S'est enrôlée
1988
Introduction
Lorsque la tempête de verglas de 1998 a frappé le Québec, le lieutenant-colonel Louis-Benoît Dutil vivait en plein cœur de ce qui allait devenir le Triangle noir, la zone la plus durement touchée par la catastrophe. Sa propre maison a été privée d’électricité pendant 2 jours, son sous-sol a été inondé et sa femme enceinte a dû être évacuée vers un lieu sûr.
Ce fut une crise personnelle pour M. Dutil, mais ce fut aussi le début d’une mission intense de trois semaines qui a redéfini sa carrière militaire.
Le rêve inspiré par « Top Gun »
En 1988, deux ans après que le personnage de « Maverick » incarné par Tom Cruise dans Top Gun a captivé son imagination, M. Dutil s’est enrôlé dans les Forces armées canadiennes en rêvant de devenir pilote aéronaval.
Après avoir découvert que le Canada n’avait pas de programme aéronaval, il a opté pour le Corps blindé. Au cours des 32 années suivantes, il a servi dans le 12e Régiment blindé du Canada, a commandé le Sherbrooke Hussards, a participé à des opérations humanitaires et a gravi les échelons jusqu’au grade de lieutenant-colonel.
Il avait déjà participé à des opérations nationales, où il a lutté contre des feux de forêt à Baie-Comeau en 1992 et il est intervenu lors des inondations du Saguenay en 1996. Il a également suivi une formation en affaires civiles auprès des forces spéciales américaines, dans le but de combler le fossé entre les forces militaires et les autorités civiles.
Une tempête sans ligne de front
Le 4 janvier 1998, M. Dutil est revenu de son congé de Noël pour trouver sa maison plongée dans le noir, la pompe de vidange en panne et le niveau de l’eau en train de monter. « Nous étions vraiment bouleversés, c’était un désastre à la maison », affirme-t-il.
Le lendemain matin, son commandant lui a demandé s’il pouvait agir à titre d’officier de liaison auprès des autorités municipales de Saint-Jean-sur-Richelieu et de Saint-Luc. « Il m’a dit : "Nous avons besoin de personnes qui connaissent la région et qui seront en mesure d’accueillir les forces qui viendront ici en renfort." Je lui ai répondu : "Donnez-moi deux heures." », dit M. Dutil. « J’ai emmené ma femme chez sa tante et je lui ai dit : "On se reverra quand la tempête de verglas sera passée." »
Il s’est rapidement intégré aux autorités municipales, avec qui il a coordonné les renforts provenant du 3e Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry. La première tâche consistait à surmonter la barrière de la langue (les autorités civiles parlaient peu l’anglais et les soldats parlaient peu le français) et M. Dutil devait servir d’interprète entre les maires et les commandants de bataillon.
Les soldats travaillaient dans des conditions glacées dangereuses et devaient déblayer des débris sans fin. Les autorités civiles avaient estimé qu’une tâche prendrait cinq jours à dix soldats; les troupes accomplissant souvent le travail en un seul jour. Cela les motivait, a déclaré M. Dutil.
« Ils ne voulaient pas s’arrêter tant que le travail n’était pas terminé. C’était presque comme une course pour obtenir une tâche supplémentaire à accomplir. »
Montréal échappe de peu à la catastrophe
Le 9 janvier, une brigade entière était prête à intervenir alors que Montréal était au bord d’une panne d’électricité totale qui aurait plongé plus de 1,5 million de personnes dans le noir et le froid.
« Si Montréal avait été plongée dans le noir, cela aurait été catastrophique », affirme M. Dutil. La vague de froid qui a suivi a stabilisé la situation juste assez pour éviter une panne de courant et permettre le redéploiement des forces vers les zones les plus touchées.
Des leçons qui ont survécu au verglas
La tempête a obligé les Forces canadiennes à repenser la manière dont elles menaient leurs opérations nationales. Ce fut un cours intensif sur les limites de l’intervention militaire : quand intervenir, quand se retirer et comment éviter d’encombrer les efforts de rétablissement du secteur privé.
« Nous sommes une organisation de dernier recours », explique M. Dutil. « Notre travail consiste à sauver des vies et à stabiliser la situation afin que les autorités civiles puissent prendre le relais. »
Cela lui a aussi fait comprendre toute la valeur de la faculté d’adaptation. « En temps de guerre, on s’entraîne à penser comme l’ennemi. Lors d’une catastrophe comme celle-ci, il faut cesser de penser de la manière dont on nous a appris.
Il faut penser différemment pour appliquer ses compétences à une situation qui n’a rien à voir avec le combat. »

M. Dutil parle à un autre vétéran lors d’une exposition commémorative sur la tempête de verglas à Ottawa.
Une carrière redéfinie
La tempête de verglas a marqué un tournant dans la carrière de M. Dutil. Elle l’a amené à rechercher des missions humanitaires, du centre des opérations pour le passage à l’an 2000 avec la Sûreté du Québec à Haïti après le tremblement de terre.
Et un autre événement a changé sa vie deux mois après la tempête : la naissance de son premier fils.
« Pour certains, la tempête de verglas est un mauvais souvenir, dit-il. Pour moi, c’est un merveilleux souvenir qui a marqué ma carrière et ma vie personnelle. Elle m’a montré que les Forces armées ne servent pas seulement à faire la guerre, mais aussi à aider les gens. »
Avec courage, intégrité et loyauté, Louis-Benoît Dutil laisse sa marque. Il est un vétéran des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.
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