Combien de temps il s’est passé
avant que vous soyez envoyé vers la France?
Écoutez, j’ai débarqué, nous autres on a fait plusieurs places
après ça, tout le temps dans le 23e Field Ambulance.
On a été en entrainement en Écosse,
là c’est la première fois que je voyais un « landing tank ».
On a embarqué et on a traversé, je ne sais pas si c’est une rivière,
mais pour moi, on a débarqué sur une ile en Écosse,
mais tandis qu’on était là, ils nous ont enseigné comment,
si on tombait à l’eau, il y avait des câbles, on se trainait.
Moi je ne savais pas nager.
Je prenais le câble, je me trainais, jusqu’à la rive
mais il y avait un de mes camarades,
on avait des « Mae West », des flottants.
Mon camarade, je m’aperçois, se roulait sur le câble.
Je dis, qu’est-ce que tu fais là?
Il dit, La « Mae West » elle ne veut pas me porter.
Je dis voyons donc, je suis plus pesant
que toi et ça me porte moi.
Il s’est lâché, mais quand il s’est lâché,
il s’est lâché tout d’un coup, il me met la main sur la tête.
Ah tabarouette!
J’ai envalé de l’eau, je ne sais pas si vous savez,
j’ai crié et là l’officier est venu tout de suite.
Il dit, es-tu correct?
J’ai dit moi je suis correct, mais lui, ramène-le au port.
Donc on vous préparait pour le débarquement de Normandie?
Oui, on nous préparait pour le débarquement de Normandie.
« Assault training ».
D’après moi, c’était l’« assault training ».
Quand on est partis de là, on retournait pour l’Angleterre,
là ils nous ont mis « CB », «Confined to barracks ».
Là, personne ne pouvait rentrer, personne pouvait sortir.
Donc ça c’est quelques jours, quelques semaines?
Ça c’est à peu près peut-être un mois
avant le débarquement de la France.
Donc là on est rendus en 1944, c’est juste avant le jour J?
Oui, ça fait longtemps qu’on est rendus en 1944.
Même ce que je viens de vous conter,
quand on montait en montagne, c’était en 1944 ça.
Est-ce que vous saviez qu’on préparait
le débarquement à ce moment-là?
Oui, on savait, mais on savait pas quand et on savait pas des bouts.
Mais quand on est arrivés au camp où je vous dis,
on était « Confined to barracks » personne pouvait renter,
personne pouvait sortir, là ils nous ont dit où
on s’en allait au juste et où les Américains étaient pour être.
Mais c’est pour ça que là ils nous en avaient dit assez,
on en savait assez, on ne pouvait pas sortir, personne pouvait rentrer.
Si il y en avait qui rentraient, ils ne pouvaient pas sortir.
Ça finissait là.
Il est arrivé, justement, une troupe de théâtre qui sont venus,
et puis, pour nous faire un spectacle,
mais eux autres ont été pris avec nous autres.
Ils ne pouvaient plus sortir, ils ne pouvaient plus
s’en retourner parce que nous autres on en savait,
au cas qu’on leur a dit des choses qu’on
aurait pas dû dire, ils ne pouvaient plus sortir.
Comment était le moral, comment les hommes étaient à ce moment-là?
Le moral était très bon.
On était tous satisfaits de ça et on était contents,
on regardait, je ne peux pas parler pour les autres,
mais pour moi, « I was looking forward to it ».
J’étais content d’aller.
La manière qu’ils nous avaient expliqué ça,
on pouvait pas manquer notre coup.
Puis on a pas manqué notre coup non plus.
Vous étiez beaucoup d’hommes à cet endroit-là?
Oh, Bon Dieu!
Quand on était à ce camp-là, on était mélangés,
il n’y avait pas rien que le Corps médical, il y avait
l’infanterie qui était avec nous autres, le Winnipeg Rifles
était avec nous autres, juste aux côtés du chemin,
de nous autres, il y avait des tentes.
Là c’était plus pareil, ils avaient emmagasiné des films,
on regardait des films, c’était pas nécessairement des films de guerre,
n’importe quel film, quelque chose pour nous divertir.
On regardait des films.
Mais quand on est partis de là, par exemple, là on a été dans un
autre camp où il y avait des Américains, là c’était encore plus gros.
Là c’était entendu que personne sortait,
personne entrait, il y avait des gardes.
Il y avait des activités, par exemple, du volley-ball,
des choses comme ça.
Il n’y avait pas rien que le volley-ball,
il y avait toutes sortes d’activités.
Il y en avait qui jouaient aux cartes.
Dans l’armée, il y en avait beaucoup qui jouaient aux cartes,
au poker, moi c’était pas mon cas,
mais il y en avait beaucoup qui jouaient à n’importe quelle sorte de jeu,
et ils jouaient à l’argent.
Mais moi, j’aimais le volley-ball,
je n’étais pas le meilleur, mais ça fait rien, j’aimais ça.
Donc vous vous étiez dans les activités sportives à ce moment-là?
C’était les activités sportives surtout, pour nous tenir occupés.
Il n’y avait plus de marches, rien d’autre, c’était juste sportive.
De là, par petits groupes, quand ils tiraient notre numéro,
quand ils ont tiré le numéro du 23e Field Ambulance,
là on a embarqué dans le camion et ils nous ont amenés au bateau,
à Southampton, si je me rappelle bien.