Le cénotaphe de Westville a été construit en 1921 en l’honneur des soldats de la localité morts durant la Première Guerre mondiale. La conception d'Emmanuel Hahn représente les chagrins causés par la guerre. Le soldat au sommet du cénotaphe regarde avec tristesse le sol à ses pieds, comme s’il pouvait y trouver ses camarades tombés au combat, sinon en raison de la tragédie de la guerre. Au fil des ans, l’inscription originale sur la base en granit est devenue illisible et a été remplacée par des plaques gravées en noir en 2014.
La statue représente un jeune soldat canadien en deuil, portant l’uniforme de l’armée de la Première Guerre mondiale. Il se tient tête nue devant la tombe d’un soldat tué sur le champ de bataille – une simple croix avec des coquelicots et une chaîne brisée à son pied, recouverte d’un drapeau à l’arrière – la dernière demeure d’un camarade tué au combat. Sa main gauche est posée sur la croix, tandis que sa main droite tient un fusil dont le canon est pointé vers le bas. Il porte son casque en bandoulière.
Hahn a conçu le cénotaphe de Westville pour l’entreprise qui l’employait à titre de principal concepteur de monuments, la Thomson Monument Company de Toronto. Cette conception sera en fin de compte utilisée pour ériger dix autres cénotaphes, jusqu’à Fernie en Colombie-Britannique. Seulement deux de ces statues sont en bronze, celle de Westville et celle de Cornwall, en Ontario, les autres étant en granit. Des collectivités plus petites, comme Springhill, en Nouvelle-Écosse, et Killarney, au Manitoba, qui n’avaient pas les moyens de se procurer un original de Hahn, pouvaient envoyer une photo du monument de Westville en Italie et commander une copie en marbre de Carrare à moindre coût. La sculpture à Westville est la seule qu’il a signée.
Plus tard, on a ajouté sur une tablette à la base du monument les noms de personnes qui sont mortes durant la Seconde Guerre mondiale et durant la guerre de Corée. Des plaques noires gravées ont été placées sur le cénotaphe en 2014 et la tablette a été retirée parce que la base en granite a provoqué l’usure des gravures originales.
Emanuel Hahn s’est installé à Toronto à l’âge de sept ans avec sa famille d’artistes et de musiciens venus d’Allemagne, en 1888. Il a étudié la conception commerciale et le modélisme à la Technical School de Toronto et au College of Art and Industrial Design de l’Ontario. À 25 ans, Hahn a signé un contrat pour presque la totalité de sa vie avec la Thomson Monument Company de Toronto. Deux ans plus tard, il a également commencé à travailler comme assistant dans le studio du sculpteur Walter Seymour Allward. Dans le cadre de ses fonctions, il a notamment participé à la réalisation de plusieurs œuvres majeures d’Allward, comme le Mémorial de la guerre d’Afrique du Sud à Toronto.
En 1912, Hahn s’est associé à la Thomson Monument Company de Toronto. C’est là qu’il a réalisé, avec plusieurs assistants, les nombreux monuments commémoratifs de guerre que l’on trouve partout au Canada : à Fernie (Colombie-Britannique); Killarney et Russell (Manitoba); Alvinston, Bolton, Cornwall, Hanover, Lindsay, Malvern, Milton, Petrolia et Port Dalhousie (Ontario); Gaspé (Québec); Moncton (Nouveau-Brunswick); Springhill et Westville (Nouvelle-Écosse); Summerside, (Île-du-Prince-Édouard).
Hahn est probablement plus connu comme étant le concepteur de la gravure représentant le Bluenose au dos de la pièce de 10 cents canadienne, et du Caribou au dos de notre pièce de 25 cents. Victime du sentiment antigermanique qui régnait dans les années qui ont suivi la Grande Guerre, son projet pour le cénotaphe de Winnipeg fut rejeté en 1925.