.
Et dans mon cas, moi ça m’a pas affecté
et je pense que ça a affecté aucun des autres.
On a un travail à faire et on fait notre ouvrage.
Eux autres sont morts?
OK, ça en fait un de moins, c’est tout.
Il va être remplacé.