Je te verrais bien faire ça un jour, Jess. » Le professeur d’histoire de Jessica Horton, en dixième année savait qu’elle serait douée et que cette expérience serait bénéfique pour elle, bien avant qu’elle ne mette les pieds à la crête de Vimy. Elle était au secondaire lorsque les célébrations du centenaire de Vimy ont eu lieu et, bien qu’attirée par l’idée de visiter cet ancien champ de bataille, elle n’a pas pu se rendre en France. Jessica raconte son expérience alors que, près de six ans plus tard, elle a été embauchée comme guide étudiante et que son rêve s’est réalisé.
St. Catharines, Ontario
Jessica Horton, Beaumont-Hamel,
Mai 2023.
Lors de ma première session en tant que guide étudiante, j’ai trouvé passionnant de raconter les histoires de la Première Guerre mondiale. L’histoire a toujours été importante pour moi, je l’ai même étudiée à l’université, mais avoir la chance de travailler sur le terrain et de faire revivre ces histoires chaque jour a été la meilleure leçon d’histoire qui soit.
Lorsque vous voyez les yeux d’un élève s’illuminer alors que vous le guidez à travers les tunnels de Vimy, ou que vous voyez une mère verser une larme pour un fils qui n’était pas le sien, ou que des jeunes hommes baissent la tête alors qu’ils envisagent de devoir faire la guerre... vous savez que ces histoires doivent continuer à être racontées et que ces sites doivent continuer à être préservés.
J’ai eu la chance de retourner à Vimy en tant que chef d’équipe l’année suivant ma première session, cette fois pendant huit mois. Au cours de cette longue période de travail comme guide étudiante, j’ai tissé encore plus de liens avec les visiteurs et j’en ai appris davantage sur les Canadiens et les Terre-Neuviens qui ont courageusement répondu à l’appel.
J’ai participé à deux magnifiques cérémonies du jour du Souvenir et j’ai accompagné dans leur visite des dirigeants politiques, des responsables militaires, des journalistes et des visiteurs français locaux qui nous ont accueillis à bras ouverts, nous les Canadiens. J’ai guidé des élèves de divers pays et des descendants de ceux qui ont combattu pendant les deux guerres mondiales. Chaque jour apportait son lot de nouveaux défis et de nouvelles possibilités d’aider les gens à se rapprocher d’une histoire qui peut sembler bien lointaine.
« Vous savez que ces histoires doivent continuer à être racontées et que ces sites doivent continuer à être préservés. »
Un jour, l’adjudant‑chef (à la retraite) Tony Pearson et son fils, Robert Pearson, sont venus pour une visite guidée du Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel. Je me suis senti honorée de faire visiter à ces anciens militaires le site auquel je m'étais moi-même attachée.
Lorsque j’ai rencontré le vétéran de la Seconde Guerre mondiale âgé de 98 ans, il s’est levé pour me serrer la main. C’était une personne gentille, agréable et bavarde, et je pouvais voir qu’il comprenait les luttes et les sentiments que ces soldats de Terre-Neuve tombés au combat ont dû ressentir, certainement plus que moi. Ce fut un honneur de raconter leurs histoires et les efforts reconnus de ces hommes et garçons courageux qui se sont battus avec acharnement le 1er juillet 1916.
Lors d’une autre rencontre avec un visiteur canadien au Centre d’accueil et d’éducation du Mémorial national de Vimy, un homme accompagné de sa fille et de ses petits-enfants souhaitait visiter les tunnels, mais comme il ne pouvait pas descendre l’escalier abrupt menant au souterrain, j’ai décidé de lui faire faire une visite virtuelle du tunnel sur nos ordinateurs.
Pendant que j’expliquais comment les tunnels avaient été creusés par les compagnies minières, à quel point il faisait sombre puisque l’électricité était limitée et comment ils devaient être extrêmement silencieux parce que le son pouvait se propager vers les tunnels du camp adverse, le monsieur s’est soudainement exclamé : « Mon père a mentionné cela à propos des tunnels dans son journal. »
Prenant conscience de ce lien étroit, nous avons fini par avoir une longue conversation sur le parcours militaire de son père et ce qu’il aurait vécu. J’ai appris que son père, John Hodgson, était stationné à Maison Blanche en préparation de l’assaut de Vimy. Il a combattu avec la 4e Division lors de l’assaut (la division qui s’est emparée de la crête elle-même). Il a été gazé lors de la bataille de la cote 70 et a combattu sur la Somme lors de l’offensive des Cent Jours.
« Mon temps passé en tant que guide étudiante a contribué à façonner qui je suis aujourd’hui. Cela m’a permis de découvrir des gens et des lieux que je n’aurais peut-être jamais connus. »
Le programme de guides étudiants offre aux jeunes la possibilité de découvrir l’histoire dans un cadre très vivant. En tant que guides, nous apprenons qu’il est essentiel de préserver et de raconter l’histoire, non seulement parce qu’elle se répète, mais parce qu’elle nous en apprend également sur notre humanité.
J’ai passé un total de 12 mois à vivre dans le nord de la France et à travailler au Mémorial national du Canada à Vimy et au Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel. Mon temps passé en tant que guide étudiante a contribué à façonner qui je suis aujourd’hui. Cela m’a permis de découvrir des gens et des lieux que je n’aurais peut-être jamais connus. Il m’a donné une perspective sur la vie, la guerre, la paix, le sacrifice, l’amour, l’histoire et l’espoir que peu de gens ont, je pense, la chance d’expérimenter. Je suis convaincue qu’une expérience est la somme de l’énergie et des efforts que l’on y consacre, et je suis fière du travail que j’ai pu accomplir chaque jour sur ces sites.
Jessica Horton, Maison Blanche, Octobre 2023.
Jessica Horton, de St. Catharines, en Ontario, a obtenu une double majeure en anglais et en histoire, ainsi qu’une mineure en sciences politiques à l’Université de Toronto. Elle a travaillé comme guide étudiante au Mémorial national du Canada à Vimy et au Mémorial terre-neuvien à Beaumont-Hamel d’août à décembre 2022 et est revenue comme chef d’équipe de mai à décembre 2023.