Motivé à servir
Le père d'Adam, le colonel honoraire Alvin Jones, dit que dès son plus jeune âge, son fils s’intéressait beaucoup à l'armée et pouvait reconnaître les chars et autres équipements. « Il a toujours eu une grande passion pour le service militaire et un profond désir de s'enrôler dans les Forces armées canadiennes ».
Après ses études secondaires, Adam s’est enrôlé dans les forces militaires. Il a commencé son service en 2011 en tant que soldat d’artillerie de campagne, maintenant appelé un artilleur. « Mon travail consistait à agir comme artilleur principal au sein d’une équipe responsable d’un obusier C3 ou M777 », affirme Adam.
En 2013, Adam est tombé du haut d’un obstacle pendant le parcours de développement de la confiance en soi. Il s'est blessé à la main et au bras, et a souffert une commotion cérébrale. « À l'époque, ma commotion cérébrale n'était pas considérée comme un problème médical grave », dit Adam. J'ai convaincu l'infirmière praticienne à l'unité médicale de la base que j'étais assez bien pour réintégrer mes fonctions. On m'a donc installé un collier cervical et une attelle au bras et j'ai repris mon service. J'ai été en mesure de progresser dans ma carrière, mais je ne me suis jamais vraiment occupé de cette blessure ».
L’année suivante, Adam a subi une autre commotion, qui s’est transformée en traumatisme cérébral et a provoqué une crise d’épilepsie. « Une minute, je faisais mon travail, la suivante, j’étais sur une civière ».
Quelqu’un dans son coin
Cette fois, la commotion ne pouvait être ignorée, obligeant Adam à subir un traitement d'urgence. « Tous les symptômes de cette première commotion cérébrale et de la commotion subséquente ont fait surface. Tous les symptômes à long terme se sont manifestés, y compris des difficultés au niveau de mes capacités cognitives, motrices, langagières et visuelles ». Malgré tout, Adam a essayé de dissimuler sa blessure. « Je me suis confié à mon ergothérapeute au cours ce que je croyais être une discussion confidentielle. Le lendemain, j'ai reçu un appel de mon médecin militaire qui m'a dit : « Comment ça, vous ne mangez pas, ne dormez plus, vous ne vous souvenez de rien et vous oubliez vos mots? »
Après le traitement d’urgence, Adam s’est vu attribuer une catégorie médicale temporaire. Le rapport d’observation rédigé par son médecin militaire recommandait notamment des « études universitaires à temps partiel ». C’est à ce moment que s’est véritablement amorcée la guérison d’Adam. « Mon médecin militaire m’a ordonné de retourner à l’université, ce qui signifiait que les cours devaient être offerts par l’armée, dit Adam. Je me suis blessé en mai et j’ai commencé mes études à l’Université Carleton en septembre 2014, parce que le médecin militaire s’est porté à ma défense ».
Quitter les forces
En raison de l’étendue de ses blessures, Adam s’est vu attribuer par la suite une catégorie médicale permanente. En 2017, Adam a été affecté à une unité interarmées de soutien du personnel à Ottawa. C’est là qu’il a amorcé le processus de transition. Il a été libéré officiellement en 2018.
Les dernières années du service d'Adam ont été axées sur son rétablissement, ce qui comprenait des séances de physiothérapie, d'orthophonie et d'ergothérapie. Cependant, la période précédant sa libération a aussi été marquée par des réalisations personnelles et professionnelles. En effet, Adam a été sélectionné pour faire partie de l'équipe canadienne aux Jeux Invictus de 2017 à Toronto. Il a participé aux épreuves d'aviron et d'athlétisme. Il a reçu des éloges et a été promu au grade de bombardier. Adam accorde une grande importance à ce sentiment de satisfaction professionnelle. « J’ai eu l’impression de quitter les Forces canadiennes en obtenant une certaine reconnaissance ».
Même si Adam pouvait constater les résultats positifs de quitter le service militaire, comme le fait de bénéficier d’une formation universitaire, la transition n'a pas été facile. « Lorsque j'ai fait la transition, outre un profond sentiment de déception familiale, j’ai aussi vécu la perte du sentiment d'appartenance que procure le service au sein d’un bataillon. J'avais accepté d’être avant tout un soldat et de faire partie d’une famille militaire. Quand tout ça a disparu, ça m’a détruit ».
Un changement de perspective
« Mon plus grand obstacle psychologique, à la suite de ma blessure et de la transition, a été la perte de mon identité de soldat, parce que j’évaluais mon processus de rétablissement avec le raisonnement suivant : Est-ce que je remplis les conditions nécessaires pour pouvoir exercer à nouveau mon métier? C’est une importante prise de conscience qui a permis à Adam de changer sa façon d’aborder la vie après le service. « Plutôt que de chercher à redevenir qui j’étais auparavant, je me suis demandé : Qui puis-je être maintenant? »
Adam a commencé à s'adonner à de nouveaux passe-temps et à trouver différentes façons de se mettre au défi. « J'ai commencé à m’épanouir dans des domaines que je n'avais jamais explorés auparavant ». Il a notamment choisi d’apprendre à jouer du violoncelle. « Cela m'a permis de continuer à me dépasser, de demeurer l’artisan de mon rétablissement, mais aussi de m’enlever de la pression, de faire des choses intéressantes, de travailler sur mon caractère et de commencer à me considérer autrement que comme un soldat défectueux ».
Donner au suivant
Adam s’efforce de créer une communauté de vétérans sur le campus de Carleton. Il a formé la toute première association d'étudiants vétérans au Canada. L'association accueille les vétérans sur le campus, offre un réseau de soutien par les pairs et fournit des outils qui facilitent l'intégration aux services de santé mentale existants de l'établissement universitaire. Jusqu'à 40 personnes participent aux réunions.
« L'âge moyen d'un soldat est de 25 ans, explique Adam. Les étudiants universitaires de première année ont 18 ans. Le fait d'offrir un réseau sur le campus où les membres n'ont pas l'impression d'avoir 10 ans de plus que leurs camarades de classe représente un grand pas en avant pour nous ».
Conseils aux autres vétérans
Fort de ses propres expériences en matière de rétablissement et de transition, Adam recommande à ses camarades vétérans de trouver des façons de s'épanouir en tant que personnes. « Vous ne serez peut‑être jamais capable d'ébranler entièrement votre conviction d'être avant tout un soldat et le sentiment d'appartenance que cela procure, mais si vous commencez à vous épanouir d'une manière que vous n'avez jamais connue auparavant, cela soulage cette pression mentale. Vous pouvez ainsi faire une transition en douceur. Cela vous permet d’avoir une meilleure idée d'où vous vous situez ».
Date de publication : 2021-02-01