Jeudi 12 avril 2018
13 h 30 à 15 h (HAE)
Membres du Groupe consultatif sur la santé mentale
- Sapeur (à la retraite) Aaron Bedard
- Michael Blais, Groupe de défense des intérêts des anciens combattants canadiens
- Colonel Colleen Forestier, directrice de la santé mentale, Forces armées canadiennes
- Dave Gallson, Société pour les troubles de l’humeur du Canada
- Sergent Brian Harding
- Glynne Hines, Légion royale canadienne (coprésident)
- Sapna Mahajan, pour Ed Mantler, Commission de la santé mentale du Canada
- Adjudant (à la retraite) Brian McKenna
- Kerry Mould, Association canadienne des Vétérans des Forces de la Paix des Nations Unies
- Robert Thibeau, Vétérans autochtones
Absents
- Joel Fillion, directeur, Santé mentale (coprésident d’ACC)
- Dre Karen Cohen, Société canadienne de psychologie
- Dre Ruth Lanius, Université Western
- Dr Don Richardson, Association des psychiatres du Canada
- Dr Patrick Smith, Association canadienne pour la santé mentale
- Amanda Jane, Bureau de l’ombudsman des vétérans
Cabinet du ministre des Anciens Combattants
- Laurel Chester, Relations avec les intervenants
- Bernard O’Meara, Relations avec les intervenants
Représentants et présentateurs d’Anciens Combattants Canada
- Dre Alexandra Heber, psychiatre en chef, Anciens Combattants Canada
- Dre Linda Van Til, épidémiologiste, Anciens Combattants Canada
- Raymond Lalonde, agent principal de projet, Anciens Combattants Canada
- Michelle Morrison, analyste principale, Engagement des intervenants et sensibilisation
Mot d’ouverture
Le coprésident des membres souhaite la bienvenue au groupe et souligne l’absence du coprésident d’Anciens Combattants Canada (ACC). Il invite la première intervenante, qui est épidémiologiste à la Direction de la recherche d’ACC, à présenter l’Étude sur la mortalité par suicide chez les vétérans.
Séance d’information sur l’Étude sur la mortalité par suicide chez les vétérans
Un aperçu dee l’étude globale sur la mortalité par suicide chez les vétérans 2017 (rapport publié en novembre 2017) a été fourni en se servant de l’Exposé d’information de la Direction de la recherche d’ACC comme guide. Ce rapport repose sur les résultats d’une étude menée conjointement par ACC, le ministère de la Défense nationale (MDN) et Statistique Canada. Cette étude compare le risque de mortalité par suicide chez les vétérans canadiens par rapport à l’ensemble de la population canadienne. Les données administratives du MDN ont été combinées à 37 années de données canadiennes sur la mortalité fournies par Statistique Canada et concernent les vétérans de la Force régulière et de la Force de réserve de classe C qui ont été libérés des Forces armées canadiennes (FAC) entre 1976 et 2012. On souligne que ce rapport constitue la première étape qui permettra de dresser un portrait de la mortalité par suicide au sein de la population des vétérans et de déterminer les mesures à prendre dans le cadre de la Stratégie conjointe de prévention du suicide des FAC et d’ACC. Cette stratégie fera l’objet d’une discussion plus tard au cours de la réunion. Voici les principales conclusions tirées du rapport :
- Les taux de suicide au cours de cette période étaient de 37 pour 100 000 chez les hommes vétérans et de 11 pour 100 000 chez les femmes vétérans.
- Le risque de suicide chez les vétérans est 1,4 fois plus élevé que dans l’ensemble de la population canadienne.
- Le risque est le plus élevé chez les hommes de moins de 25 ans, soit 2,4 fois plus élevé que dans la population canadienne. Les vétérans âgés de plus de 55 ans sont moins à risque que l’ensemble de la population canadienne.
- Le risque de suicide chez les femmes vétérans est 1,8 fois plus élevé que dans l’ensemble de la population canadienne et les risques sont similaires pour les femmes vétérans plus âgées et plus jeunes.
- Le risque de suicide chez les vétérans, hommes et femmes, est demeuré relativement inchangé au cours des quatre dernières décennies. Il a toujours été plus élevé que dans l’ensemble de la population canadienne.
La discussion qui suit sur les conclusions de l’Étude sur la mortalité par suicide chez les vétérans porte sur les points suivants :
- Une question est soulevée à savoir pourquoi les données des membres de la Force de réserve de classe C ont été choisies pour être incluses dans l’étude. La présentatrice indique que les données ont été tirées de l’historique des paiements. Si une personne a servi dans la Force de réserve de classe C à un moment ou à un autre de sa carrière, elle fait partie de l’étude.
- En réponse à une question sur la façon dont les données liées au personnel de la Force de réserve des classes A et B sont enregistrées, la présentatrice mentionne qu’elle a constaté dans d’autres recherches effectuées sur les réservistes jusqu’en 2003, que les systèmes d’information des classes A et B de la Force de réserve consistaient essentiellement à conserver les données sous forme de dossiers papier à différents endroits au Canada et que, de ce fait, les données sont difficiles à obtenir. Compte tenu du nombre limité d’années pour lesquelles les données sur le personnel des classes A et B de la Force de réserve sont disponibles, elles n’ont pas été incluses dans les données de l’étude sur la mortalité par suicide à ce stade-ci.
- On demande à quelle fréquence l’étude sera mise à jour pour fournir de nouvelles données à partir de 2012. La présentatrice indique qu’ACC produira un rapport tous les ans. Statistique Canada ne produira toutefois pas de nouvelles données avant 2019 au plus tôt.
- Une question est soulevée par un membre du groupe relativement aux liens avec d’autres recherches comparables effectuées dans d’autres pays. Il fait référence à l’Australie où une étude sur le nombre de suicides chez les vétérans australiens a, semble-t-il, été réalisée en un court laps de temps. Le membre affirme qu’il pourrait s’agir d’un audit interne des clients du ministère des Anciens Combattants de l’Australie. Il se demande pourquoi un processus similaire n’a pas pu être suivi au Canada. Il s’agirait de demander aux gestionnaires de cas actuels et anciens de signaler le nombre de morts par suicide à partir des données de leurs dossiers. La présentatrice indique que ce type de collecte d’information constituerait un type de recherche différent qui porterait uniquement sur la clientèle d’ACC, qui représente entre 12 % et 15 % du nombre estimatif de vétérans au Canada. L’étude sur la mortalité par suicide chez les vétérans permet d’obtenir des résultats sur une plus vaste population de vétérans au Canada en se servant des données existantes pour déterminer le risque de suicide par rapport à l’ensemble de la population canadienne.
Plan d’action de la Stratégie conjointe de prévention du suicide des FAC et d’ACC
La psychiatre en chef d’ACC passe en revue le Plan d’action de la Stratégie conjointe de prévention du suicide FAC-ACC, publié en octobre 2017, pour remédier aux risques de suicide chez les populations de militaires encore en service et de vétérans. Elle fait également le point sur le plan d’action. Elle souligne la contribution du Groupe consultatif sur la santé mentale à l’élaboration de la stratégie et remercie les membres. Elle présente un exposé pour orienter la discussion avec le groupe. Les principaux points abordés dans la présentation sont les suivants :
- Les FAC et ACC coordonneront leurs efforts en matière de prévention, d’intervention et de postvention dans le continuum de prévention du suicide décrit le Cadre fédéral de prévention du suicide,
- Tous les déterminants du bien-être doivent être pris en considération afin d’assurer la plus grande incidence possible.
- Une liste de 160 mesures planifiées par les deux ministères ou déjà en cours a été dressée. Elles sont classées selon sept grands axes :
- communiquer, mobiliser et éduquer;
- créer et favoriser la résilience chez les membres et les vétérans des FAC;
- connecter et soutenir les membres et les vétérans des FAC par l’entremise de leur famille et de la collectivité;
- offrir un accès à du soutien et à des soins de santé efficaces en temps opportun;
- favoriser le bien-être des membres des FAC lors de leur transition à la vie civile;
- instaurer des protocoles, des politiques et des processus afin de mieux gérer les risques et le stress;
- apporter des améliorations continues par la recherche, l’analyse et l’intégration des leçons apprises et des pratiques exemplaires.
- ACC et les FAC disposent de plans d’action distincts, mais les mesures se recoupent.
La présentatrice reconnaît le défi posé par l’élaboration d’une stratégie commune entre les deux ministères, notamment en raison des systèmes de services de santé mentale qui diffèrent, des besoins particuliers des populations servies par chaque ministère, ainsi que des différents mandats législatifs et règlements. Il existe toutefois des principes directeurs communs et les deux ministères reconnaissent que la vulnérabilité peut être inhérente au processus de transition, une responsabilité partagée par ces derniers.
La présentatrice souligne qu’ACC se concentre sur de nouveaux domaines d’intérêt. Le Ministère étudie, par exemple, les possibilités d’accroître le recours à la technologie, comme la télésanté mentale, dans le cadre des services en santé mentale, poursuit des recherches et des travaux sur les vétérans de sexe féminin et le suicide, et explore de nouveaux traitements pour cibler les tendances suicidaires.
Les progrès suivants ont été réalisés relativement aux mesures découlant de la stratégie :
- La section sur la santé mentale du site Web d’ACC a été mise à jour et reformatée.
- Une page Web donnant de l’information sur les traumatismes sexuels pendant le service militaire est maintenant disponible (http://www.veterans.gc.ca/fra/help/faq/sexual-trauma-during-service). On a également fourni au personnel du Réseau national des centres d’appels une liste de questions et réponses au cas où il recevrait des appels sur les traumatismes sexuels pendant le service militaire.
- Une revue de la littérature scientifique a été entreprise relativement au protocole « Prendre soin des nôtres ». Il s’agit d’un concept élaboré aux États-Unis, dans le cadre duquel des cartes postales, des lettres ou des messages sont envoyés en guise de suivi aux personnes qui ont été hospitalisées pour des tentatives de suicide ou des idées suicidaires. ACC examine l’implantation de quelque chose de similaire.
- On procède actuellement à une révision des protocoles de postvention auprès des familles d’ACC.
- Une collaboration a été établie avec Services de crises du Canada, un centre d’appel national pour la prévention du suicide au Canada.
- La Clinique de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel (TSO) de Québec a été agrandie et le Point de service pour le traitement des TSO de Kingston a officiellement ouvert ses portes le 5 avril 2018.
La discussion qui suit la présentation porte sur les points suivants :
- On fait valoir qu’il faut, au sein des FAC, offrir une formation sur la prévention du suicide et faire de la sensibilisation à ce sujet tant au niveau de la direction que des grades inférieurs, puisque le suicide est un problème qui touche tous les grades.
- On propose que les mesures soient accompagnées du nom du secteur responsable afin d’assurer l’imputabilité. On souligne qu’un responsable a été désigné et que des dates cibles ont été établies pour chaque mesure et que ces dernières font l’objet d’un suivi.
- On propose d’accroître les options offertes en matière de thérapie à distance au moyen de la technologie. Cette dernière permet aux gens de recevoir un traitement par ordinateur à la maison.
- On propose qu’ACC envisage le recours aux applications de rétroaction biologique pour faciliter l’autosurveillance des problèmes de santé mentale. La présentatrice souligne que toutes les options technologiques sont étudiées. Un membre du groupe offre son aide pour toute autre étude sur cette idée.
- Un membre du groupe est d’avis qu’un établissement de soins hospitaliers centralisé n’est pas nécessaire, puisque les vétérans ont tendance à vouloir recevoir des services à la maison dans leur propre collectivité. Il fait également remarquer que les collectivités nordiques et rurales peuvent ne pas avoir accès à la technologie en ligne, mais qu’elles ont quand même besoin de services. Il affirme qu’il faut être prudent et ne pas trop se concentrer sur cette solution. La présentatrice convient qu’il s’agit d’un problème dont il faudra tenir compte.
Centre d’excellence sur le trouble de stress post-traumatique et les états de santé mentale connexes
Les membres du groupe sont informés des développements relatifs au nouveau Centre d’excellence sur le trouble de stress post-traumatique (TSPT) et les états de santé mentale connexes à l’aide d’une présentation visant à orienter la discussion :
- Le Centre d’excellence sera créé en tant qu’organisme sans but lucratif.
- On procédera à la planification et à la dotation en personnel en 2018-2019. L’ouverture est prévue en avril 2019. Le financement passera de 500 000 $ pour le présent exercice financier à 9,4 millions de dollars pour le quatrième exercice, lorsque le Centre sera entièrement opérationnel. Il bénéficiera d’un financement continu par la suite.
- L’objectif du Centre d’excellence consiste à améliorer la capacité des personnes, des organismes et du milieu de la santé à comprendre, à prévenir et à traiter le TSPT et les troubles de santé mentale connexes chez les vétérans canadiens par :
- l’accroissement de l’expertise canadienne et la création de connaissances;
- le transfert des connaissances sur la santé mentale, le suicide, la prévention et les troubles liés à la toxicomanie;
- la transposition de la science en santé mentale en pratiques cliniques.
- Le Centre développera également des outils de formation et des lignes directrices à l’intention des fournisseurs de soins de santé au Canada, des vétérans, des familles et du grand public.
- Le Centre aura une incidence sur une population plus large que celle des vétérans et profitera aux premiers répondants, à la Gendarmerie royale du Canada et à l’ensemble du public.
- Il n’aura pas de mandat de traitement. Le Centre travaillera en étroite collaboration avec le Réseau de cliniques de traitement des TSO et d’autres partenaires clés par l’entremise desquels on tentera dans le cadre d’initiatives en recherche, de formation et des programmes d’améliorer les connaissances et les traitements des vétérans au Canada.
La discussion qui suit la présentation porte sur les points suivants :
- Un membre du groupe craint qu’un Centre d’excellence centralisé ne garantisse pas un rayonnement à l’échelle du pays ni la mise à profit de programmes de santé locaux novateurs déjà existants. Il se dit préoccupé par le fait que l’argent investi ne se traduise pas par des améliorations cliniques pour les vétérans, mais qu’il soit plutôt engagé dans des processus administratifs.
- Un membre se dit préoccupé par le temps qu’il faudra au Centre pour devenir entièrement opérationnel. Il s’interroge sur le délai puisqu’on en parle depuis plus d’un an. La présentatrice indique qu’une longue période a été requise pour confirmer le financement et obtenir l’approbation législative avant de commencer l’étape de la mise en œuvre.
- Un commentaire est formulé sur l’objectif et l’orientation du Centre et sur l’influence que pourra exercer ACC sur l’orientation des efforts qui y seront déployés étant donné qu’il sera administré par une tierce partie. On souligne qu’ACC encouragera l’organisme tiers à poursuivre les consultations auprès des intervenants.
- Un membre demande en quoi le Centre d’excellence diffère de l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans. La présentatrice indique que l’Institut mène des recherches dans tous les domaines de la santé alors que le Centre mène des recherches essentiellement axées sur la santé mentale et le TSPT. Les deux organismes vont travailler en étroite collaboration.
- (Remarque : depuis la réunion, le ministre d’Anciens Combattants Canada a fait une annonce officielle sur le Centre d’excellence le 7 mai 2018 par communiqué de presse).
Commentaires formulés lors du dernier tour de table
- Un membre se dit préoccupé par le fait que le conseil formulé par le Groupe consultatif sur la santé mentale n’a pas été pleinement pris en compte dans la conception du Centre d’excellence.
- Concernant l’avenir des groupes consultatifs, le coprésident des membres indique que le travail du groupe va se poursuivre pour l’instant.
- Un membre fait remarquer que le mandat du Groupe consultatif sur la santé mentale n’est pas respecté en ce qui a trait au nombre de réunions en personne.
Mot de la fin
Le coprésident des membres met fin à la réunion en remerciant les présentateurs et les membres du groupe pour leur engagement et leur participation.