La fenêtre Black Watch domine tout le sanctuaire de l’église Saint-André et Saint-Paul. Elle est dévoilée par l’ancien commandant du Corps canadien, le général Sir Arthur Currie, le 13 novembre 1921. Avant l’armistice de 1918, on prévoit d’installer une imposante fenêtre commémorative pour honorer les pertes ahurissantes subies pendant la Grande Guerre par les deux congrégations fondatrices de l’église ainsi que les pertes inimaginables du régiment de l’église, les Royal Highlanders of Canada, maintenant connu sous le nom de The Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada. Le 26 octobre 1920, une demande pour une fenêtre commémorative est présentée par le commandant, le lieutenant-colonel R.L.H. Ewing, DSO, MC, du 42e Bataillon. L’ébauche du libellé de la fenêtre est approuvée le 16 janvier 1921. James Ballantine II en est le concepteur et le créateur.
Le lieutenant-colonel Bartlett McLennan est le seul commandant du Royal Highlanders of Canada tué au combat pendant la Première Guerre mondiale. Son frère aîné, le sénateur John Stewart McLennan, qui a perdu son fils unique Hugh à la deuxième bataille d’Ypres, et ses sœurs, Alice et Isabella s’engagent gracieusement à financer le monument. Lorsque la famille apprend que les hommes souhaitent inclure une étoile de David dans la fenêtre pour honorer un jeune officier juif, le lieutenant Myer T. Cohen, MC, qui était sous le commandement de Bartlett, la conception est modifiée.
En septembre 1917, Myer mène une patrouille de cinq hommes dans le no man’s land où ils capturent ou tuent neuf soldats ennemis sans subir de pertes. Cohen. Lors d’un raid dans les tranchées ennemies en octobre 1917, il fait prisonniers trois soldats ennemis; il effectue ensuite un autre raid, au cours duquel il capture trois autres personnes. Ces exploits, qui n’entraînent aucune perte, se déroulent à une époque où les forces alliées sont les plus désireuses de faire des prisonniers pour obtenir des renseignements sur l’ennemi. Pour cet acte audacieux, il reçoit la Croix militaire, la Médaille de guerre britannique et la Médaille de la Victoire. Le 3 novembre 1917, le lieutenant Cohen reçoit l’ordre de prendre d’assaut une position ennemie forte à Passchendaele. À la tête de ses hommes, il atteint l’objectif, mais faute de renforts, ils sont tous tués.
La fenêtre comprend une section centrale formée de trois lumières avec, de part et d’autre, des lumières simples, et des entrelacs réticulés. Au centre s’élève une image dramatique du Christ celtique, les bras tendus, entouré de rayons émanant de lumière dorée. Quatre figures sont regroupées sous lui. La lumière extérieure gauche représente un croisé en armure médiévale portant un bouclier et une épée; en dessous se trouvent les emblèmes scripturaires de la Croix et de la Couronne d’épines. À côté se trouve l’image scripturaire de David avec la tête de Goliath. L’étoile de David, visible derrière l’épaule de David, commémore le lieutenant Cohen. Saint André, saint patron de l’Écosse, se tient à la droite du Christ, tandis qu’à l’extrême droite se trouve un soldat des Royal Highlanders of Canada en tenue de combat complète, portant l’Union Jack; l’insigne du régiment est visible sous lui. L’arrière-plan et les entrelacs sont remplis de représentations naturalistes de lierre et de chardons violets.
Cinq plaques en laiton portant le nom des 868 victimes, officiers et hommes du 42e Bataillon, sont situées dans des panneaux directement sous la fenêtre. Lorsque l’église déménage à son nouvel emplacement en 1931, la fenêtre est placée à environ 29 pieds du sol, rendant impossible la lecture des plaques commémoratives ainsi montées sous la fenêtre. On les déplace donc sur le mur ouest du chœur, près des stalles.
Le Black Watch du Canada (Royal Highland Regiment) est lié depuis longtemps à l’église Saint-Andrew et Saint-Paul. Leur présence rend hommage aux nombreux membres de la congrégation qui ont donné leur vie pour assurer notre défense. Leurs noms sont inscrits sur les murs de l’église et les couleurs du régiment sont accrochées dans le sanctuaire pour représenter le sacrifice qu’ils ont fait en défendant cette paix que nous chérissons tant et notre liberté de culte.
L’église Saint-Paul est fondée en 1832 dans le Vieux-Montréal. La congrégation déménage à côté de l’endroit où se trouve actuellement l’hôtel Reine Elizabeth et, en 1918, elle s’unit à l’église Saint-André. En raison de l’expropriation de l’église, en 1929, pour permettre la construction de la gare Centrale de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, on trouve un nouveau site sur le domaine Mackay, à l’intersection des rues Redpath et Sherbrooke. Le bâtiment est achevé en 1932, et tous les vitraux d’origine y sont incorporés. Il s’agit de l’église régimentaire du Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada. En 1930, dans le cadre de son expropriation, l’église Saint-Paul est démantelée pierre par pierre et reconstruite à Saint-Laurent, où elle se trouve aujourd’hui.