En Allemagne, moi, j’ai pas sauté avec notre bataillon. J’ai
été en avion avec pas de moteur là, c’est un glider qu’ils
appellent. Et puis on était... y’avait deux gliders canadiens.
Les autres c’étaient tous des anglais, mais y’en avait seulement
deux des groupes du Canada. On a été prendre un cours pour
apprendre comment détacher tous les Jeeps puis les trailers qui
étaient dans le glider. Et puis on est parti, puis quand on
s’est aperçu qu’on était en l’air, c’était un avion, un gros
bomber qui nous tirait avec deux câbles, puis y’avait un autre
glider qui était à côté de nous autres. La même chose, la
même... mais, quand on est arrivé à la rivière Rhine, Rhine
River, l’autre glider s’est fait frapper puis y’a crashé, oui
y’a tombé. Et puis, nous autres on a débarqué et puis quand on
a arrivé à terre, on a débarqué le Jeep puis le trailer puis on
était dans un grand champ. Et puis, nous autres, le sergent on
ne s’avait pas aperçu, mais il s’avait aperçu, y’avait vu
l’autre tomber à terre puis la tête y’est toute virée blanche,
puis ça a manqué de chavirer. On a eu une terrible peur nous
autres. Ça tirait partout, c’était un gros, un gros bruit, oui.
Et puis, y’avait pas d’endroit pour s’asseoir. Le sergent
conduisait le Jeep puis l’autre gars était assis avec lui, puis
moi je me suis assis sur le devant du Jeep, sur la windshield
oui. Et puis on a été un petit bout puis on a fessé dans un
trou, puis j’ai cassé la windshield. Puis il m’a... y’a
commencé à me disputer à cause de ça, puis j’ai dit : « Bien, je
vais payer pour ca. » « Bien oui, tu vas payer pour ça. » Puis
on est arrêté, puis on était dans un grand champ, puis j’ai dit :
« Il faut se décoller parce qu’on est un gros target icitte. »
Ça fait, on a été un bout puis y’avait un autre officier qui
était blessé dans un trou là avec un gars avec lui, puis il
voulait le ramasser pour l’amener au médecin. Puis l’officier a
dit :« Va-t’en parce qu’on va tous se faire tuer si t’arrêtes
ici. » « Non, non, il dit, il va venir avec moi. » L’officier
a sorti son fusil et il dit : « Va-t’en d’ici parce que on va
tous se faire tuer. » Ça fait, on a parti, on a fait un autre
bout puis y’avait une clôture, puis moi j’ai sauté pour couper
la clôture; on avait tous des pinces pour couper les... puis il
dit : « Non, non, on va trouver la barrière. » On faisait le
tour du champs. Bien, j’ai pensé, y’a quelque chose qui va pas.
Tout d’un coup, y’avait un endroit où est-ce qu’un autre camion
avait passé dans l’embouchure puis on s’est rendu à nos gars et
puis moi j’ai sauté en bas du Jeep, puis j’étais, j’étais tout
faible. On avait assez eu peur parce que j’étais sûr qu’on
allait se faire frapper. Puis là, un autre gars m’a demandé si
je l’avais vu. J’ai dit : « J’veux pas le voir. Y’a manqué de
nous faire tuer. » « Bien, il dit, tu le verras plus, ils l’ont
amené dans un jacket la pour... » Il s’avait vraiment chaviré.
Puis je l’ai pas revu après la guerre. Puis on a pourtant été
dans son village. Puis il n’a pas venu à nos réunions. On
avait des réunions après la guerre, eh. Ça c’était la plus
grande peur, je pense, que j’ai eue de tout le temps
que j’étais là.