Charles Isaacs

Image
Table des matières

Enrôlement

1985

Déploiements

  • Bosnie

Charles Isaacs

Le vétéran métis Charles « Chuck » Isaacs rend hommage aux vétérans et vétéranes autochtones dans leur vie après le service

Edmonton (Alberta)

Pour Chuck Isaacs, le service ne s’est pas terminé avec sa retraite après une longue, courageuse et exaltante carrière militaire. À bien des égards, tout a recommencé, puisqu’il a entrepris un combat pour être vu, entendu et guéri en tant que vétéran autochtone.

Un nouveau rôle exigeant

Un jeune Chuck Isaacs est assis dans une combinaison de plongée jaune, tenant le devant ouvert pour révéler les mots « combat diver » sur un chandail à capuchon bleu en dessous. Un casque de plongée jaune est posé sur le sol à côté de lui.

Chuck Isaacs dans sa combinaison de plongée militaire.

Chuck Isaacs est né à Castlegar, en Colombie-Britannique, et a grandi à Victoria, près de la réserve Songhees. Ses racines écossaises, irlandaises, anglaises, françaises et autochtones reflètent l’histoire complexe du Canada.

En 1985, il s’est enrôlé dans le Génie militaire canadien à Victoria, en Colombie-Britannique, devenant par la suite plongeur de combat, un rôle qui exigeait une résilience physique et mentale intense.

Il a servi en Bosnie au plus fort de l’engagement canadien dans les Balkans. Là, il a contribué à mettre au point des exercices de déminage qui sont encore utilisés aujourd’hui par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Sa carrière militaire l’a conduit à travers des champs de mines, dans les profondeurs des océans et finalement dans une confrontation avec le coût physique du service.

Une histoire familiale de service

Ayant grandi dans une famille où l’uniforme était monnaie courante – son père était un vétéran de la Corée et de l’Égypte et un agent spécial, ses grands-pères étaient tous deux des vétérans de la Seconde Guerre mondiale – il considérait le service comme son devoir familial. À son arrivée, il a réussi son test d’aptitude physique du premier coup. S’en est suivie une transformation physique.

« Je n’étais pas particulièrement athlétique avant, mais lorsque je me suis enrôlé, j’ai été entraîné par des phénomènes physiques, se souvient-il. Si l’unité parcourait cinq miles, je m’échauffais avec dix. Un samedi, ressentant les effets d’un lendemain de veille en Allemagne, j’ai couru 68 kilomètres, juste pour me sentir mieux », dit-il en riant.

Ce niveau de forme physique allait s’avérer essentiel. Il a été sélectionné pour l’un des rôles les plus éprouvants des Forces canadiennes : plongeur de combat. Le processus de sélection était brutal.

« Ils ont éliminé 26 personnes sur 30, principalement par des châtiments corporels : pompes, marches en crabe, courses jusqu’à s’effondrer », dit-il.

Seuls les plus résistants ont été choisis. « Des gens ont souffert de ruptures de diaphragme. Mais c’est ce qu’il fallait. »

Chuck Isaacs et un autre soldat sont allongés sur le ventre dans l’herbe. Ils sont lourdement armés, portent des tenues de corvée et un casque et tiennent des fusils.

Chuck Isaacs dirige son équipe lors d’exercices de déminage. Allemagne, 1991.

Les premiers arrivés, les derniers partis

En tant que plongeur, Chuck Isaacs a été formé à la mobilité et à la contre-mobilité : dégager ou détruire des obstacles pour faciliter le mouvement des troupes, construire des ponts et des radeaux, creuser des cratères sur les routes, poser ou retirer des mines.

« Les ingénieurs sont les premiers arrivés et les derniers partis », dit-il.

« Nous faisions des reconnaissances avant l’arrivée de l’infanterie. Je ne me contentais pas de dégager les chemins, j’écrivais les exercices pour m’assurer que les autres puissent passer en toute sécurité. »

Ses exercices de déminage ont été utilisés dans toute l’ex-Yougoslavie. Il a noué des relations solides avec les équipes de déminage bosniaques. Lors d’un incident, il a neutralisé une grenade piégée à l’extérieur de la maison d’un maire, enveloppée uniquement dans du papier de toilette, sa goupille déjà retirée.

« J’aurais pu partir, dit-il. Mais je ne l’ai pas fait. »

Libération pour raisons médicales

Mais son service a eu un coût élevé. L’exposition à la poussière de ciment a entraîné de graves lésions de la vue, des décollements de rétine et du glaucome.

Libéré pour raisons médicales en 2001, il est retourné dans un monde civil incapable de répondre à ses besoins en tant que vétéran blessé, en particulier en tant qu’Autochtone.

Défense des droits des autres vétérans autochtones

Chuck Isaacs se tient devant une voiture noire dans un garage. Il porte de grandes lunettes noires, une chemise blanche et une cravate noire ainsi qu’un veston noir. Les revers de son veston sont ornés de fleurs traditionnelles métisses bleues et rouges.

Chuck Isaacs porte un veston perlé métis ayant été perlé à la main par sa femme, Sandy Isaacs.

« Je n’ai pas grandi dans une réserve, explique-t-il. Je n’ai pas été élevé dans une communauté traditionnelle. Mais j’ai toujours porté l’esprit de mes ancêtres avec moi, et j’ai ressenti la déconnexion dont parlent tant de vétérans autochtones. Vous revenez du service de votre pays et vous avez l’impression de ne pas appartenir à un endroit précis. »

Pour de nombreux vétérans autochtones, cette déconnexion est aggravée par des obstacles systémiques : la difficulté d’accéder aux avantages, l’insensibilité culturelle et les effets persistants du traumatisme intergénérationnel causé par les pensionnats et la colonisation.

Depuis des générations, les Autochtones sont en première ligne des conflits et des missions de maintien de la paix du Canada. De la Première et de la Seconde Guerres mondiales, de la Corée et de l’Afghanistan aux opérations nationales et aux missions de paix à l’étranger, les soldats, les marins et les aviateurs autochtones ont servi avec distinction, mais souvent sans reconnaissance.

Il connaît bien ces histoires en raison des appels téléphoniques quotidiens avec des vétérans en difficulté; des documents qu’il a remplis au nom d’autres personnes qui ont eu des difficultés avec le processus d’accès aux avantages; et des amis qu’il a perdus par suicide. À leur retour chez eux, beaucoup se sont retrouvés confrontés à un nouveau type de champ de bataille : un monde civil qui ne comprenait pas leur service et un système qui n’avait jamais été construit en pensant à eux.

Grâce au leadership local, à la sensibilisation communautaire et à la persévérance, les vétérans autochtones se soutiennent mutuellement.

Ils offrent souvent bénévolement leur temps, leurs ressources et leurs connaissances pour aider les autres, renouer les liens et remodeler les systèmes qui étaient censés les servir.

C’est pourquoi il consacre sa vie après le service à sensibiliser les gens et à construire des systèmes de soutien.

En Alberta, où il vit maintenant, il est devenu un ardent défenseur des vétérans autochtones. Il est président de la Aboriginal Veterans Society of Alberta, encadre les autres tout au long du processus de demande, transmet ses connaissances en matière de politique et d’histoire et, surtout, écoute. Non pas en tant qu’assistant social, mais en tant que camarade.

« Parfois, ce dont on a le plus besoin, c’est de savoir qu’on n’est pas oublié », dit-il.

« Nous n’abandonnons pas les nôtres. Ce n’est pas seulement une valeur militaire, c’est une valeur culturelle. »

Un défi lancé

Il lance également un défi aux gouvernements, au public et à ses concitoyens canadiens :

« Rendre hommage aux vétérans autochtones ne se résume pas à des défilés ou à des plaques commémoratives. Il faut agir. Il faut se lever pour les personnes qui ont défendu ce pays, des personnes qui étaient des guerriers bien avant de porter un uniforme. »

Alors que le Canada progresse dans la réconciliation, il nous rappelle que certains de nos plus puissants acteurs du changement sont déjà parmi nous : les vétérans qui portent non seulement le poids de la guerre, mais aussi la sagesse de leurs ancêtres.

Avec courage, intégrité et loyauté, Chuck Isaacs laisse sa marque. Il est un vétéran des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.

Le bien-être de nos vétérans et vétéranes est au cœur de tout ce qu’Anciens Combattants Canada fait. Dans cette optique, nous reconnaissons, honorons et commémorons le service de tous les vétérans et de toutes les vétéranes du Canada. Apprenez-en plus sur les services et les avantages que nous offrons. Si vous communiquez avec ACC et vous identifiez comme un vétéran autochtone, vous avez la possibilité d’être mis en relation avec Services aux Autochtones Canada pour recevoir des services de bien-être mental culturellement sûrs en plus des avantages et services d’ACC existants, y compris le soutien par les pairs.

Si vous êtes un vétéran ou une vétérane, un membre de la famille ou un aidant, le soutien d’un professionnel de la santé mentale est disponible en tout temps et gratuitement. Composez le 1-800-268-7708.