Le lieutenant-colonel Samuel Sharpe a été honoré le 25 mai 2018, à l’occasion du 100e anniversaire de sa mort, par l’inauguration officielle d’une statue grandeur nature. La statue a été financée en partie grâce aux dons de la communauté, du Club Rotary Club d’Uxbridge et de la Uxbridge-Scott Historical Society. Créée par le sculpteur Wynn Walters, la statue de Sharpe l’illustre alors qu’il réfléchit à la rédaction d’une lettre, se demandant comment annoncer à Mary Walton que son mari a été tué. La lettre qu’il tient dans sa main commence comme suit : « Chère Marie... »
Pendant près de 100 ans, l’histoire a oublié Samuel Sharpe, son nom étant enfoui avec les milliers de personnes qui ont succombé à un traumatisme dû au bombardement. À l’époque, être atteint par un traumatisme dû au bombardement était considéré comme de la lâcheté, et Sharpe était considéré comme une honte pour le régiment. La vie et la mort de Sam Sharpe nous aident à comprendre les répercussions du trouble de stress post-traumatique et à comprendre qu’il s’agit d’un problème de santé qui nécessite un traitement et dont il ne faut pas avoir honte.
Samuel Sharpe a grandi au sein d’une famille importante de la région d’Uxbridge et a été avocat à Uxbridge pendant un certain nombre d’années. Il a été élu député fédéral en 1908. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, il a recruté un bataillon de volontaires d’Uxbridge et des environs et les a conduits en Europe. Son 116e Bataillon (comté de l’Ontario) a participé à des combats sur les champs de bataille de Vimy et de Passchendaele, entre autres. De nombreux hommes ont perdu la vie dans la boue et les barbelés des Flandres. Sharpe a personnellement mené ses hommes au combat et a reçu l’Ordre du Service distingué pour sa bravoure. Réélu en 1917, il est le seul député fédéral a avoir été élu sur le champ de bataille.
En 1918, Sharpe souffre d’une mélancolie croissante, puis d’un effondrement mental, conséquence de la perte d’un grand nombre de ses hommes, dont John Walton, un ami personnel proche. À l’époque, on appelait cela le traumatisme dû au bombardement. Aujourd’hui, nous connaissons ce phénomène sous le nom de trouble de stress post-traumatique et nous reconnaissons qu’il s’agit d’une maladie mentale grave. Sharpe a été évacué vers l’Angleterre, puis vers le Canada. Dans le train qui l’a ramené chez lui, il s’est effondré et a ensuite été hospitalisé à Montréal. Le 25 mai 1918, il s’est jeté dans le vide depuis une fenêtre de l’hôpital. Il avait 46 ans. Certains ont dit qu’il ne pouvait pas envisager de retourner à Uxbridge et de faire face aux familles des personnes décédées, dont beaucoup avaient été recrutées par lui. Sur les 1 100 hommes qu’il avait recrutés, seuls 160 étaient en service actif à leur retour.