La peur

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Description

M. Boivin nous parle de la peur qu’il a pu vivre pendant la guerre, et comment il l’a surmontée.

Adrien Boivin

Ayant acquis de l’expérience militaire en tant que réserviste, c’est comme instructeur que M. Boivin commence sa carrière militaire professionnelle; il est alors spécialiste en gaz toxiques (gaz de guerre). Engagé avec le Régiment de la Chaudière, il est stationné à divers endroits au Canada (Rimouski, Valcartier, Lauzon), mais à titre de volontaire, il se retrouve assez rapidement dans un dépôt d’effectifs en Angleterre, en 1943. À la mi-juin 1944, quelques semaines après le jour J, il est envoyé au front comme renfort pour le Régiment de Maisonneuve. C’est là, dans un peloton de pionniers, qu’il apprend le métier de démineur, qu’il pratique jusqu’à la fin de la guerre. Il se rend jusqu’aux Pays-Bas, est fait prisonnier puis libéré, avant d’être rappelé en Angleterre afin de former de nouvelles troupes de renfort. C’est là qu’il vit la fin de la guerre. Il quitte la vie militaire en 1946. Depuis, il est retourné plus de vingt fois en France afin de retrouver de vieilles connaissances de guerre et prendre part à diverses activités de Souvenir.

Transcription

J’ai eu peur souvent. La peur c’est un drôle de phénomène ça. C’est comme la bravoure, hein.On a peur souvent. C’est dangereux, hein. Alors quand ta vie, quand ta vie est en danger, à moins d’être fou, t’as pas peur.Les grands héros c’est quasiment des fous que… ceux qui ont des, qui font des faits d’armes extraordinaires, y’ont pas peur.Mais la peur c’est un phénomène normal. C’est un phénomène qui se contrôle un peu, hein. Sans ça tu viendrais fou.Alors t’essaye à pas trop y penser. Pis… prier, hein. Parce que la prière pour moi est forte dans ce temps-là. Et espérer que t’auras rien, parce que tu passes proche ben souvent, par les balles, ou par les éclats d’obus (parce qu’y’a des éclats aussi), par les mines, par les accidents bêtes là, un véhicule qui te frappe, n’importe quoi là, n’importe quoi, n’importe quel accident peut arriver, bombardement. Bombardement c’est tannant ça. Ça tombe dru.J’me rappelle j’avais, un bombardement j’avais, j’m’étais tiré en bas du camion pis j’avais les fesses, j’avais le visage entre les fesses du médecin. J’avais l’air fou quand on s’est, on s’est aperçu de ça par exemple. Sais pas si il m’a pris pour un homo, mais… (rires)Interviewer : Saviez-vous que vous alliez revenir ? Le sentiez-vous ? Je me suis pas… je pense que oui, j’espérais revenir. J’suis revenu. Je suis revenu puis je suis content. J’suis pas un héro extraordinaire, mais j’ai fait mon travail, hein. J’avais peur, mais on s’encourage là t’sais. Le moral parfois y’est bas, parfois y’est haut. C’est comme dans la vie. Faut faire attention de pas aller trop loin dans le désespoir, si tu veux là. Pas trop se faire peur trop, trop là.Mais y’a des fois que c’est… t’as hâte que ça, t’as hâte que ça soit passé, hein. Oui t’as hâte. Hein.

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