En tant que guide étudiant au Mémorial national du Canada à Vimy, Donovan Burt a été ému par les hommages rendus aux soldats canadiens tombés au champ d’honneur. Il raconte comment son lien personnel avec le champ de bataille même qu’il a guidé a vraiment renforcé sa fierté de représenter le Canada au Mémorial national du Canada à Vimy.
Ottawa, Ontario
Donovan Burt, devant le Centre d'éducation à Vimy, mai 2023.
J'ai commencé à vouloir devenir guide au Mémorial national du Canada à Vimy et au Mémorial terre‑neuvien à Beaumont‑Hamel dès le début de mes études secondaires. L’une de mes professeurs, qui avait elle‑même été guide pendant ses études universitaires, m’a parlé du programme. Si j'ai d'abord été attirée par la possibilité de voyager et d'améliorer mon français, j'ai vite appris que l'expérience s'avérerait beaucoup plus enrichissante et gratifiante que je n'aurais pu imaginer.
Je me souviens très bien à quel point j’ai été ébloui lors de mon premier jour de travail. Sur la route, la vue du monument émergeant lentement de la brume alors que nous franchissions la colline à la crête de Vimy demeure gravée dans ma mémoire. Cette première semaine, marquée par de multiples visites de cimetières, de champs de bataille et de monuments commémoratifs et par une formation histoirque, résonne encore en moi aujourd’hui. Marcher sur les lieux mêmes où des milliers de soldats ont sacrifié leur vie tout en en apprenant davantage sur les événements qui s'y sont déroulés a été une expérience inoubliable.
Sur la route, la vue du monument émergeant lentement de la brume alors que nous franchissions la colline à la crête de Vimy demeure gravée dans ma mémoire.
En tant que guide, j’ai eu l’occasion d’assister et de participer à de nombreuses cérémonies commémoratives. L’une des plus mémorables a été la réinhumation de trois soldats canadiens dont les restes ont été découverts pendant un projet de construction près de la cote 70, à Loos‑en‑Gohelle, à proximité de la ville française de Lens. Après des années d’efforts du gouvernement du Canada, les soldats ont été identifiés et leurs unités respectives se sont rendues en France pour les enterrer au cimetière britannique de Loos.
Le soin et la diligence avec lesquels ces soldats ont rendu hommage à leurs camarades tombés au champ d’honneur, sans même jamais ne les avoir connus, a été un touchant témoignage de l’incidence durable des troupes canadiennes. Tout le reste du temps au cours duquel j’ai été guide, je repensais à cette cérémonie pour m’inspirer et me rappeler de garder la flamme du Souvenir vivante.
Après mon expérience à titre de guide, j’ai découvert un lien personnel avec la partie du champ de bataille de la crête de Vimy où sont situés aujourd’hui le centre d’accueil et le monument et où ont lieu les visites guidées. J’ai constaté ce lien lors d’un souper de l’Action de grâce chez un membre de la famille, Lawrence (Larry) deGruchy, et son épouse, Gail. Le père de Larry, Alfred Charles deGruchy, travaillait comme télégraphiste pour le chemin de fer Canadien Pacifique à Montréal lorsqu’il s’est joint au 42e Bataillon du Canadian Black Watch (Royal Highland Regiment of Canada) au début de 1915.
Le soin et la diligence avec lesquels ces soldats ont rendu hommage à leurs camarades tombés au champ d’honneur, sans même jamais ne les avoir connus, a été un touchant témoignage de l’incidence durable des troupes canadiennes.
Le 42e Bataillon du Canadian Black Watch faisait partie de la 3e Division du Canada lors de l’assaut sur la crête de Vimy, en avril 1917. Le matin du 9 avril 1917, les troupes ont avancé sur le champ de bataille, dans le terrain où se trouvent aujourd’hui le centre d’accueil de Vimy, les tranchées et tunnels préservés. Alfred Charles deGruchy a participé à cet assaut en posant et en réparant des fils télégraphiques entre les tranchées canadiennes et les postes de commandement. Une salle de communication qui a été utilisée par le 42e Bataillon du Canadian Black Watch pendant l’assaut pour envoyer et recevoir des messages est accessible dans une section de tunnel préservée.
Monsieur Charles deGruchy était l’un des derniers vétérans canadiens survivants de la crête de Vimy. Il est décédé en juillet 2000 à l’âge de 104 ans. Pour son service, il a reçu une plaque d’honneur de la Reine Elizabeth, Reine‑Mère, et la Légion d'honneur du gouvernement français. Il parlait rarement de son expérience en France, surtout après la veille de Noël 1942, lorsque son fils, Francis deGruchy, un mitrailleur de bord de l’Aviation royale du Canada, fut porté disparu au combat. Le nom de ce dernier est inscrit sur le Mémorial de Runnymede, au Royaume‑Uni.
Donovan Burt chantant Into the Arms of Home d'Alan Doyle au Mémorial terre-neuvien de Beamont-Hamel le 1er juillet 2023, pour le 107e anniversaire de la bataille de la Somme, avec ses collègues Grace Hornby (violon), Ella Bennett (chant) et Eric Clipperton (guitare).
La découverte de ce lien si étroit avec le champ de bataille où j’ai passé quatre mois à guider les touristes et appris à connaître son histoire m’a rappelé l’importance du Souvenir, de même que les personnes extraordinaires qui se sont sacrifiées pour notre pays et à qui j’ai eu le privilège de rendre hommage lorsque j’ai travaillé comme guide.
Il ne fait aucun doute que je jamais senti aussi fier d’être canadien que lorsque je portais le logo d’Anciens Combattants Canada sur ma poitrine, en représentant mon pays et en contribuant à garder vivante la mémoire des soldats canadiens tombés au champ d’honneur. □
Donovan Burt est un étudiant en troisième année d'ingénierie à l’Université McGill. Originaire de Cornwall, à l’Île‑du‑Prince‑Édouard, il a travaillé au Monument commémoratif du Canada à Vimy et au Mémorial terre‑neuvien à Beaumont‑Hamel en tant que guide étudiant de mai à août 2023.