Treena Scurlock

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Table des matières

S'est enrôlé

1987

Affectations :

  • Elle a servi comme officière d'ingénierie des systèmes de marine (OGSM) à bord du NCSM ST. JOHN'S et du NCSM CHARLOTTETOWN. Ses affectations à l’arrière les plus marquantes sont les suivantes : commandante de la Division de la mécanique navale à l’École navale, commandante du détachement MCH/FELEX pour les trois premières frégates de classe Halifax sur la côte Est, ainsi que les cinq dernières années de sa carrière où elle a servi à Ottawa comme chef de section des systèmes de propulsion marins à la DGGPEM.

Déploiements

  • Deux déploiements de l’OTAN et la guerre du golfe Persique

Médailles

  • CD1

Treena Scurlock

La capitaine de frégate transsexuelle a lutté contre la dysphorie de genre pendant ses 30 ans de carrière

Ottawa (Ontario)

Service et sacrifice

Portrait officiel de Treena Scurlock portant l’uniforme noir de la Marine et affichant un sourire.

Treena Scurlock en uniforme de la Marine en 2004.

Une promotion au grade de capitaine de frégate est un jalon important dans la carrière d’un membre de la Marine, mais cet événement a suscité des sentiments mitigés pour la capitaine de frégate (retraitée) Treena Scurlock. Cette montée en grade signifiait qu’elle devait retarder encore son processus de transition de genre, qui devenait de plus en plus difficile à reporter.

« On m’a confié la responsabilité d’une équipe de 45 personnes : je savais que mon propre cheminement devait attendre. Mais combien de temps pourrais-je attendre avant de pouvoir être pleinement qui je suis? raconte-t-elle. Je savais que je devais taire ma véritable identité pour répondre aux attentes de mes supérieurs. »

Pendant plus de trois décennies, Treena Scurlock, 61 ans, a servi son pays avec dévouement et fierté, tout en devant dissimuler une vérité profondément personnelle. Comme de nombreux vétérans 2ELGBTQI+, elle faisait partie d’une institution qui n’était pas encore prête à l’accepter pleinement.

Ce n’est qu’à sa retraite en 2018 qu’elle a pu embrasser son identité de femme transgenre : un nouveau chapitre de paix et d’épanouissement s’est alors ouvert pour elle. « Il m’a fallu six décennies pour trouver le courage de faire la transition », raconte-t-elle. Et maintenant, elle se sent plus légère, plus heureuse et plus elle-même que jamais auparavant.

« Ma personnalité n’a pas changé, mais les gens me disent que je dégage une nouvelle énergie, une énergie plus positive. »

Identité réprimée

Une photo en noir et blanc de Treena Scurlock alors qu’elle était enfant. Elle porte un t-shirt rayé et des salopettes et sourit timidement à la caméra.

Treena Scurlock alors qu’elle était enfant à Mount Pearl (T. N.).

Treena a grandi à Mount Pearl (T. N.) avec trois sœurs, et se sentait souvent plus près d’elles que des garçons et ce qu’on attendait d’eux. À l’adolescence, son esprit d’aventure lui a donné envie d’explorer au-delà des limites de sa ville natale. Elle a donc posé sa candidature auprès de la Garde côtière, de la Marine et de la GRC. L’offre de la Marine est arrivée en premier, alors elle l’a acceptée. Elle a amorcé sa carrière militaire en 1987, suivant son instruction à la BFC Chilliwack et au Centre d’entraînement des officiers de la marine (CEOM) pour devenir officière du génie des systèmes de marine.

Tout au long de sa carrière, elle a souffert en silence de dysphorie de genre, un diagnostic médical qui décrit le malaise ou la détresse qu’une personne peut ressentir lorsque son identité de genre ne correspond pas à son corps. Même si elle pouvait parfois exprimer son identité en privé, elle vivait dans la peur constante de voir sa différence dévoilée dans cet environnement militaire qui, à l’époque, n’acceptait pas les personnes transgenres.

Lorsqu’elle est arrivée à Ottawa il y a plus de dix ans, Treena a fait appel au Programme d’aide aux employés des FAC. Sa conseillère l’a aidée à renforcer sa confiance pour trouver le courage d’affirmer son identité, mais le moment n’était pas encore venu.

« Je ne pouvais pas imaginer faire ma transition à ce moment-là, alors que je faisais partie de l’équipe d’officiers supérieurs, explique-t-elle.

Il y avait des pressions institutionnelles pour que je devienne un officier “modèle”, et je n’avais pas l’impression que l’armée était prête à m’accueillir. »

Elle a passé plus de cinq ans dans son rôle de capitaine de frégate, mais il lui est devenu de plus en plus difficile d’attendre. « J’ai dû prendre ma retraite : je n’endurais plus le fait de ne pas pouvoir être moi-même, explique-t-elle. C’est malheureux, mais je sentais que je n’avais pas le choix. »

Communauté et alliés

La capitaine de frégate Treena Scurlock, en uniforme noir de la Marine, reçoit la médaille CD1. Elle se tient entre deux autres officiers de la Marine et sourit à la caméra.

La capitaine de frégate Scurlock recevant la médaille CD1 à la DGGPEM à Gatineau (Qc).

Même si elle se demande parfois comment se serait passée sa transition en uniforme, Treena dit que le fait d’attendre à la retraite a rendu le processus moins stressant.

Ses filles adultes, une ingénieure civile et une comptable, l’ont soutenue et encouragée durant sa transition. Elle estime que la jeune génération fait preuve de compassion et de compréhension par rapport à la diversité de genre. Les jeunes d’aujourd’hui sont mieux informés, mais les adultes le sont davantage aussi, explique-t-elle.

« Depuis que j’ai pris ma retraite, l’armée a fait beaucoup d’efforts en matière de sensibilisation à la diversité, à l’équité et à l’inclusion, notamment avec le programme Espace positif. Je pense que si j’étais en uniforme maintenant, je pourrais faire la transition. Beaucoup de choses ont changé au cours des six à huit dernières années. »

Au cours de sa carrière militaire, elle a pu compter sur quelques précieux alliés; l’un d’eux était un ami et collègue capitaine de corvette qui a annoncé publiquement son homosexualité. « Affirmer son homosexualité est un processus différent : l’apparence ne change pas, on est toujours visiblement la même personne. Mais pour une femme transgenre, c’est un changement très visible. Et je n’avais vu personne d’autre le faire dans l’armée à ce moment-là, alors j’ai pensé que si personne d’autre ne l’avait fait, peut-être que je ne devais pas le faire non plus », explique-t-elle.

Pendant son affectation à Ottawa, elle s’est jointe à un groupe local de soutien aux personnes transgenres, Gender Mosaic, et y a rencontré une femme nommée Sophia, qui l’a encouragée à faire ce premier grand pas, qu’elle a trouvé plus angoissant que tout ce qu’elle avait fait dans les forces armées.

« J’avais beaucoup d’appréhension, mais Sophia m’a aidée à m’habiller pour la première fois et m’a emmenée dîner. Cette première sortie où j’assumais ma pleine identité a été terrifiante et galvanisante à la fois. » Elle a alors porté une belle robe à fleurs et des chaussures à talons de quatre pouces, dont elle dit aujourd’hui en riant qu’elles l’ont rendue incapable de marcher sans douleur pendant trois jours.

Gender Mosaic lui a permis de découvrir une communauté accueillante, qui organisait des soirées sociales et des fêtes chaque mois. « Ça m’a permis de prendre confiance en moi et de vivre à temps plein comme moi-même », explique-t-elle. « Je vivais comme une femme transgenre à temps partiel, ce qui n’était pas tout à fait ce que je visais, mais c’était un pas en avant. »

Transition et authenticité

Treena Scurlock devant des ailes de papillon colorées. Elle porte une robe d’été noir et blanc, des sandales blanches, les mains jointes devant elle. Elle sourit à la caméra.

Treena en vacances à Cuba en 2023.

Depuis sa transition, elle s’est vue accueillie et acceptée par ceux dont elle craignait autrefois la réaction, y compris par ses pairs militaires. Elle travaille maintenant comme consultante en défense, gérant une grande équipe et collaborant avec plusieurs de ses anciens collègues.

« Ils m’ont offert beaucoup de soutien et m’ont traitée comme si j’avais toujours été Treena », dit-elle. C’est une bénédiction. J’avais un peu peur de le dire à certaines personnes, mais leur accueil a complètement dépassé mes attentes. J’ai reçu tellement de beaux messages, comme « Félicitations pour ta transition. Tu fais preuve du même leadership et du même courage que dans ta carrière dans la Marine ». Je suis encore un peu émue quand j’y pense », confie-t-elle.

Lors d’un récent forum de vétérans, Treena a même renoué avec le contre-amiral Jacques Olivier, son dernier superviseur avant qu’elle ne prenne sa retraite. Elle s’est approchée de lui dans la file d’attente d’un café. Il ne l’a pas reconnue au début. « C’est la capitaine Scurlock », lui a-t-elle dit en souriant. « Oh mon Dieu! T’as l’air en pleine forme! » s’est-il exclamé.

Treena a été touchée par sa réaction. Elle a alors pensé qu’elle aurait pu se confier à lui, si elle avait décidé de prolonger sa carrière dans l’armée. « Les alliés sont très importants », dit-elle.

Les vétérans et vétéranes qui veulent être des alliés n’ont qu’à « se tenir côte à côte avec nous et nous épauler, comme nous le faisons avec n’importe quel camarade, dit-elle. Et aux vétérans et vétéranes qui ont de la difficulté à assumer leur identité, je tiens à leur dire que nous n’êtes pas seul. J’ai été à votre place. Il y a une vie – et de la fierté – de l’autre côté. »

« Je me sens plus légère. Je me réveille tous les matins maintenant et je remercie Dieu et toutes les personnes qui m’ont soutenue dans ma transition – c’est un sentiment fantastique! »

Avec courage, intégrité et loyauté, Treena Scurlock laisse sa marque. C’est une vétérane des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.

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