« À bas l’ONU, à bas l’ONU »

Des héros se racontent

Attention!

Cette vidéo contient des scènes au contenu graphique qui pourraient choquer, et est réservée à un auditoire averti.

« À bas l’ONU, à bas l’ONU »

Transcription

J’ai vécu encore plus pire que ça. Il y a eu un appel, c’était un nommé Rail. Mon « partner » était en arrière avec un autre jeep, moi j’étais avec un Danois. On avait une section de Tunisie, une dizaine d’hommes de support. Nous on reçoit, c’est pas mal « hot » ce soir-là, ils ont dit il y a une bataille à telle place. On s’en va là nous autres. Deux jeeps, quatre policiers militaires, une section, on s’en va là. Mais c’était plus ça. On arrive là, : « À bas l’ONU, à bas l’ONU », la mitraillette nous pointait, les câbles. J’ai dit qu’est-ce qu’on fait? J’ai dit à mon chum en arrière, je vais aller en avant, et si je ne reviens pas, je m’en vais pas d’arme, la mitraillette est en-dessous du siège. Je suis allé avec le Danois, ils commencent à pointer avec la carabine. Calme, j’ai dit. Canada. Police militaire, on fait enquête. Calmez-vous. Je connaissais quelqu’un, un Congolais dans la police. Il m’appelait M. Marcel, venez ici. Regardez! On arrive là, un massacre. Des gens coupés à coups de mitraillette. On arrive là. Je fais quoi, moi là? J’étais juste un petit dans cette gang là, je fais quoi? Bon. J’ai dit on s’en occupe. J’ai reculé, j’ai appelé quelqu’un de mon radio, j’ai dit appelez le quartier général qu’ils envoient quelqu’un d’autorité pour s’en venir. Là, ça marchait mal, c’était « hot ». On discutait, on parlait beaucoup. Il y avait des sacres dans ce temps-là mais eux ne comprenaient pas. On a reculé. Il y avait les Noirs là, il y avait les Tunisiens là. Nous autres on ne sait pas ce qui s’est passé. Les Tunisiens là, nous autres on est dans le milieu. On était 6-7. Tout à coup ils amènent les Arabes, les Tunisiens là, et ils crient « Au secours » en arabe, nous autres on ne comprend pas. La section de Tunisiens, la mitraillette prête à tirer sur les Noirs. Là on fait ça, ça avait l’air stupide « Tirez pas, tirez pas, tirez pas ». Et ça s’est calmé. Donc vous avez été, vous avez, comme on dit, calmé la situation, sinon ça aurait pu dégénérer? Ah oui, même j’aurais pu me faire tuer, je suis certain de mon coup. Je m’en vais pas d’arme, s’ils me tuent, c’est un meurtre. Pas d’arme. Eux autres, je voyais les câbles, je savais comment ça se passait avec eux autres. C’est une expérience et j’y pense encore. Ça a jamais parti. Ça me fait penser au petit bébé en dessous d’un pont, au Japon, et ça, ça m’a bien frappé. Donc des images qui restent toujours en tête. Toujours là, comment tu prends des pilules, ça change rien. J’en ai pris des pilules et j’ai arrêté. J’ai été voir un psychiatre et ça a rien changé. C’est encore là. Ils disent toujours, mets des fleurs, écoute, c’est toujours là. C’est comme un film, je suis capable de le dire exactement. Combien de temps ça a duré cet événement là? Au moins un 25-30 minutes. J’ai pas compté le temps, mais quand tu demandes du secours, tu as hâte d’en avoir, OK. On était rien que 4, là la gang est arrivée. Comment ça s’est tassé, comment ça s’est placé? Le capitaine en charge des opérations, Capitaine Mario Côté, c’est l’officier de liaison, puis ça s’est calmé. Et puis le reste de votre temps au Congo, est-ce que ça été un petit peu la même chose que vous avez vécu au Japon, en Allemagne? Non, c’était pire là. C’est la pire mission que j’ai jamais vue.

Description

M. Labelle nous fait part d’une situation explosive qu’il a réussi à désamorcer lors d’un attroupement au Congo.

Marcel Labelle

Monsieur Labelle est né en 1933 à Montréal. Son père a servi lors de la Seconde Guerre mondiale et M. Labelle a donc dès son jeune âge été exposé à la vie militaire. Il s’est enrôlé en 1949 à 16 ans et a ensuite joint le Corps de prévôté canadien. Il a servi au Japon durant la guerre de Corée, ensuite en Allemagne, au Congo et à Chypre, durant sa carrière militaire de 27 ans avec les Forces armées canadiennes.

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