Le cénotaphe de Gaspé, érigé en 1921 par la Légion royale canadienne, est dédié aux morts de guerre et aux vétérans de la Première Guerre mondiale originaires de la localité. Plus tard, des noms ont été ajoutés afin de commémorer ceux qui sont tombés au combat pendant la Seconde Guerre mondiale.
Plus de 5 000 personnes ont assisté à l’inauguration du monument aux morts de Gaspé par le général Watson, le 7 juillet 1921. Les célébrations ont débuté par une cérémonie religieuse, après laquelle les dignitaires ont défilé en compagnie d’une garde d’honneur et de la musique de la R.C.G.A., venue de Québec pour l’occasion. Le major-général sir David Watson a ensuite fait l’inspection de la garde, qui présentait une belle apparence militaire et a été acclamée par la foule. Le maire A.D. Valpy a ensuite prononcé un discours de bienvenue, suivi d’une allocution de Mme Calhoun, la présidente du comité du monument aux morts, composé de six dames, qui s’est occupé de toute l’organisation et des détails de la cérémonie. Dans son allocution, Mme Calhoun a déclaré : « Nous avons eu nos difficultés et nos moments de découragement, ce qui était inévitable, mais la loyauté des membres du comité et le soutien généreux que nous a accordé la population nous ont permis de surmonter ces obstacles et de mener notre oeuvre à bien. » L’hon. Frank Carrell, M.C.L., M. Auguste Sirois, M. Pinault, M. J. Leonard Apedaile, le rév. chanoine Wayman et d’autres ont également prononcé des discours éloquents.
La conception de Hahn représente les chagrins causés par la guerre. Le soldat au sommet du cénotaphe regarde avec tristesse le sol à ses pieds, comme s’il pouvait y trouver ses camarades tombés au combat, sinon en raison de la tragédie de la guerre.
La statue représente un jeune soldat canadien en deuil, portant l’uniforme de l’armée de la Première Guerre mondiale. Il se tient tête nue devant la tombe d’un soldat tué sur le champ de bataille – une simple croix avec des coquelicots et une chaîne brisée à son pied, recouverte d’un drapeau à l’arrière – la dernière demeure d’un camarade tué au combat. Sa main gauche est posée sur la croix, tandis que sa main droite tient un fusil dont le canon est pointé vers le bas. Il porte son casque en bandoulière.
Emanuel Hahn s’est installé à Toronto à l’âge de sept ans avec sa famille d’artistes et de musiciens venus d’Allemagne, en 1888. Il a étudié la conception commerciale et le modélisme à la Technical School de Toronto et au College of Art and Industrial Design de l’Ontario. À 25 ans, Hahn a signé un contrat pour presque la totalité de sa vie avec la Thomson Monument Company de Toronto. Deux ans plus tard, il a également commencé à travailler comme assistant dans le studio du sculpteur Walter Seymour Allward. Dans le cadre de ses fonctions, il a notamment participé à la réalisation de plusieurs œuvres majeures d’Allward, comme le Mémorial de la guerre d’Afrique du Sud à Toronto.
En 1912, Hahn s’est associé à la Thomson Monument Company de Toronto. C’est là qu’il a réalisé, avec plusieurs assistants, les nombreux monuments commémoratifs de guerre que l’on trouve partout au Canada : à Fernie (Colombie-Britannique); Killarney et Russell (Manitoba); Alvinston, Bolton, Cornwall, Hanover, Lindsay, Malvern, Milton, Petrolia et Port Dalhousie (Ontario); Gaspé (Québec); Moncton (Nouveau-Brunswick); Springhill et Westville (Nouvelle-Écosse); Summerside, (Île-du-Prince-Édouard).
Hahn est probablement plus connu comme étant le concepteur de la gravure représentant le Bluenose au dos de la pièce de 10 cents canadienne, et du Caribou au dos de notre pièce de 25 cents. Victime du sentiment antigermanique qui régnait dans les années qui ont suivi la Grande Guerre, son projet pour le cénotaphe de Winnipeg fut rejeté en 1925.