Lorsque l’hôpital militaire Sunnybrook a ouvert ses portes en 1948, chaque bloc de traitement du bâtiment principal était identifié par une plaque représentant des militaires ou des lieux de bataille où tant de sacrifices ont été consentis. Bien que les plaques aient été retirées lorsque Sunnybrook est passé du statut d’établissement pour vétérans à celui d’hôpital général universitaire entièrement affilié en 1966, elles ont été inaugurées à nouveau en 2018. L’aile Ypres est actuellement appelée Aile E.
Dans la première semaine d'avril 1915, les troupes canadiennes abandonnent leur paisible secteur pour aller occuper, en avant d'Ypres, une portion de front faisant saillie dans les lignes alliées. Il s'agit du fameux - ou notoire - saillant d'Ypres, où les Britanniques et leurs alliés se sont avancés vers la ligne allemande en formation concave. Les Allemands occupent une position plus élevée et sont capables de mitrailler les tranchées alliées depuis le nord, le sud et l'est.
C'est là que le 22 avril, les Allemands tentent de détruire le saillant en recourant à une nouvelle arme : le gaz toxique. Les Canadiens se battent toute la nuit pour colmater la brèche. Ils organisent même une contre-attaque pour déloger l'ennemi du Bois des Cuisiniers, chênaie située près de Saint-Julien. Le matin, ils prennent l'ennemi d'assaut à deux nouvelles reprises et c'est à chaque fois un désastre. Ils ne gagnent que peu de terrain, cela au prix de pertes extrêmement lourdes. Ces attaques leur donnent néanmoins un peu de répit pour colmater la brèche.
C'est ainsi que dès leur premier engagement important sur un champ de bataille européen, les Canadiens se font une réputation de redoutables soldats. En quarante-huit heures, 6 035 Canadiens, un homme sur trois, sont blessés et plus de 2 000 d'entre eux meurent. Ce sont de lourdes pertes pour le petit contingent de civils canadiens enrôlés depuis quelques mois à peine et qui n'avaient jamais imaginé aller au front et se battre - c'était un sinistre présage de ce qui les attendait.