Rapport du Conseil consultatif de gérontologie

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Parole d’honneur L’avenir des prestations de santé pour les anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre

Nous n'avons pas oublié et nous n'oublierons pas. Rapport du Conseil consultatif de gérontologie à Anciens Combattants Canada – Novembre 2006

Table des matières

Résumé

Nos anciens combattants survivants – les hommes et les femmes qui ont servi sous le drapeau canadien pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée – sont maintenant âgés de 70 à 106 ans. Comme tous les Canadiens âgés, ils doivent composer avec les effets du vieillissement. Contrairement à leurs concitoyens, il est toutefois possible qu’ils aient en outre à composer avec les répercussions à long terme du service militaire sur leur santé.

L’incidence du vieillissement sur la santé

Avec l’âge, les personnes deviennent plus vulnérables à certains événements marquants de la vie pouvant les fragiliser ou entraîner une perte de la santé ou de l’autonomie – tels qu’une maladie chronique, une grave chute, la maladie ou le décès d’un conjoint, la perte d’une source de revenu, la perte du permis de conduire ou l’isolement social –. Bien que leur santé et leur mieux-être puissent s’éroder au fil des ans, ils ne sont toutefois pas condamnés à perdre leur autonomie.

Les personnes âgées qui ont accès à des services sociaux et de santé intégrés, notamment de l’information et à des activités propres à les aider à améliorer leur santé, ont plus de chances de vieillir en santé. Non seulement la prestation de services intégrés a-t-elle pour effet d’améliorer la santé, la qualité de vie et le degré de satisfaction des aînés, mais elle permet d’alléger le fardeau des aidants membres de la famille et de réduire les coûts de la prestation des soins de santé.

La responsabilité collective d’assurer la santé et le mieux-être des anciens combattants

En reconnaissance des services qu’ils ont rendus au Canada, les anciens combattants ont le droit d’avoir accès à des programmes et à des services aptes à les aider à protéger et à améliorer leur santé. Aux termes de la Loi sur le ministère des Anciens combattants, le gouvernement du Canada s’est engagé à offrir les soins et les traitements nécessaires à toute personne ayant servi dans les Forces canadiennes. Compte tenu des résultats de travaux de recherche récents qui indiquent que la participation à des déploiements stressants peut avoir des effets à long terme différés sur la santé, il est particulièrement important que le Canada honore sa parole à cet égard.

Programmes et services existants pour les anciens combattants vieillissants

Il incombe aux systèmes provinciaux de soins de santé de veiller à ce que les anciens combattants âgés – au même titre que les autres Canadiens – aient accès aux services de santé financés par les fonds publics. De plus, Anciens Combattants Canada (ACC) offre actuellement, en matière de services sociaux et de santé, trois programmes conçus pour aider les anciens combattants dont tous les besoins ne sont pas satisfaits par leur système provincial de soins de santé ou leur régime privé d’assurance-maladie.

Historiquement, ACC a fait figure de chef de file en matière de services aux personnes âgées, que ce soit en absorbant les coûts liés à l’entretien ménager et à l’entretien du terrain afin d’aider les anciens combattants à rester à la maison ou en offrant un programme de prévention des chutes. De même, ACC a su adapter ses programmes aux besoins en constante évolution des anciens combattants, notamment en leur versant les sommes nécessaires pour leur permettre de recevoir des soins de longue durée au sein de leur collectivité plutôt que de les obliger à la quitter pour occuper un lit d’accès prioritaire dans un grand centre. ACC a également donné droit aux conjoints survivants des anciens combattants décédés à certains avantages médicaux et sociaux, tels que l’entretien du terrain.

Bien que les services offerts par ACC soient à plusieurs égards exemplaires, ils comportent aussi certaines faiblesses. Les critères d’admissibilité sont tellement complexes que nombre d’anciens combattants n’y satisfont pas ou encore renoncent à utiliser les services. Les services offerts ont tendance à être réactifs : ils visent davantage à aider les anciens combattants à régler leurs problèmes de santé qu’à les aider à rester en santé. Enfin, les anciens combattants ont seulement droit à certains types d’avantages. Ainsi, ACC absorbe les frais afférents à l’hébergement dans un centre de soins de longue durée, mais pas ceux liés à l’hébergement dans une maison d’accueil pour personnes âgées ou dans un établissement offrant des services d’aide à la vie autonome, qui peuvent être des milieux de vie plus appropriés pour de nombreux anciens combattants.

Une proposition pour la prestation de services intégrés aux anciens combattants

Lorsqu’ils ont été interrogés au sujet de leurs besoins en matière de soins de santé, les anciens combattants ont dit souhaiter qu’on mette davantage l’accent sur la promotion de la santé et la prévention des maladies et qu’on leur offre des services de soins de santé proximité de pro flexibles pour répondre à leurs besoins et les aider à retarder ou à éviter le recours aux soins de longue durée.

Afin d’aider les anciens combattants et leurs familles à améliorer leur mieux-être et leur qualité de vie, à vieillir le mieux possible et à recevoir les soins voulus à la fin de leurs jours, le Conseil consultatif de gérontologie fait les recommandations suivantes à Anciens Combattants Canada :

  • combiner les trois programmes existants de services sociaux et de santé afin de créer les Services intégrés aux anciens combattants (SIAC);
  • rendre admissibles aux SIAC tous les anciens combattants ayant servi dans les Forces armées au cours de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée ainsi que leurs familles, la prestation des services étant fonction des besoins plutôt que du statut d’ancien combattant;
  • offrir un guichet unique pour tous les SIAC;
  • offrir des services d’évaluation et de suivi continu des besoins des anciens combattants et de leurs familles en matière de soins de santé;
  • élargir ou adapter les équipes interdisciplinaires actuelles pour y intégrer :
    • des spécialistes de l’intervention précoce appelés à aider les anciens combattants et leurs familles à améliorer leur santé et à s’orienter parmi les programmes de soins de santé et de services sociaux,
    • des coordonnateurs de soins appelés à aider les anciens combattants et leurs familles ayant des besoins importants en matière de soins de santé à obtenir les services nécessaires,
    • des gestionnaires des soins ayant pour fonctions d’organiser les soins pour le compte des anciens combattants ou des membres de leurs familles qui sont en perte d’autonomie graves ou handicapés et ont besoin d’un soutien et de soins intensifs;
  • élargir la gamme de services offerts aux anciens combattants vieillissants pour y inclure les services appropriés d’intervention précoce et de promotion de la santé, un soutien à domicile plus intensif et un plus vaste choix au titre de l’hébergement;
  • veiller à ce que les gestionnaires de soins aient la possibilité de déplacer et d’affecter les ressources en fonction des besoins sociaux et de santé des anciens combattants et soient constamment disponibles pour venir en aide aux anciens combattants;
  • travailler avec les associations d’anciens combattants à informer tous les anciens combattants de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale ou de la guerre de Corée au sujet des SIAC;
  • établir une base de données complète pouvant servir à évaluer et à améliorer les SIAC.

Avantages des Services intégrés aux anciens combattants

Les Services intégrés aux anciens combattants proposés seront plus complets, plus flexibles et mieux adaptés que les programmes de santé actuellement offerts par ACC. Ils seront aussi plus accessibles aux anciens combattants et à leurs familles, les aideront à améliorer leur santé et leur mieux-être et leur permettront d’avoir accès à des services sociaux et de santé mieux adaptés à leurs besoins.

En assurant une prestation plus intégrée et mieux coordonnée des services, les SIAC permettront d’éviter que les anciens combattants souffrent des lacunes des systèmes provinciaux de soins de santé. Le Conseil consultatif de gérontologie estime que la mise sur pied des SIAC assurera la prestation de services de meilleure qualité aux anciens combattants tout en étant rentable.

ACC a l’occasion d’établir un nouveau modèle de prestation des services sociaux et de santé au Canada. Il est possible de mettre sur pied à l’intention des anciens combattants un système intégré de prestation des services sociaux et de santé propres à accroître leur mieux-être, à les aider à bien vieillir et à permettre aux anciens combattants vieillissants de passer leurs dernières années là où ils le veulent, soit avec leur famille et leurs amis, et d’éviter ou de retarder le recours aux soins en établissement. Le Conseil consultatif de gérontologie estime que les SIAC ont le potentiel de servir de modèle pour la prestation de soins de santé à tous les aînés et d’établir les principes devant présider à la prestation de nouveaux services aux anciens combattants des Forces canadiennes à mesure qu’ils avancent en âge.

Un appel à l’action

La majorité des anciens combattants du Canada sont maintenant âgés de 80 ans et plus, et près de 2 000 d’entre eux décèdent chaque mois. Pour être en mesure de faire toute la différence dans leur qualité de vie et dans celle de leurs familles, nous nous devons de passer à l’action sans délai, dès maintenant. Le temps d’honorer notre parole est venu.

Membres du Conseil consultatif de gérontologie

Le Conseil consultatif de gérontologie est formé d’un groupe d’experts qui sont des sommités au Canada dans les domaines du vieillissement et des questions relatives aux personnes âgées et aux anciens combattants. On trouve au sein du Conseil des universitaires et des chercheurs, des praticiens et des prestataires de services de santé, des anciens combattants et des représentants d’associations d’anciens combattants. Les membres du Conseil sont :

  • Victor Marshall, PhD (président)*
    Université de la Caroline du Nord
  • Dorothy Pringle, RN, PhD*
    Université de Toronto
  • Norah Keating, PhD*
    Université de l'Alberta
  • François Béland, PhD*
    Université de Montréal
  • Evelyn Shapiro, MA LLD
    Université du Manitoba
  • Christopher MacKnight, MD, FRCPC
    Université Dalhousie
  • Bernard Groulx, MD, FRCPC
    Hôpital Sainte-Anne
  • Robin Poole, PhD
    Université McGill
  • Howard Zacharias, MD
    Autorité sanitaire de la région du Sud-Est, Man.
  • Douglas H. Rapelje (à la retraite)
  • Colonel Donald M. Thompson, CD (à la retraite)
  • Senator Orville H. Phillips (à la retraite)
  • Pierre Allard
    Légion royale canadienne
  • Jean McMillan
    Amputés de guerre du Canada
  • Kenneth W. Henderson
    Anciens combattants de l'armée, de la marine et des forces aériennes du Canada

*Membres du Comité d’orientation du Conseil

Le président du Conseil consultatif de gérontologie tient à exprimer sa profonde reconnaissance à Mme Dorothy Pringle, qui a si bien su assumer le leadership du Comité d’orientation du Conseil, aux membres du Comité d’orientation, les professeurs François Béland,Ph.D. et Norah Keating, Ph.D., ainsi qu’à tous les membres du Conseil pour leur contribution réfléchie et constructive au présent rapport.

Le Comité d’orientation tient aussi à souligner qu’il lui aurait été impossible de présenter un rapport d’une telle qualité sans le concours inestimable de Sean Farrelly, de M. David Pedlar, Ph.D. de Louise Wallis et des autres membres du personnel d’Anciens Combattants Canada et sans le superbe talent de rédactrice de Jean Bacon.

Vous trouverez plus de renseignements sur le présent document et sur les travaux du Conseil consultatif de gérontologie sur le site Web d’ACC, à l’adresse : www.veterans.gc.ca.

Introduction

Les Canadiens et Canadiennes ont une dette de reconnaissance envers les hommes et les femmes en uniforme qui mettent leur vie en danger en leur nom. Anciens Combattants Canada (ACC) a pour rôle de permettre à la nation de s’acquitter de sa dette envers les membres de nos Forces armées. Sa mission est la suivante :

Fournir des services et des avantages axés sur les anciens combattants et sur les autres bénéficiaires qui soient exemplaires et adaptés à leurs besoins et à ceux de leurs familles, de manière à reconnaître les services qu'ils ont rendus au Canada et à graver dans la mémoire de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes le souvenir de leurs réalisations et de leurs sacrifices.

Tout au long de son histoire, ACC a travaillé en étroite collaboration avec les groupes d’anciens combattants afin de mieux comprendre leurs besoins en constante évolution et d’adapter ses programmes en conséquence. De fait, ACC a fait figure de chef de file en matière de prestation de soins et de services de soutien pour les anciens combattants, nombre des innovations qu’il a apportées en la matière ayant servi de modèle pour les services offerts à la population canadienne en général.

En 2005, Année de l’ancien combattant, le Canada a adopté une nouvelle Charte des anciens combattants, texte législatif ayant pour objet de moderniser les programmes et les services offerts par ACC. Les changements introduits par la Charte sont conçus pour aider le Ministère à répondre aux besoins particuliers des anciens combattants des Forces armées canadiennes de l’ère moderne, qui sont d’ordinaire dans la mi-trentaine lorsqu’ils quittent les Forces et peuvent, eux et leurs familles, avoir besoin de soutien pour les aider à faire la transition à la vie civile.

Fidèle à son engagement envers les anciens combattants qui ont servi en temps de guerre, ACC a également demandé en 2005 au Conseil consultatif de gérontologie de le conseiller quant à la meilleure façon de promouvoir la santé, le mieux-être et la qualité de vie des anciens combattants de la Première Guerre mondiale, de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée, qui sont maintenant âgés de 70 à 106 ans.

Dans le présent rapport, le Conseil consultatif de gérontologie recommande à ACC de fusionner et d’améliorer les programmes et services de santé qu’il offre actuellement aux anciens combattants qui ont servi en temps de guerre afin de mettre sur pied des Services intégrés aux anciens combattants (SIAC). Le rapport :

  • décrit l’incidence du vieillissement sur la santé et propose un cadre conceptuel pouvant servir à favoriser un vieillissement en santé;
  • examine l’état de santé actuel des anciens combattants vieillissants ayant servi en temps de guerre, en tenant compte des résultats des recherches récentes sur les effets à long terme du déploiement militaire;
  • expose sommairement les atouts, les faiblesses et les possibilités des programmes de soins de santé actuellement offerts par ACC;
  • établit les étapes à suivre pour tirer parti des programmes en place afin de mettre sur pied les SIAC et d’améliorer la santé et le mieux-être des anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre.

Appel à l’action

Non seulement le programme proposé offre-t-il la possibilité d’améliorer sensiblement la qualité de vie des anciens combattants qui ont servi en temps de guerre, mais il établit un modèle de prestation de soins pour tous les anciens combattants actuels et futurs des Forces canadiennes.

I. Comprendre le vieillissement et les déterminants du vieillissement en santé

Il existe bien des façons de vieillir.

Certains aînés restent actifs et en santé jusqu’à leur mort. D’autres doivent composer avec des facteurs de stress, tels que l’isolement social ou un faible revenu, qui ont une incidence défavorable sur leur mieux-être. D’autres encore, aux prises avec une affection chronique ou incapacitante, n’en réussissent pas moins – seuls ou avec le soutien de leur famille ou des services sociaux et de santé – à faire face et à demeurer à la maison jusqu’à leurs derniers jours. Certains, en perte d’autonomie, ont besoin de soutien et de soins complémentaires dans les dernières années de leur existence. Nombre d’entre eux ont besoin de soins intensifs en fin de vie, que ce soit à la maison ou en établissement.

Les déterminants de la santé

  • Revenu et statut social
  • Soutien social
  • Éducation et alphabétisme
  • Emploi et conditions de travail
  • Environnements sociaux
  • Environnements physiques
  • Habitudes de santé et capacité d’adaptation
  • Patrimoine biologique et génétique
  • Services de santé
  • Sexe
  • Culture

Afin de mieux comprendre les diverses facettes du vieillissement, Santé Canada et l’Organisation mondiale de la santé utilisent un modèle de parcours de vie selon lequel il existe trois grands déterminants sociaux du mieux-être et de la vulnérabilité au troisième âge : la santé, le patrimoine (c.-à-d., la sécurité du revenu) et l’intégration sociale.

Tout événement négatif de la vie, tel que des antécédents de tabagisme ou de consommation d’alcool, l’apparition d’une maladie chronique, une grave chute, la maladie ou le décès d’un conjoint, la perte d’une source de revenu ou la perte du permis de conduire, peut compromettre la capacité d’une personne âgée à composer avec les contraintes de la vie quotidienne et à demeurer autonome. Le moindre événement négatif de la vie risque de mettre une personne vulnérable sur une trajectoire menant à une perte graduelle de l’autonomie. Avec l’âge, les personnes deviennent plus vulnérables aux événements déstabilisateurs de la vie, qui risquent d’entraîner une détérioration à long terme de leur santé et de leur mieux-être.

Selon une étude récente portant sur les aînés vivant au sein de leur collectivité, le taux de personnes en perte d’autonomie est de 70 sur 1000 au sein du groupe d’âge des 65 à 74 ans et de 175 sur 1000, parmi les personnes âgées de 85 et plusNote de bas de page1. De 10 à 20 % des aînés sont en perte d’autonomieNote de bas de page2. Cependant, comme l’indique le schéma suivant, vieillissement et perte d’autonomie ne vont pas nécessairement de paire.

Figure 1

  1. Certaines personnes traversent le troisième âge en santé, actives et intégrées socialement. Elles peuvent avoir besoin d'information et d'un certain soutien pour garder la forme, mais elles ont peu recours aux services sociaux et de santé. Leur santé reste bonne jusqu'à ce qu'elles soient victimes d'un incident, tel qu'une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral, qui met fin à leurs jours.
  2. Certaines personnes, atteintes d'une maladie chronique ou ayant souffert une perte dévastatrice menaçant leur santé et leur mieux-être et les mettant sur la voie de la fragilisation, seront en mesure de recouvrer une certaine santé et une certaine autonomie pour autant qu'elles puissent jouir d'un certain soutien et avoir accès aux services sociaux et de santé appropriés.
  3. Certaines personnes accusent une perte au titre de leur état de santé our de leur vie sociale – telles qu'une perte de mobilité ou d'autonomie fonctionnelle consécutive à une maladie chronique ou au décès du conjoint – mais, ayant accès à un soutien communautaire qui atténue les effets de ces pertes, ne s'isolent pas socialement et sont capables de conserver une certaine autonomie jusqu'a ce qu'une maladie soudaine ou chronique ne les emporte.
  4. Certaines personnes, de 10 à 20 % des personnes âgées – souffriront d'une incapacité ou verront leur santé se fragiliser au point de devoir être traitées dans un établissement de soins de longue durée. Nombre d'entre elles seront atteintes de démence et devront recevoir des soins spécialisés de professionnels qualifiés pendant de longues années avant de décéder.

De nombreux risques pour la santé s’aggravent avec l’âge.

Tableau 1 : Prévalence des problèmes de santé chroniques, selon le groupe d’âge, population à domicile de 30 ans et plus, Canada, 2003
  65 et plus
%
30 à 64 ans
%
Arthrite/rhumatisme 47,3* 16,6
Cataracte/glaucome 24,7* 2,4
Maux de dos 24,1* 22,7
Maladie cardiaque 19,8* 3,5
Diabète 13,5* 4,4
Problème de la thyroïde 12,9* 5,9
Incontinence urinaire 10,7* 2,3
Asthme 7,6 7,3
Bronchite/emphysème/ bronchopneumopathie Chronique obstructive 7,4* 3,1
Maladie mentale 6,1 8,8*
Cancer 5,5* 1,4
Migraine 5,4 11,9*
Séquelles d’un accident vasculaire cérébral 4,5* 0,6
Ulcères à l’intestin ou à l’estomac 4,4* 3,2
Troubles intestinaux/maladie de Crohn/colite 3,9* 2,6
Sensibilités aux agresseurs chimiques 2,9 2,9
Maladie d’Alzheimer/autre forme de démence 2,0* 0,1E
Fibromyalgie 1,9 1,9
Syndrome de fatigue chronique 1,9 1,6
Épilepsie 0,6 0,6

Source des données : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2003
Nota : Problèmes de santé autodéclarés à partir d’une liste de problèmes de santé diagnostiqués.
* Valeur significativement plus élevée que l’estimation pour l’autre groupe d’âge (p < 0,05).
E : Coefficient de variation compris entre 16,6 % et 33,3 % (interpréter avec prudence).
F : Coefficient de variation supérieur à 33,3 % (valeur supprimée en raison de la très grande variabilité d’échantillonnage)
Source : Statistique Canada : La santé au troisième âge. Supplément aux Rapports sur la santé, volume 16.

Selon l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2003, le taux de prévalence de certaines maladies chroniques est beaucoup plus élevé chez les personnes âgées que chez les adultes plus jeunes (voir le tableau 1). Par exemple :

  • plus de 50 % des personnes de plus de 65 ans souffrent d’arthrite et de maux de dos, et 70 % des personnes de 75 ans ou plus sont atteintes d’arthrite invalidanteNote de bas de page3;
  • la prévalence de l’hypertension et des maladies associées à l’hypertension, telles que la cardiopathie, le diabète et les ACV, augmente avec l’âgeNote de bas de page4;
  • environ le tiers des personnes de plus 85 ans seront atteintes de démenceNote de bas de page5.

Le nombre moyen de maladies chroniques dont souffre une personne augmente avec l’âge, pour passer de 1,9 pour les personnes âgées de 64 à 74 ans à 2,5 pour celles de 85 ans ou plusNote de bas de page6. Nombre de maladies chroniques s’accompagnent d’une perte d’autonomie : les aînés souffrant d’une maladie chronique peuvent avoir besoin d’aide pour les activités instrumentales de la vie quotidienne (p. ex., courses, entretien ménager, entretien des pelouses et jardins) ou pour les activités de la vie quotidienne (p. ex., prendre un bain, s’habiller). La probabilité de perte d’autonomie s’accroît en fonction du nombre de problèmes chroniques avec lesquels la personne est aux prises.

En 2003, environ 6 % des hommes âgés et 7 % des femmes âgées avaient besoin d’aide dans l’exécution des activités de la vie quotidienne, tandis que 15 % des hommes et 29 % des femmes avaient besoin d’aide pour les activités instrumentales de la vie quotidienneNote de bas de page7.

La proportion des aînés canadiens qui déclarent être en bonne santé fonctionnelle et être autonomes dans les activités de la vie quotidienne diminue rapidement avec l’âge. Seulement 37 % des personnes de 85 et plus ont déclaré n’avoir aucune incapacité, contre 80 % des personnes de 65 à 70 ans. Il est cependant intéressant de noter que, bien qu’elles puissent perdre une fonction en vieillissant ou avoir besoin d’aide dans l’exécution des activités de la vie quotidienne, nombre de personnes âgées estiment être « en bonne santé » – bien que cette proportion diminue avec l’âge (voir la figure 2).

Figure 2 : Pourcentage de personnes en bonne santé, selon le groupe d'âge, population à domicile de 65 ans et plus, Canada, 2003 (version texte)
  65 à 74 ans 75 à 84 ans 85 ans en plus
Bon état de santé général 65 % 45 %* 22 %
Bonne santé fonctionnelle 80 % 64 %* 37 %*
Autonome dans les activités de la vie 88 % 70 %* 41 %*
Bonne perception de sa santé mentale 95 % 93 % 95 %
Bonne perception de son état de santé général 79 % 68 %* 63 %

Source des données : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2003
+ Aucun problème associé à l'une ou l'autre des quatre composantes.
* Valeur significativement inférieure à l'estimation pour le groupe d'âge précédent (p <0.05>).
Source : Statistique Canada : La santé au troisième âge. Supplément aux Rapports sur la santé, volume 16.

En raison de leur faiblesse ou des risques présents dans leur environnement physique, les personnes âgées sont aussi très susceptibles de se blesser en chutant. La proportion des décès pour cause de blessure occasionnés par les chutes chez les Canadiens de 65 ans et plus s’établissait à 57 % pour les femmes et à 36 % pour les hommes. Nombre d’aînés qui survivent à une chute ne se rétablissent jamais complètement. Ils restent avec une déficience fonctionnelle, doivent composer avec une souffrance chronique et sont souvent obligés d’apporter à leur style de vie des changements qui ont pour effet de diminuer leur qualité de vie. Pas moins de 40 % des admissions dans les maisons de soins infirmiers sont associées à une chute. Les chutes entraînent aussi des dépenses énormes au titre de la prestation des soins de santé, dépenses qui ont atteint 2,8 milliards de dollars en 1994Note de bas de page8.

Certains risques sociaux s’aggravent avec l’âge.

Avec l’âge, certaines personnes deviennent plus isolées socialement ou marginalisées, par suite de la perte d’un conjoint ou d’un partenaire ou de plusieurs de leurs amis. D’autres aînés marginalisés, qui ont tendance à vivre seuls ou dans les limites d’un couple fermé sur lui-même, sont souvent exclus en raison de leur statut social et économique précaire ou de leur état de santé. Il est fréquent que ces personnes forment de petits réseaux sociaux et aient peu de relations avec les membres de leur collectivité autres que leur familleNote de bas de page9. Ce type d’isolement social, bien qu’il puisse ne pas être autant problématique pour ces personnes lorsqu’elles sont plus jeunes, risque de les rendre plus vulnérables à la perte d’autonomie lorsqu’elles vieillissent. Leurs conditions de logement, leur niveau de stress et leur manque de liens avec leur collectivité peuvent avoir une incidence défavorable sur leur mieux-être et sur leur capacité de composer avec les tensions sociales ou les problèmes de santé et à rester le plus autonomes possibleNote de bas de page10.

Les relations et les responsabilités familiales peuvent avoir des répercussions sur la santé et la qualité de vie.

Personne ne traverse la vie entièrement seul : la vie est faite de relationsNote de bas de page11,Note de bas de page12. La famille et les amis sont d’une grande importance pour aider les personnes âgées à composer avec le stress et à conserver leur autonomieNote de bas de page13. Bien que les personnes de 75 ans et plus aient besoin du secours offert par les programmes sociaux et de soins de santé, une bonne partie de l’aide et du soutien dont ils ont besoin leur est fournie par leurs familles et leurs amis intimes Note de bas de page14.

Il peut être possible pour un couple de personnes âgées de conserver son autonomie lorsque les deux conjoints sont en santé, mais l’apparition de problèmes de santé chez l’un des conjoints ou chez les deux peut rendre le couple incapable d’exécuter lui-même les activités instrumentales ou les activités de la vie quotidienne. Étant donné que l’espérance de vie pour la majorité des Canadiens est maintenant supérieure à 80 ans pour les femmes et égale à 75 ans pour les hommes, la responsabilité de la prestation des soins repose alors sur les épaules de conjoints, de partenaires et de frères ou sœurs plus âgés et fragiles, et sur celles d’enfants plus âgés, pouvant eux-mêmes être aux prises avec des problèmes de santé liés au vieillissementNote de bas de page15.

Il est souvent très taxant pour les aidants membres de la famille de s’occuper de leurs parents vieillissants. Le fait de prodiguer des soins à un conjoint peut avoir une incidence directe sur la santé et le mieux-être d’une personne âgée. Selon des travaux de recherche réalisés aux États-Unis, les aidants membres de la famille consacrant au moins 36 heures par semaine à cette activité sont six fois plus susceptibles de souffrir de dépression ou d’anxiété lorsqu’ils s’occupent d’un conjoint et deux fois plus lorsqu’ils s’occupent d’un parentNote de bas de page16. La prestation de soins informels par les aidants membres de la famille peut aussi avoir des répercussions sur leur vie sociale et sur leur revenu. Selon Statistique Canada, une forte proportion des aidants assurant la prestation de soins personnels à une personne de plus de 65 ans déclarent devoir restreindre leurs activités sociales, accuser une perte de revenu et absorber des dépenses additionnellesNote de bas de page17. Les aidants s’occupant d’une personne atteinte de démence vivent aussi un stress énorme du fait de ne plus pouvoir compter sur la compagnie de la personneNote de bas de page18,Note de bas de page19.

Le revenu a une incidence sur la santé et la vulnérabilité.

Le revenu est un des principaux déterminants de la santé. Il existe un lien direct entre, d’une part, le statut socio-économique en début et en fin de vie, et, d’autre part, la santé et l’espérance de vie. À mesure qu’ils s’élèvent dans l’échelle des revenus, les Canadiens sont moins malades, leur espérance de vie augmente et leur santé s’amélioreNote de bas de page20. Non seulement les personnes ayant touché un revenu supérieur tout au long de leur vie ont-elles toutes les chances de jouir d’une meilleure santé, mais elles sont mieux en mesure d’acheter les services et le soutien dont elles besoin pour bien vieillir. Les Canadiens à faible revenu sont davantage susceptibles de mourir plus jeune et de souffrir de plus de maladies que les Canadiens au revenu supérieur, peu importe l’âge, le sexe, la race et le lieu de résidenceNote de bas de page21.

Les expériences vécues par une personne ont une incidence sur son mieux-être ultérieur.

La probabilité qu’une personne connaisse des problèmes de santé ou devienne socialement isolée en vieillissant et sa capacité de surmonter ces difficultés sont fonction dans une large mesure des expériences qu’elle vécues. Notamment :

  • les comportements adoptés au cours de la vie, en matière de tabagisme, de consommation d’alcool, d’entretien de la masse corporelle et d’activité physique, ont une incidence sur le mieux-êtreNote de bas de page22;
  • les personnes mariées souffrent moins de maladies aiguës et chroniques, ont moins de limitations d’activité et sont moins susceptibles de souffrir d’une incapacité ou d’être institutionnaliséesNote de bas de page23;
  • les blessures ou les traumatismes subis en bas âge peuvent avoir une incidence sur la santé pendant la vieillesse.

Mauvais état de santé et vieillesse ne vont pas nécessairement de paire

Comme le souligne le rapport de Statistique Canada sur le vieillissement, « un mauvais état de santé pendant les années de vieillesse n’est pas inévitable, ...[La] modification de certains facteurs de risque peut non seulement prolonger la vie, mais aussi permettre aux aînés de vivre de nombreuses années en bonne santé »Note de bas de page24

Les aînés qui vieillissent en santé sont capables d’optimiser leur mieux-être physique, mental et social et leur autonomie fonctionnelle.

La constitution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dit de la santé qu’elle est « un état de complet mieux-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité »Note de bas de page25. Cette définition trouve un écho dans le Règlement sur les soins de santé pour anciens combattants, qui définit la santé comme « un état de mieux-être physique, mental et social ».

Selon l’OMS, « La promotion de la santé est le processus qui confère aux populations les moyens d'assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d'améliorer celle-ci. Cette démarche relève d'un concept définissant la "santé" comme la mesure dans laquelle un groupe ou un individu peut d'une part, réaliser ses ambitions et satisfaire ses besoins et, d'autre part, évoluer avec le milieu ou s'adapter à celui-ci. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie; il s'agit d'un concept positif mettant en valeur les ressources sociales et individuelles, ainsi que les capacités physiques. Ainsi donc, la promotion de la santé ne relève pas seulement du secteur sanitaire : elle dépasse les modes de vie sains pour viser le mieux-être. »Note de bas de page26

La définition de l’OMS est compatible avec le concept du vieillissement en santé utilisé par le Conseil consultatif de gérontologie, concept dont rend bien compte la définition qu’en donne le Healthy Aging Network aux États-Unis :

« ... l’atteinte et le maintien de la santé fonctionnelle et d’un mieux-être physique, mental et social optimal chez les personnes âgées. Un tel objectif est davantage à la portée des personnes qui vivent dans un environnement physique et au sein d’une collectivité qui sont sûrs et qui favorisent l’adoption et le maintien des attitudes et des comportements dont on sait qu’ils favorisent la santé et le mieux-être, et qui savent utiliser à bon escient les services de santé pour prévenir les maladies aiguës ou chroniques et en limiter le plus possible l’effet sur l’autonomie fonctionnelle [traduction]. »

L’aptitude des aînés à vieillir en santé est fonction du jeu combiné d’un certain nombre de facteurs.

Comme l’illustre le modèle socio-écologique de promotion de la santé qui suit (Figure 3), nombre de facteurs – allant des actions individuelles à la politique officielle, en passant par les activités communautaires – peuvent aider les aînés à mieux vieillir.

Figure 3 : Modèle socio-écologique
Environnement physique

  •  

Les actions individuelles, telle l’adoption de comportements plus sains, peuvent réduire la vulnérabilité et favoriser le mieux-être. Comme le fait remarquer le rapport de Statistique Canada intitulé, La santé au troisième âgeNote de bas de page27, les aînés – même ceux qui sont aux prises avec des problèmes de santé chroniques ou doivent composer avec d’autres sources de stress – sont plus susceptibles d’être en bonne santé lorsqu’ils :

  • font de l’exercice au moins trois fois par semaine;
  • consomment de l’alcool modérément (c.-à-d., consommation hebdomadaire ou occasionnelle);
  • maintiennent un poids santé;
  • mangent des fruits et des légumes au moins cinq fois par jour;
  • s’abstiennent de fumer;
  • ressentent peu de stress;
  • éprouvent un fort sentiment d’appartenance à la collectivité.
Figure 4 : Pourcentage de personnes en bonne santé, selon le nombrede facteurs comportementaux et psychosociaux positifs, population à domicile de 65 ans et plus, Canada 2003(version texte)
Nombre de comportements liés à la santé et de facteurs psychosociaux positifs
0 ou 1 2 3 4 5 6 7
18 % E 34 %* 42 % 56 %* 67 %* 73 %* 81 %*

Source des données : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2003
*Valeur significativement supérieure à l'estimation pour le groupe précédent (p < 0.05)
E Coefficient de variation compris entre 16,6 % et 33,3 % (interpréter avec prudence).
Source: Statistique Canada: La santé au troisième àge. Supplément aux Rapports sur la santé, volume 16.

Les aînés pour lesquels un plus grand nombre de ces facteurs positifs sont réunis sont en meilleure santé (voir la figure 4).

La condition physique est particulièrement importante pour retarder ou limiter la perte d’autonomie et peut permettre de prédire la durée de survieNote de bas de page28.

Les activités interpersonnelles, telle la participation avec d’autres aînés aux activités d’un club de marche, le fait d’être membre d’un club de l’âge d’or ou la participation aux activités communautaires, peuvent réduire l’isolement social et aider les aînés à se sentir davantage en symbiose avec leur collectivité. Les personnes qui comptent sur un solide réseau de soutien social sont d’ordinaire en meilleure santé et ont le sentiment d’être mieux portantesNote de bas de page29

Les activités communautaires, telles que l’aménagement de sentiers piétonniers, l’éclairage des rues, le déneigement des trottoirs et la mise sur pied de programmes de marche dans les centres commerciaux destinés aux aînés, favorisent l’activité physique et l’autonomieNote de bas de page30,Note de bas de page31,Note de bas de page32,Note de bas de page33.

Les environnements physiques adaptés peuvent aider les gens à mieux vieillir. Les programmes visant l’adaptation des milieux physiques et la réduction du risque de chute favorisent donc le mieux-être et l’autonomie. Les programmes de loisirs pour personnes âgées leur offrent des façons sûres et adaptées de faire de l’exercice. Les bords de trottoir, les services de transport appropriés, le prolongement de la durée d’allumage des feux de circulation, l’utilisation de plus gros caractères sur les panneaux et d’autres modifications similaires de l’environnement physique au sein de la collectivité font qu’il est plus facile pour les personnes âgées de rester mobiles et actives au sein de leur collectivitéNote de bas de page34.

Les efforts institutionnels, en vue d’assurer l’accès aux services sociaux et de santé peuvent promouvoir le mieux-être et réduire la vulnérabilité. Les aînés aux prises avec des problèmes de santé chroniques se sentent mieux et ont une meilleure qualité de vie lorsque leurs problèmes sont traités, que la douleur est limitée et qu’ils ont accès à des services sociaux et de santé propres à les aider à demeurer le plus autonomes possibleNote de bas de page35. Ainsi :

  • des soins primaires efficaces peuvent permettre de déceler les signes avant-coureurs de problèmes chroniques et d’aider les personnes à les gérer et à conserver leur santé;
  • une gestion efficace d’affections chroniques telles que l’hypertension, le diabète, les cardiopathies et l’ostéoporose peut aider les gens à bien vieillir et à conserver leur autonomie plus longtemps;
  • les services de soutien aux gens dans l’exécution des activités instrumentales de la vie quotidienne, tels que les services d’entretien ménager et d’entretien du terrain, leur permettent de demeurer autonomes à la maison plus longtemps;
  • la prestation de soins de fin de vie complets peut permettre aux gens de choisir de mourir à la maison.

La politique officielle peut contribuer à faire en sorte que les aînés aient accès à des services sociaux et de santé intégrés, adaptés à leurs besoins. Ainsi, une politique visant à assurer la prestation des soins le plus près possible de la maison et à maintenir les aînés au sein de leur collectivité peut contribuer à promouvoir leur mieux-être.

L’accès à des services sociaux et de santé intégrés peut promouvoir le mieux-être des personnes âgées.

Des chercheurs canadiens ont démontré qu’il est possible, en intégrant les services sociaux et de santé à l’intention des aînés, de leur fournir des services efficients tout en réduisant le taux d’institutionnalisationNote de bas de page36,Note de bas de page37. Ces services intégrés se distinguent par les caractéristiques suivantes : guichet unique; gestion de cas; évaluation gériatrique et équipe multidisciplinaire; accent sur la prestation des services dans un cadre propre à répondre aux besoins de la personne et de sa famille; possibilité de réaffecter les ressources en fonction des besoins; enfin, accent sur le maintien des aînés à domicile et au sein de leur collectivité, et sur l’évitement ou le report du recours aux soins en établissement aussi longtemps qu’il convientNote de bas de page38.

Conformément aux modèles existants de prestation intégrée des soins, les aînés sont confiés à un coordonnateur ou à un gestionnaire des soins ayant pour mandat de les aider à obtenir l’information, les services de santé et les services sociaux dont ils ont besoin pour rester en santé. Non seulement cette approche permet-elle aux aînés d’améliorer leur santé, leur qualité de vie et leur satisfaction, mais elle offre la possibilité d’alléger le fardeau des aidants membres de la famille et de réduire les coûts afférents à la prestation des soins de santéNote de bas de page39,Note de bas de page40.

II. Droits et besoins des anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre

Les anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre ont droit à des services propres à les aider à vieillir en santé.

Aux termes de la Loi sur le ministère des Anciens combattants, le gouvernement du Canada s’est engagé à pourvoir « aux soins, aux traitements ou à la réinsertion dans la vie civile de personnes ayant servi soit dans les Forces canadiennes ou dans la marine marchande du Canada, soit dans la marine, la marine marchande, l’armée de terre ou l’aviation de Sa Majesté, de personnes qui ont pris part, d’une autre manière, à des activités reliées à la guerre, et de personnes désignées par le gouverneur en conseil ». En reconnaissance des services qu’ils ont rendus au Canada, nos anciens combattants ont le droit d’avoir accès à des programmes et à des services aptes à les aider à protéger et à améliorer leur santé.

Le service militaire peut avoir une incidence à long terme sur la santé et le mieux-être.

Affections ouvrant le plus souvent droit à une pension d’ACC

  • Perte de l’ouïe
  • problèmes musculo-squelettiques
  • problèmes lombaires et traumatismes médullaires
  • blessure par balle
  • problèmes de l’appareil digestif
  • traumatisme (accidentel)
  • appareil circulatoire
  • autres affections générales
  • affections des bronches et des poumons
  • troubles neurologiques

Non seulement les anciens combattants plus âgés doivent-ils faire face aux mêmes problèmes liés au vieillissement et aux événements de la vie que les autres Canadiens, mais ils doivent en outre composer avec les effets du service militaire sur la santé. Le déploiement peut occasionner des lésions corporelles immédiates et de longue durée. Les déploiements stressants peuvent également avoir des effets différés sur la santé même de ceux qui reviennent de la guerre apparemment indemnes et réintègrent la société.

Selon une étude sur la santé réalisée à la demande du ministère des Anciens Combattants de l’Australie, cinq décennies après la guerre de Corée, les Australiens déployés affichent une moins bonne santé psychologique et une qualité de vie inférieure et sont moins satisfaits de leur vie que ceux qui n’ont pas servi dans les Forces armées. Les anciens combattants de la guerre de Corée étaient de une et demi à trois fois plus susceptibles que leurs concitoyens de souffrir de problèmes de santé chroniques tels que l’asthme, l’hypertension artérielle, les accidents vasculaires cérébraux, les crises cardiaques ou d’angine, un rythme cardiaque rapide ou irrégulier, les troubles hépatiques, l’arthrite, les néphropathies, le diabète, les mélanomes, les autres cancers de la peau, les autres cancers, les ulcères duodénaux ou d’estomac, la cécité partielle ou complète, et la surdité partielle ou complèteNote de bas de page41.

De même, selon l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2003, la proportion de personnes ayant indiqué avoir reçu un diagnostic d’arthrite ou de rhumatisme est plus élevée chez les anciens combattants ayant servi en temps de guerre qu’au sein de la population canadienne (voir la figure 5)Note de bas de page42. Il se peut que ce phénomène s’explique du fait que les blessures aux articulations, particulièrement aux genoux, aux chevilles, aux hanches, aux épaules, aux mains, à la colonne vertébrale et aux pieds, provoquent ultérieurement l’apparition de l’ostéoarthriteNote de bas de page43. Les blessures de ce genre sont fréquentes au cours de la formation militaire et sur le champ de bataille, mais il est possible que leurs conséquences (c.-à-d., ostéoarthrite) ne se manifestent que des décennies plus tard, alors qu’il est difficile d’établir le lien entre l’expérience militaire et la maladie.

Figure 5 – Pourcentage des hommes ayant indiqué avoir reçu un diagnostic d'arthrite ou de rhumatisme(version texte)
65 ans et plus Service de guerre 41%
Population canadienne 38%
45 à 64 ans Force régulière 25%
Première réserve 27%
Population canadienne 19%

D’autres études ont démontré que toutes les guerres depuis la guerre de Sécession ont donné lieu à l’apparition chez les combattants d’un syndrome caractérisé par des symptômes inexpliqués (maintenant désignés sous le nom de traumatisme lié au stress opérationnel ou de stress post-traumatique) qui sont difficiles à définir, à relier directement au service ou à classer comme pathologiquesNote de bas de page44,Note de bas de page45,Note de bas de page46

Il est possible que les anciens combattants ayant servi en temps de guerre aient besoin, du fait de leur service militaire, de services de soutien en santé pour les aider à bien vieillir. Comme le soulignent les auteurs de l’étude australienne, « Bien qu’il soit impossible de changer quoi que ce soit aux expériences vécues en temps de guerre ... il a été démontré que les interventions en santé permettaient d’atténuer les graves problèmes de santé avec lesquels sont aux prises les anciens combattants vieillissants [traduction] »Note de bas de page47.

Comme les anciens combattants avancent en âge, il devient virtuellement impossible – et inutile – de déterminer si un déclin fonctionnel ou une perte d’autonomie est attribuable au vieillissement, au service militaire ou à une combinaison des deux facteurs.

Une cohorte importante d’anciens combattants ayant servi en temps de guerre atteint le troisième âge.

En 2006, on estime à 234 000 le nombre d’anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre qui sont toujours vivants. De ce nombre, trois ont combattu au cours de la Première Guerre mondiale, environ 220 000 au cours de la Seconde Guerre mondiale et 14 000 au cours de la guerre de Corée. Ils sont âgés de 70 à 106 ans, et la majorité (91 %) sont de sexe masculin. L’âge moyen des anciens combattants de la guerre de Corée est de 72 ans et celui des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, de 82 ans. Deux des anciens combattants survivants de la Première Guerre mondiale sont âgés de 105 ans; alors que le troisième a atteint l’âge de 106 ans.

La figure 6, qui a été préparée par Anciens Combattants Canada, illustre le vieillissement des anciens combattants ayant servi en temps de guerre au fil du temps.

Figure 6 : Vieillissement des anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre au fil du temps(version texte)
Âge Nombre d'anciens combattants
1995 2000 2005 2010 2015
59 2 000        
60 3 096        
61 4 174        
62 5 135        
63 5 507        
64 5 477 1 878      
65 5 724 2 887      
66 7 024 3 863      
67 13 101 4 714      
68 26 381 5 011      
69 37 125 4 937 735    
70 39 994 5 107 1 067    
71 40 445 6 197 1 887    
72 40 835 11 417 2 631    
73 40 180 22 683 2 545    
74 37 908 31 449 2 555 625  
75 35 279 33 332 2 571 893  
76 29 332 33 109 3 618 1 553  
77 25 046 32 772 10 364 2 124  
78 21 163 31 543 20 483 2 011  
79 18 024 29 037 27 372 1 964 482
80 15 401 26 294 30 643 1 921 671
81 12 145 21 210 24 930 2 643 1 132
82 9 030 17 518 22 588 7 475 1 498
83 6 868 14 269 20 081 13 791 1 368
84 5 127 11 673 20 043 17 857 1 278
85 3 986 9 544 16 220 19 240 1 193
86 3 112 7 173 13 064 15 024 1 582
87 2 374 5 063 9 385 12 585 4 383
88 1 774 3 639 8 134 10 919 7 255
89 1 335 2 556 4 563 10 243 8 957
90 995 1 860 4 365 7 556 9 111
91 808 1 353 2 415 5 534 6 692
92 596 956 2 452 3 749 4 987
93 501 658 1 147 2 915 4 177
94 464 449 895 1 515 3 552
95 462 301 639 1 261 2 267
96 415 218 282 621 1 422
97 360 143 339 546 877
98 293 106 201 241 567
99 195 86 118 159 269
100 110 74 67 97 181
101 28 42 21 35 55
102 8 16 7 8 12
103 4 7 5 4 6
104 2 5 6 3 4

  Source: Anciens Combattants Canada

Les anciens combattants ayant servi en temps de guerre ont déjà survécu à nombre de leurs pairs, ce qui témoigne de leur capacité de vieillir en santé. La majorité d’entre eux vivent à la maison ou au sein de leur collectivité – dans de nombreux cas avec le soutien de leur famille et des services proximité. Même ceux qui ont besoin de soins médicaux prolongés en établissement ont tendance à en arriver à cette étape à un stade avancé de leur vie : l’âge moyen des anciens combattants admis dans une maison de soins de longue durée étant de 85 ans.

En revanche, tous les anciens combattants ayant servi en temps de guerre en sont maintenant rendus à une étape de leur vie où ils sont plus vulnérables aux effets défavorables du vieillissement, lesquels peuvent être aggravés par les répercussions de leur service militaire.

Près de 40 % des anciens combattants ayant servi en temps de guerre touchent actuellement des prestations de santé d’ACC.

Bien que nombre des anciens combattants survivants du Canada semblent avoir vieilli en santé, ils ne sont exempts ni de problèmes de santé ni de besoins. Près de 92 000 (40 %) des quelque 234 000 anciens combattants survivants ayant servi en temps de guerre touchent déjà des prestations de santé d’ACC. La figure 7 illustre la répartition des prestataires par programme (c.-à-d., avantages médicaux, PAAC, et services en établissement ou soins de longue durée). Il convient de noter que nombre d’anciens combattants bénéficient des services offerts par plus d’un programme.

Programmes Nombre d'anciens combattants
2004 2005
SLD 9730 9887
PAAC 63231 61806
Avantages médicaux 95905 93248

  Source: Anciens Combattants Canada

Plusieurs raisons expliquent pourquoi les autres 60 % des anciens combattants étudiés ne se prévalent pas des services d’ACC :

  • Il est possible qu’ils ne satisfassent pas aux critères d’admissibilité (c.-à-d., l’admissibilité aux programmes et services de santé d’ACC est actuellement déterminée en fonction du type de service et de critères complexes exigeant des anciens combattants qu’ils démontrent qu’ils ont un faible revenu ou l’existence d’un lien direct entre leur besoins de soins de santé et leur service en temps de guerre).
  • Il se peut qu’ils ignorent quels services leur sont offerts.
  • Il se peut qu’ils ne présentent pas de demande de services. Selon un examen des besoins en soins de santé des anciens combattants réalisé en 1997 et mentionné dans le rapport de juin 2005 sur l’examen du Programme de soins de santé, nombre d’anciens combattants hésitent à demander de l’aide ou craignent de se voir opposer un refus. Ces constatations ont été confirmées par des travaux de recherche récents sur les aînés au sein des collectivités rurales, qui ont révélé que les anciens combattants qui sont moins engagés dans des réseaux sociaux et, par suite, plus à risque, ont tendance à se montrer stoïques et à ne pas demander d’aide ou de servicesNote de bas de page48.
  • Il se peut qu’ils n’aient pas besoin des services offerts par ACC (c.-à-d., ils sont en bonne santé, ils ont les ressources nécessaires pour satisfaire à leurs besoins ou ont accès à d’autres prestations de santé liées à l’emploi ou à la retraite).
  • Il est possible qu’ils ne résident plus au Canada.

Il existe des différences considérables entre les anciens combattants au titre de la santé et des ressources financières et sociales.

Même les anciens combattants qui semblent vieillir en santé sont souvent exposés à de graves risques et ont des besoins non satisfaits. Selon des travaux de recherche récemment réalisés par Anciens Combattants CanadaNote de bas de page49, il existe entre les aînés vivant au sein des collectivités rurales des différences considérables au titre de la santé et des ressources financières et sociales. On peut grosso modo les répartir dans les quatre groupes suivants :

« On trouve au sein de chaque collectivité des aînés en perte d’autonomie dont la famille prend soin à la maison, d’autres qui vivent seuls sans pouvoir compter sur personne, certains aînés qui choisissent de prendre des chances parce c’est ce qu’ils ont toujours fait...d’autres qui sont traités dans des établissements de soins de longue durée; certains...qui reçoivent des soins à domicile et des soins de relève...Certains aînés sont actifs, d’autres sont inactifs et d’autres sont pris en charge. »

D’après : Eales, J., Keating, N., Rozanova, J., Bardick, A., Swindle, J., Bowles RT., Keefe, J., Dobbs, B. (2006) Caring Contexts of Rural Seniors: A case study of diversity among older adults in rural communities. Veterans Affairs Canada.

  • Les aînés actifs au sein de leur collectivité ont un vaste réseau de soutien social, prennent part à la vie communautaire et disposent de l’énergie, du temps et des habiletés voulus pour avoir accès à la plupart des services dont ils ont besoin.
  • Les aînés stoïques sont réservés, autonomes et pragmatiques. Ils prennent peu part à la vie communautaire et préfèrent les activités solitaires aux activités sociales. Ils estiment pouvoir compter sur leur famille et leurs amis, mais ne demandent pas d’aide. Ils sont peu susceptibles de présenter des demandes de services et il est possible qu’ils ne reconnaissent pas manquer de ressources.
  • Les aînés marginalisés ont des ressources financières limitées, de très petits réseaux de soutien social, peu de liens avec les membres de la collectivité autres que leur famille, et une santé précaire. Ils peuvent être isolés et invisibles au sein de leur collectivité jusqu’à ce qu’une crise survienne.
  • Les aînés en perte d’autonomie sont aux prises avec d’importants problèmes de santé qui ont une incidence sur leur vie quotidienne et leurs engagements sociaux. Ils ont besoin pour exécuter les activités de la vie quotidienne de secours variés tels que les aides à la mobilité, les accompagnateurs et un soutien financier. Les ressources économiques et sociales dont ils disposent varient énormément et ils s’en tirent le mieux lorsqu’ils peuvent compter sur leur famille et leurs amis pour les aider à obtenir les services dont ils ont besoin.

Les besoins en matière de services varieront au sein de ces groupes. Certains anciens combattants n’auront pas à avoir recours aux services offerts par ACC, tandis que d’autres auront besoin d’un soutien considérable.

Comme la majorité des prestations de santé qu’ACC offre aux anciens combattants ayant servi en temps de guerre ne sont pas fonction du revenu, on ne dispose que de données limitées sur le revenu. L'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2003 (ESCC) nous révèle qu’environ 40 % des anciens combattants ont un faible revenu et sont donc davantage susceptibles d’éprouver des problèmes de santé. Selon les statistiques d’ACC, environ 40 % des anciens combattants bénéficiant de ses programmes sont célibataires (c.-à-d., jamais mariés, divorcés ou veufs) et sont donc davantage menacés d’isolement social.

Chez les bénéficiaires mariés, il est probable que les deux conjoints devront subir les effets du vieillissement sur la santé et auront besoin de soutien et de soins pour éviter ou retarder la perte d’autonomie. Il peut aussi arriver qu’un des conjoints doive composer avec le stress associé à la prestation de soins à l’autre membre du couple.

La demande pour les services de santé d’ACC est en progression.

Un examen récent des dépenses au titre des programmes de soins de santé d’ACC indique que celles-ci ont augmenté pour tous les programmes et qu’on a enregistré une progression marquée de la demande relative à certains Programmes de choix (PDC) notamment : médicaments sur ordonnance, services hospitaliers, services audiologiques, équipement spécial et services de santé connexes.

Les dépenses au titre du PAAC ont également connu une hausse importante, surtout du fait de la progression des dépenses au titre de l’entretien ménager, des soins fournis en foyer d’accueil, des soins personnels, de l’entretien du terrain et des services d’alimentation – et ce malgré une diminution du nombre d’anciens combattants ayant recours au PAAC. Il est donc possible que les anciens combattants ayant recours au PAAC deviennent plus vulnérables et aient davantage besoin d’aide dans l’exécution des activités domestiques. Ce phénomène serait compatible avec le vieillissement des anciens combattants survivants.

Il est possible que la progression de la demande pour les services du PAAC et pour les lits dans les établissements de soins de longue durée soit attribuable en partie au vieillissement de la clientèle et en partie aux effets différés du déploiement.

À l’heure actuelle, 25 000 conjoints survivants qui étaient les principaux dispensateurs de soins pour d’anciens combattants ou des vétérans des Forces canadiennes ayant bénéficié des services du PAAC continuent de bénéficier de services d’entretien ménager et d’entretien du terrain. Sachant que Statistique Canada nous indique que la proportion d’aînés ayant besoin d’aide dans l’exécution des activités de la vie domestique est plus élevée chez les femmes (29 %) que chez les hommes (15 %), il est possible que les principaux dispensateurs de soins survivants aient besoin de plus de soutien dans le futur pour être en mesure de vieillir en santé et de demeurer autonomes.

Les anciens combattants aînés n’auront pas tous à se prévaloir des services offerts par ACC et il est difficile de prévoir combien devront y avoir recours et quelle est la gamme de services dont ils auront besoin. Il est cependant certain – compte tenu de leur âge – que le nombre d’anciens combattants ayant servi en temps de guerre qui ont besoin d’aide connaîtra une baisse sensible au cours des 15 prochaines années.

Le défi consiste pour Anciens Combattants Canada à tout mettre en œuvre pour faire en sorte, pendant qu’il en est encore temps, que nos anciens combattants ayant servi en temps de guerre aient accès à des services intégrés qui répondent à leurs besoins physiques, mentaux et sociaux, réduisent leur vulnérabilité, les aident à vieillir en santé et leur assurent la prestation de soins de fin de vie de haute qualité lorsqu’ils en auront besoin.

III. Atouts et faiblesses des programmes de soins de santé actuellement offerts par ACC

Anciens Combattants Canada offre actuellement aux anciens combattants vieillissants un certain nombre de prestations et de programmes sociaux et de santé qui « se fondent sur un continuum de soins qui vise à améliorer la qualité de la vie des clients d'ACC, à promouvoir leur autonomie et à les aider à demeurer le plus longtemps possible chez eux et dans leur collectivitéNote de bas de page50 ». Figurent au nombre de ces programmes :

  • un programme de prestations de santé donnant accès aux services offerts dans le cadre de 14 Programmes de choix, à savoir les examens médicaux ou dentaires, les prothèses et orthèses et leur entretien, l’adaptation du domicile, l’hygiène préventive, les médicaments sur ordonnance, et des avantages supplémentaires tels les frais de déplacement et d’hébergement engagés pour suivre un traitement;
  • le Programme pour l'autonomie des anciens combattants, programme national de soins à domicile qui aide les clients à rester en santé et à vivre de manière autonome chez eux ou au sein de leur collectivité en leur offrant des services tels que l’entretien ménager, l’entretien du terrain (p. ex., déneigement, tonte du gazon), les soins personnels, l’adaptation du domicile, les services d’alimentation et les frais de transport pour certaines activités sociales;
  • les programmes de soins en établissement (c.-à-d., lits dans les établissements de soins de longue durée), qui avaient auparavant pour unique objet d’assurer l’accès prioritaire à des lits dans un petit nombre d’établissements de soins de longue durée d’un bout à l’autre du pays, viseront maintenant à financer et à subventionner la prestation de soins de longue durée plus près du domicile.

ACC joue le rôle d’assureur plutôt que de « premier payeur » eu égard aux services de santé offerts aux anciens combattants.

En vertu de la Loi canadienne sur la santé, il incombe aux régimes provinciaux d’assurance maladie de veiller à ce que les anciens combattants aînés – au même titre que les autres Canadiens – aient accès aux services de santé publics, tels que les services de soins primaires, les soins de spécialistes, les services hospitaliers et les autres services, offerts dans la province ou le territoire. Certains anciens combattants peuvent aussi participer à des régimes d’assurance privée assurant la prestation de certains services non offerts par le régime public. Les programmes de soins de santé offerts par ACC visent à combler les lacunes existantes et à aider les anciens combattants à satisfaire à leurs besoins sociaux et de soins de santé pouvant ne pas être adéquatement comblés par leur système de soins de santé provincial ou les autres régimes d’assurance-maladie auxquels ils participent.

Le Conseil consultatif de gérontologie sait que deux provinces ont récemment décidé que les anciens combattants n’auraient plus droit aux subventions provinciales accordées pour absorber les coûts associés à l’occupation d’un lit dans un établissement de soins de longue durée parce qu’Anciens Combattants Canada absorbera dorénavant lui-même ces coûts. Le Conseil consultatif de gérontologie est fortement préoccupé par cette attitude et insiste : les anciens combattants devraient avoir accès à la fois à tous les services de soins de santé offerts par leur province ou territoire ET aux programmes d’ACC requis pour combler les lacunes des soins reçus.

Atouts

Les services actuellement offerts par ACC présentent un certain nombre d’atouts importants sur lesquels il faudrait miser pour assurer une plus grande intégration des services offerts aux anciens combattants ayant servi en temps de guerre.

ACC a su faire preuve de vision en mettant sur pied des programmes de soins de santé visant à aider les anciens combattants à conserver leur autonomie.

La décision – dès les années 1980 – de mettre sur pied le Programme pour l’autonomie des anciens combattants (PAAC) et d’absorber le coût de certains services tels que l’entretien ménager et l’entretien du terrain démontre qu’ACC est conscient tant des facteurs complexes qui influent sur le mieux-être et rendent les personnes vulnérables lorsqu’elles avancent en âge, que du type de services propres à favoriser leur autonomieNote de bas de page51. La décision de donner droit aux avantages du PAAC aux conjoints survivants, d’abord pour une année (1990) et ensuite pour le reste de leurs jours (2003), indique qu’ACC comprend le concept de « vies liées » et l’importance du rôle joué par le principal aidants naturels eu égard aux soins prodigués à l’ancien combattant.

En 2000, ACC et Santé Canada mettaient conjointement sur pied l’Initiative de prévention des chutes, programme communautaire de promotion de la santé visant à établir des stratégies efficaces de prévention des chutes pour les anciens combattants et les aînés. ACC a financé 40 initiatives de prévention des chutes qui lui ont permis de joindre les anciens combattants vivant au sein de la collectivité, de réduire leur risque de chute et d’accroître leur mieux-être et leur autonomie. Les pratiques exemplaires et les programmes modèles circonscrits par ACC sont maintenant largement utilisés pour prévenir les chutes.

ACC a su adapter ses programmes en fonction des besoins et des préférences en constante évolution des anciens combattants

La décision de financer ou de subventionner la prestation de soins de longue durée plus près du domicile plutôt que d’assurer l’accès prioritaire à des lits dans un petit nombre d’établissements de soins de longue durée consacrés aux anciens combattants indique qu’ACC comprend l’importance de l’intégration sociale, de la collectivité et du vieillissement sur place et est prêt à adapter ses programmes en fonction des besoins des anciens combattants.

Depuis quelques années, ACC a également entrepris de mettre en place à l’intention des anciens combattants ayant servi en temps de guerre un modèle de gestion des cas davantage axé sur la clientèle. ACC a établi des postes de conseiller de secteur, dont les titulaires font fonction de gestionnaires de cas devant déterminer l’admissibilité de l’ancien combattant aux services, l’orienter vers les services financés par la province au sein de sa collectivité (p. ex., soins à domicile, soins de longue durée) et lui donner accès aux services d’ACC propres à l’aider à combler les besoins non satisfaits (p. ex., services du PAAC). ACC a également mis sur pied des équipes multidisciplinaires capables d’évaluer les besoins des anciens combattants et de leur recommander les services appropriés.

Les anciens combattants apprécient la relation de personne à personne qu’ils ont avec les conseillers de secteur d’ACC

Les anciens combattants déclarent apprécier pouvoir communiquer avec une seule personne au sujet des services d’ACC dont ils ont besoin. Ils ont établi une relation de confiance avec cette personne et savent qui appeler au besoin. Il est important pour eux de préserver cette relation.

Faiblesses

Les programmes de soins de santé existants d’ACC présentent aussi certaines faiblesses qui devront être corrigées en vue d’assurer la prestation de services intégrés aux anciens combattants vieillissants.

Les critères d’admissibilité aux programmes de soins de santé d’ACC sont complexes.

L’admissibilité aux programmes de soins de santé d’ACC est déterminée en fonction de critères complexes. Une des principales lacunes tient au fait que les avantages médicaux et le PAAC ne sont accessibles qu’à une faible proportion des anciens combattants qui y ont droit du fait qu’ils touchent une pension d’invalidité, qu’ils satisfont au critère de faible revenu, qu’il a été déterminé qu’ils étaient invalides, qu’ils ont des besoins exceptionnels en matière de soins de santé ou qu’ils sont sur une liste d'attente pour un lit d'accès prioritaire. En mars 2006, on compte près de 70 000 anciens combattants qui ne sont pas admissibles aux services du PAAC ou aux avantages médicaux ou qui n’en bénéficient pas. Bien qu’ACC ait fait plusieurs tentatives en vue de corriger les anomalies de la loi et mis en œuvre des projets pilotes visant à faire en sorte que les besoins en soins de santé des anciens combattants soient comblés, certains anciens combattants ne sont toujours pas admissibles et risquent d’être oubliés.

Les programmes sociaux et de santé d’ACC sont réactifs plutôt que proactifs.

Bien que nombre des services sociaux et de santé d’ACC soient conçus pour aider les anciens combattants vieillissants à rester autonomes, ces derniers ne peuvent y avoir accès avant d’avoir déjà perdu une partie de leur capacité fonctionnelle. Réactifs plutôt que proactifs, les programmes d’ACC ne sont pas conçus pour assurer le dépistage précoce des problèmes éventuels et la prise des mesures nécessaires pour améliorer la santé et le mieux-être. Les anciens combattants n’y ont pas accès assez tôt pour pouvoir éviter les problèmes de santé ou en retarder l’apparition.

La gamme d’options de logement à laquelle donnent accès les services d’ACC ne répond pas aux besoins des anciens combattants.

Bien qu’ACC ait su faire preuve de vision en offrant dans le cadre du PAAC des services tels que l’entretien ménager et l’entretien du terrain, il n’offre qu’un nombre limité d’options en matière de logement et de soins en établissement. Ainsi, ACC accepte de défrayer une partie du coût d’occupation d’un lit dans une maison de soins de longue durée, mais non du coût d’hébergement dans une maison d’accueil pour personnes âgées, une unité de logement supervisé ou une unité dans un établissement offrant des services d’aide à la vie autonome, ni du coût des services de soins de jour – même si ces options pourraient permettre de mieux répondre aux besoins des anciens combattants. Par suite, les anciens combattants sont souvent obligés – pour des raisons financières – de déménager dans un établissement de soins de longue durée plutôt que dans un milieu qui leur conviendrait mieux.

Des travaux de recherche récents sur les services offerts par ACC aux aînés vivant en milieu rural ont bien fait ressortir la pénalité financière qu’il y a pour les anciens combattants à choisir d’avoir recours à des services d’aide à la vie autonome. Un ancien combattant de Bobcaygeon, en Ontario, faisait remarquer que « Il y a une pénalité pour ceux qui ont recours [à des services d’aide à la vie autonome]. Ceci les incite à se rabattre sur la solution suivante, à savoir les établissements de soins de longue durée, où une partie des coûts seront défrayés par Anciens Combattants [traduction]Note de bas de page52 ».

En raison de la structure actuelle du programme, ACC est souvent amené à payer plus qu’il ne devrait pour les soins en établissement, alors que les anciens combattants reçoivent des services qui leur conviennent moins. Les conseillers de secteur d’ACC doivent s’en tenir à des services précis couverts dans le cadre de chaque programme et sont incapables de faire une utilisation créative des ressources en vue de satisfaire aux besoins des anciens combattants. Il serait plus efficient et meilleur pour la santé des anciens combattants de leur offrir davantage d’options de logement ainsi que des services (p. ex., soins infirmiers, soutien personnel, entretien ménager) offerts à l’endroit qui leur convient le mieux (p. ex., maison de leur fille, unité dans un établissement offrant des services d’aide à la vie autonome).

Les anciens combattants veulent qu’on les aide davantage à améliorer leur santé et à s’orienter parmi les services sociaux et de santé.

En 1997, ACC a fait faire un examen des besoins des anciens combattants en matière de soins, dans le cadre duquel ceux-ci ont été invités à indiquer les types de services propres à favoriser leur mieux-être qui ne leur étaient pas offerts par ACC. Voici les réponses qu’ils ont données :

  • information sur les programmes et services offerts;
  • services davantage axés sur la promotion de la santé et la prévention des maladies;
  • évaluations gériatriques annuelles par des équipes multidisciplinaires;
  • aide pour organiser les services et trouver des fournisseurs;
  • possibilité de « retenir les services » de membres de la famille quand il est impossible de trouver des fournisseurs pour les services couverts par le PAAC;
  • davantage de soins de proximité (par opposition aux soins en établissement);
  • un meilleur soutien aux dispensateurs de soins et des services de relève pour aider les conjoints s’occupant d’anciens combattants et les anciens combattants s’occupant de leur conjoint;
  • davantage d’options de logements (logement supervisé ou aide à la vie autonome) en vue d’éviter ou de retarder le recours aux établissements de soins de longue durée;
  • une approche et des outils plus cohérents pour évaluer le besoin de soins de longue durée en établissement.

Les anciens combattants demandent qu’on leur donne plus d’information pour les aider à améliorer leur santé, à s’orienter parmi les programmes sociaux et de santé et à obtenir les services dont ils ont besoin.

Le rapport d’examen du Programme de soins de santé recommande l’adoption d’une stratégie de prévention des maladies et de promotion de la santé.

Le souhait des anciens combattants de voir le Ministère mettre davantage l’accent sur la promotion de la santé a trouvé un écho dans le Health Care Program Review. Diagnostic and Interim Report (juin 2005)Note de bas de page53, lequel recommande à ACC d’adopter un cadre et un plan stratégiques qui :

  • mettent l’accent sur les habitudes de vie saines;
  • intègrent la promotion de la santé et la prévention des maladies aux programmes de soins de santé d’ACC;
  • assurent la mise en œuvre d’initiatives de prévention des maladies et de promotion de la santé adaptées aux besoins prioritaires des anciens combattants, de leurs familles et des dispensateurs de soins ou encore l’accès à de telles initiatives;
  • assurent aux anciens combattants, à leurs familles et aux dispensateurs de soins un meilleur accès à l’information sur la santé.

Cet examen a permis de déterminer les quatre domaines prioritaires les plus porteurs pour les initiatives de promotion de la santé : activité physique, alimentation, santé mentale et intégration sociale, et autogestion des problèmes de santé chroniques. Le Conseil consultatif de gérontologie reconnaît qu’il s’agit de quatre domaines d’intervention importants, mais estime qu’ACC se doit, pour favoriser le vieillissement en santé de sa clientèle, d’adopter à l’égard de la promotion de la santé et de la prévention des maladies une approche plus globale, assurant l’intégration de ces services avec les services de soutien et de soins de santé.

IV. Promotion du mieux-être des anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre : Services intégrés aux anciens combattants

Pour mieux répondre aux besoins des anciens combattants ayant servi en temps de guerre, le Conseil consultatif de gérontologie propose d’adopter pour la prestation des programmes et services de soins de santé une nouvelle approche audacieuse et à mettre sur pied des Services intégrés aux anciens combattants (SIAC).

Les SIAC tableraient sur les atouts du système actuel et sur les constatations faites dans le cadre de l’Examen du programme de soins de santé. Ils sont conçus pour promouvoir la santé, le mieux-être et l’autonomie de tous les anciens combattants qui avancent en âge et pour faire en sorte que ceux-ci aient accès au soutien et aux soins, y inclus les soins en fin de vie, dont ils ont besoin.

Bien que ce programme soit conçu pour répondre aux besoins des anciens combattants du Canada ayant servi en temps de guerre, le Conseil consultatif de gérontologie estime qu’il établira un modèle permettant de répondre aux besoins de tous les anciens combattants et, de fait, de tous les Canadiens vieillissants.

But

Aider les anciens combattants et leurs familles à améliorer leur mieux-être et leur qualité de vie au troisième âge, à vieillir le mieux possible et à recevoir les soins dont ils ont besoin en fin de vie.

Objectifs

Favoriser la création d’environnements propices au vieillissement en santé.

Donner à tous les anciens combattants et à leurs familles accès à l’information nécessaire pour favoriser le vieillissement en santé.

Offrir aux anciens combattants et à leurs familles des services d’évaluation pour les aider à cerner les facteurs qui menacent leur santé, leur mieux-être ou leur autonomie.

Aider les anciens combattants et leurs familles à obtenir les services sociaux et de santé aptes à les aider à améliorer leur santé et leur mieux-être et à conserver leur autonomie.

Promouvoir eu égard à la prestation des services sociaux et de santé l’adoption d’une approche intégrée qui réponde aux besoins complexes des anciens combattants vieillissants.

Financer une gamme complète de services et d’interventions fondés sur des données probantes afin d’améliorer la santé et le mieux-être des anciens combattants et de leurs familles qui ne pourraient autrement bénéficier de ces services au sein de leur collectivité.

Encourager la recherche dans les domaines liés à tous les aspects des services sociaux et de santé offerts par ACC.

Principes

Responsabilité collective. Le service militaire a des effets immédiats et à long terme sur la santé et le mieux-être. Les Canadiens ont l’obligation morale et la responsabilité collective de soutenir la santé, le mieux-être et la qualité de vie de tous les anciens combattants vieillissants et de leurs familles.

Équité. Au fur et à mesure que les anciens combattants avancent en âge, les distinctions servant à déterminer l’admissibilité aux programmes et aux services perdent de leur pertinence. Compte tenu des répercussions à long terme du service militaire sur la santé, tous les anciens combattants aînés ont droit d’avoir accès à des services propres à les aider à vieillir en santé.

Intégration et intégralité. Les divers déterminants de la santé n’agissent pas isolément. Comme c’est le jeu complexe de ces déterminants qui influe sur la santé et le mieux-être, les programmes axés sur l’amélioration de la santé font appel à de multiples stratégies et interventions fondées sur des données probantes portant sur tous les déterminants de la santé.

Adaptation aux besoins. Les programmes d’ACC assurent la prestation en temps utile de services propres à répondre aux besoins des anciens combattants.

Utilisation efficace des ressources. Les gestionnaires des programmes d’ACC font une utilisation efficace des ressources en investissant dans la prévention et la promotion de la santé, en mettant l’accent sur les services communautaires et en réaffectant les ressources de façon à assurer la prestation de services adaptés aux besoins des anciens combattants.

Intervention précoce et sensibilisation. La prestation précoce de services appropriés peut permettre d’accroître la résilience des anciens combattants lorsqu’ils avancent en âge. Les programmes d’ACC visent à promouvoir et à améliorer la santé, à assurer la détection précoce des signes de stress et de vulnérabilité et à intervenir afin de maintenir ou d’améliorer la qualité de vie. Il incombe à ACC d’aller à la rencontre des anciens combattants et de veiller à ce qu’ils disposent de l’information et des services de soutien dont ils ont besoin pour améliorer leur mieux-être.

Services axés sur les besoins. . Les services et le soutien offerts aux anciens combattants et à leurs familles sont fonction de leurs besoins sociaux et de santé plutôt que du statut d’ancien combattant. Lorsqu’un ancien combattant est obligé de déménager, les services dont il bénéficie l’accompagnent.

Services axés sur la famille. Les services offerts tiennent compte des besoins de la famille de l’ancien combattant et de leur incidence sur sa santé et son mieux-être. La personne agissant à titre de principal aidants naturels au sein de la famille de l’ancien combattant accepte ce faisant de payer un coût personnel très élevé. Le principal aidants naturels survivant continue donc de recevoir certaines prestations sociales et de santé après le décès de l’ancien combattant. Les anciens combattants qui agissent à titre de principaux dispensateurs de soins reçoivent aussi soutien et assistance.

Engagement et choix personnel. Les anciens combattants et leurs familles ont la possibilité de participer activement à la détermination de leurs besoins et à l’élaboration de leur plan de santé. Dans la mesure du possible, les anciens combattants se voient offrir des options quant aux services et au soutien dont ils se prévalent et à l’endroit (p. ex., domicile, unité dans un établissement offrant des services d’aide au maintien de l’autonomie, établissement de soins de longue durée) où la prestation des services est assurée.

Prestation des soins le plus près possible du domicile. Tout est mis en œuvre pour aider les anciens combattants à vieillir en santé à la maison et au sein de leur collectivité, là où ils ont un sentiment d’appartenance.

Services intégrés aux anciens combattants (SIAC) pour un vieillissement en santé

Critères de participation

1. Service militaire.

Comme tous les anciens combattants ayant servi en temps de guerre sont exposés aux problèmes sociaux et de santé associés au vieillissement et au service militaire, ils sont tous admissibles au programme.

Tous les anciens combattants ayant servi dans les Forces armées pendant la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée sont admissibles au programme.

2. Besoins.

Le type et la composition des services reçus par les anciens combattants et leurs familles seront fonction des résultats de l’évaluation de leurs besoins sociaux et de santé.

Les SIAC remplaceront les trois programmes de soins de santé actuellement offerts par ACC. Ils permettront aussi d’éliminer l’actuelle matrice complexe de critères d’admissibilité fondés sur le statut d’ancien combattant.

Composantes du modèle

Les SIAC tablent sur les atouts des services actuellement offerts par ACC et s’inspirent de deux modèles de prestation de services de santé intégrés qui se sont révélés efficaces auprès des aînésNote de bas de page54,Note de bas de page55. Le modèle de prestation de services retenu se caractérise par les composantes suivantes.

1. Un guichet unique pour tous les services d’ACC visant à promouvoir le vieillissement en santé. Les anciens combattants n’auront qu’un numéro à composer pour communiquer avec les responsables du programme et être orientés en temps utile vers les services appropriés.

2. Examen préalable et évaluation afin de déterminer les besoins des anciens combattants et de leurs familles. Tous les anciens combattants et leurs familles feront initialement l’objet d’un examen préalable et d’une évaluation visant à relever leurs problèmes sociaux ou de santé et à déterminer le type et le niveau de services dont ils ont besoin. L’évaluation, qui sera reprise à intervalles réguliers afin de déterminer si les besoins de l’ancien combattant ont changé, visera à établir tant les besoins en matière de promotion de la santé que les besoins de soins et de soutien.

Comme nous l’avons mentionné, certains anciens combattants n’auront besoin de rien d’autre que de l’information et du soutien nécessaires pour améliorer leur santé; d’autres, aux prises avec des problèmes sociaux ou de santé, auront besoin d’aide pour gérer une maladie chronique ou conserver leur autonomie; certains, fragiles, auront besoin de services plus intensifs pour les aider à demeurer au sein de leur collectivité; enfin, certains auront besoin qu’on leur prodigue des soins de longue durée.

3. Une équipe interdisciplinaire. ACC maintiendra des équipes interdisciplinaires possédant les aptitudes et les compétences nécessaires en matière de promotion de la santé et de prestation de services aux aînés. ACC élargira ou adaptera les équipes interdisciplinaires actuelles – qui sont formées d’agents de services, d’infirmières, de travailleurs sociaux, de gériatres, de diététiciennes, d’ergothérapeutes, de physiothérapeutes et de psychologues – afin d’y intégrer les personnes suivantes :

Un spécialiste de l’intervention précoce qui possédera des compétences spécialisées en matière de promotion de la santé, de prévention des maladies, d’autogestion des maladies chroniques et d’andragogie, et connaîtra à fond le système de services sociaux et de santé. Il travaillera avec les anciens combattants et leurs familles afin de déterminer leurs besoins en matière de promotion de la santé, d’élaborer des plans de promotion de la santé personnalisés et de les orienter vers les services communautaires de promotion de la santé et de prévention des maladies pouvant les aider à atteindre leurs objectifs de santé et à maximiser leur autonomie et leur mieux-être. La priorité sera accordée aux initiatives de promotion de la santé les mieux à même d’améliorer le mieux-être et l’autonomie, à savoir : alimentation, activité physique, prévention des chutes, autogestion des maladies chroniques et adaptation du domicile. Le spécialiste de l’intervention précoce aidera aussi l’ancien combattant et sa famille à s’orienter au sein du système et à obtenir les services et le soutien dont ils ont besoin. Il s’assurera que le principal aidants naturels de l’ancien combattant est au fait des risques associés au vieillissement, évalue régulièrement l’ancien combattant afin de déceler les symptôme précoces de maladies chroniques, telles que l’arthrite, et l’oriente vers les spécialistes appropriés. Le spécialiste de l’intervention précoce prendra également les dispositions pour que l’ancien combattant ou sa famille dispose des services, tels que l’entretien ménager et l’entretien du terrain, dont ils ont besoin pour conserver leur autonomie.

À l’échelle communautaire, le spécialiste de l’intervention précoce collaborera avec les associations d’anciens combattants et les autres services de proximité afin de mettre sur pied des programmes sociaux et de santé adaptés aux besoins des anciens combattants et de leurs familles, tels que des cours de conditionnement physique pour aînés, des programmes sociaux, des clubs de marche et des groupes d’autogestion des maladies chroniques. Il servira aussi de personne-ressource pour le reste de l’équipe d’ACC et travaillera de concert avec les autres membres de l’équipe pour assurer l’intégration d’activités de promotion de la santé dans tous les programmes et services sociaux et de santé d’ACC.

Le conseiller de secteur, qui agira à titre de coordonnateur des soins, possédera des compétences spécialisées en matière d’évaluation et de gestion des cas. Il aura pour fonction de coordonner la prestation des services destinés aux anciens combattants ayant besoin, pour conserver leur autonomie, de services sociaux ou de santé tels que des services de soins infirmiers, des médicaments sur ordonnance, des appareils fonctionnels et d’autres services médicaux. Le coordonnateur de soins assurera, avec l’aide de l’intervenant en soutien communautaire, la gestion des dossiers d’un assez grand nombre d’anciens combattants ayant des besoins en soins de santé mais dont la santé est relativement stable. Il disposera d’une plus grande marge de manœuvre que les conseillers de secteur quant à l’utilisation des ressources propres à aider les clients, et pourra leur offrir des options telles que les programmes de soins de jour et les unités dans des établissements offrant des services d’aide au maintien de l’autonomie. Le coordonnateur pourra également renvoyer des anciens combattants au spécialiste de l’intervention précoce pour qu’il leur conseille des façons d’améliorer leur santé et orienter ceux dont la santé commence à se détériorer vers le gestionnaire des soins aux cas lourds.

Le gestionnaire des soins possédera des connaissances spécialisées en matière de vieillissement, d’incapacités associées aux processus morbides et de soins en fin de vie, et aura pour fonction d’organiser les soins pour le compte des anciens combattants ou des membres de leurs familles qui sont en perte d’autonomie ou handicapés et ont besoin de soins plus intensifs. Il assurera la gestion des dossiers de 30 à 40 personnes et travaillera en étroite collaboration avec le principal aidants naturels de l’ancien combattant, le gestionnaire du service de soins à domicile, les services de soins de relève et les organisations assurant la prestation des services de soins de longue durée afin de veiller à ce que l’ancien combattant reçoive les soins appropriés en temps utile. Le gestionnaire des soins assurera une intervention rapide en cas d’urgence et pourra mobiliser rapidement les ressources nécessaires pour répondre aux besoins changeants de l’ancien combattant en matière de soins de santé. Il aura pour objectif de maintenir l’ancien combattant au sein de la collectivité le plus longtemps qu’il convient, de veiller à ce que l’ancien combattant nécessitant un séjour au service des urgences ou à l’hôpital soit en mesure de retourner à la maison en bénéficiant des services appropriés, de négocier des services en établissement pour les anciens combattants obligés de quitter leur domicile pour emménager dans un centre de réadaptation, un établissement offrant des services d’aide au maintien de l’autonomie ou une maison de soins infirmiers, et de veiller à ce que l’ancien combattant reçoive des soins fondés sur des données probantes où qu’il soit.

4. Modèles novateurs de prestation de services, prévoyant notamment un soutien intensif à domicile et offrant plus d’options de logement aux anciens combattants. ACC tablera sur sa connaissance de la population vieillissante et sur ses ressources pour élaborer et évaluer des modèles novateurs de prestation de services propres à améliorer le mieux-être des anciens combattants et à les aider à vieillir en santé, notamment : soutien intensif à domicile, services d’aide au maintien de l’autonomie, logement supervisé et petites maisons de soins de longue durée spécialisés adaptées aux besoins des anciens combattants souffrant de démence.

Le fait d’élargir la gamme d’options de logement pourrait permettre aux anciens combattants de vivre de façon plus autonome au sein de leur collectivité, de retarder le recours aux coûteux services de soins infirmiers à domicile et d’éviter les répercussions négatives associées à la séparation des familles. Ainsi, les appartements dans des établissements offrant des services d’aide au maintien de l’autonomie pourraient permettre, une fois que l’ancien combattant et son épouse ne sont plus capables d’assurer à la fois la prestation des soins et l’exécution des tâches d’entretien ménager, de leur donner la possibilité de vivre ensemble plutôt que de les obliger à se séparer en plaçant un des conjoints dans un établissement de soins de longue durée, séparation pouvant avoir une incidence défavorable sur la santé des deux conjoints. Alternativement, il est possible qu’un ancien combattant ait besoin de la sécurité assurée par les services d’aide au maintien de l’autonomie sans avoir besoin des soins personnels dispensés dans une maison de soins de santé.

5. Possibilité de réaffecter les ressources. Le spécialiste de l’intervention précoce, le coordonnateur de soins et le gestionnaire des soins aux cas lourds auront le pouvoir et la possibilité de réaffecter les ressources en fonction des besoins sociaux et de santé des anciens combattants.

6. Sensibilisation des anciens combattants ayant servi en temps de guerre. ACC entend collaborer avec les associations d’anciens combattants (p. ex., publicité, bouche à oreille) afin d’informer tous les anciens combattants ayant servi en temps de guerre de la mise sur pied des Services intégrés aux anciens combattants et de les encourager à s’en prévaloir.

7. Une base de données complète. ACC entend élaborer une base de données qui lui permettra de recueillir et d’analyser des données sur les besoins sociaux et de santé des anciens combattants et de leurs familles, sur la gamme de services qu’ils utilisent et sur l’incidence de ces services sur leur santé, leur mieux-être et leur autonomie. Les données permettront d’évaluer l’efficacité des différents services et l’incidence du modèle de prestation intégrée des services sur le mieux-être des anciens combattants, ainsi que d’améliorer la qualité des services.

8. Recherche. ACC a une occasion en or de nous aider à mieux comprendre le vieillissement et la combinaison de services et de mesures de soutien propres à aider les gens à vieillir en santé. Les SIAC permettront à ACC d’offrir et de mettre à l’essai des services novateurs. Le programme encouragera et soutiendra les travaux de recherche grâce auxquels il sera possible d’améliorer la qualité des soins offerts aux aînés.

Il faudrait partager avec les provinces et les territoires les pratiques exemplaires recensées dans le cadre de la prestation des Services intégrés aux anciens combattants, prendre appui sur les leçons tirées pour réclamer l’adoption, en matière de services sociaux et de soins de santé, de programmes d’action visant à améliorer la santé et le mieux-être des aînés, et élargir à tous les anciens combattants vieillissants et à tous les aînés l’accès à des services intégrés efficaces.

Le modèle en application

Un ancien combattant, qui n’a jamais eu recours aux services d’ACC, voit dans SALUT une annonce faisant la promotion des SIAC. L’ancien combattant ou un membre de sa famille communique avec le Réseau national des centres d'appels d’ACC pour obtenir des renseignements sur le programme. La réceptionniste lui donne un bref aperçu des SIAC, puis lui administre un questionnaire d’évaluation (voir le spécimen à l’annexe 1, Questionnaire d’évaluation PRISMA-7) afin de déterminer si l’ancien combattant doit être orienté vers le spécialiste de l’intervention précoce, le coordonnateur de soins ou le gestionnaire des soins aux cas lourds (voir la figure 8).

Figure 8 – Accès aux Service intégrées d'Anciens Combattants Canada (version texte)

Figure 8 – Montre les étapes qui suivent le premier appel que fait un ancien combattant ou un membre de sa famille au RNCA pour s’informer des programmes et des services offerts par ACC. Point d’entrée au Ministère, le RNCA est l’endroit d’où on fait l’examen préalable de la situation du client éventuel et, au besoin, d’où elle sera dirigée vers le spécialiste qui pourra s’occuper de son cas au Ministère. Un spécialiste peut ensuite diriger un client à un autre spécialiste.

Il est peu probable que le premier contact avec les anciens combattants qui représentent des cas lourds prenne la forme d’un appel téléphonique au RNCA. Il est beaucoup probable que ces anciens combattants soient déjà des clients d’ACC dont une évolution des besoins en soins de santé incitera le coordonnateur de soins à les orienter vers le gestionnaire des soins, qui leur permettra alors d’obtenir des services plus intensifs propres à leur permettre de demeurer chez eux, prendra des dispositions pour qu’ils reçoivent des soins de longue durée ou encore des soins en fin de vie. L’exception à cette règle pourrait être l’ancien combattant en santé ou n’ayant pas fait appel aux services d’ACC qui éprouve soudainement de graves ennuis de santé à la suite d’un accident vasculaire cérébral ou d’un accident.

Les scénarios1 qui suivent illustrent comment différents anciens combattants pourraient bénéficier des SIAC et comment le modèle serait appliqué.

1Comme 91 % des anciens combattants sont de sexe masculin, c’est le masculin qui y est utilisé; le Conseil consultatif de gérontologie est toutefois conscient que 9 % des anciens combattants ayant servi en temps de guerre sont de sexe féminin et les scénarios valent aussi pour elles.

Premier scénario : Renvoi à un spécialiste de l’intervention précoce

Les résultats de l’examen préalable indiquent que l’état de santé de l’ancien combattant est relativement bon mais que des interventions de soutien ou d’amélioration de la santé pourraient lui être bénéfiques ou qu’il a besoin d’aide pour s’orienter parmi les services offerts au sein de la collectivité.

L’ancien combattant est orienté vers le spécialiste de l’intervention précoce, qui le soumet à une évaluation lui permettant de déterminer qu’il n’a pas accès à des soins primaires, qu’il a une surcharge pondérale et qu’il ne fait pas d’exercice physique – bien qu’aucune affection ne limite sa mobilité. L’ancien combattant et son épouse habitent une petite maison, mais sont socialement isolés. Ils trouvent que les services d’entretien du terrain et de déneigement sont onéreux.

Le spécialiste de l’intervention précoce :

  • détermine s’ils peuvent avoir accès à un service communautaire à tarifs réduits pour les aînés et s’ils devraient se prévaloir des services d’entretien du terrain offerts par ACC;
  • aide l’ancien combattant à trouver un aidants naturels primaires et l’encourage à obtenir un bilan de santé complet;
  • présente à l’ancien combattant un programme de marche pour personnes âgées prévoyant plusieurs activités sociales ainsi que des activités physiques adaptées ou à un club de l’âge d’or local offrant toute une gamme d’activités propres à les intéresser lui et son épouse.

Si l’ancien combattant souffrait d’une maladie chronique telle que l’arthrite, le diabète, la dépression ou l’hypertension, le spécialiste de l’intervention précoce s’assurerait qu’il sait comment gérer ces maladies de manière à en atténuer les effets le plus possible, en vérifiant notamment s’il comprend le régime posologique, le régime alimentaire et les autres activités d’autogestion qui lui ont été prescrites.

Un aspect important du rôle du spécialiste de l’intervention précoce consiste à rester en contact avec l’ancien combattant afin de contrôler son état de santé, d’encourager l’ancien combattant et son épouse à participer au plan d’activité physique ou sociale et de continuer de les aider à s’orienter au sein du système en vue d’obtenir les services dont ils ont besoin.

Deuxième scénario : Renvoi à un coordonnateur de soins

Les résultats de l’examen préalable indiquent que l’ancien combattant a un certain nombre de besoins en soins de santé.

L’ancien combattant est orienté vers un coordonnateur de soins qui rend visite à l’ancien combattant et à son épouse afin d’évaluer leurs conditions, puis, avec la permission de l’ancien combattant, communique avec son médecin de famille afin de discuter de leur état de santé et des plans de gestion des maladies qui ont été élaborés à leur intention. Il apprend ainsi que l’ancien combattant souffre de l’arthrite et que son épouse est atteinte de démence. L’épouse de l’ancien combattant a une faible mémoire à court terme mais reconnaît les membres de la famille, et elle éprouve une vive aversion pour le bain et les autres soins d’hygiène personnelle. Le coordonnateur de soins procède à une évaluation de la famille et détermine que l’ancien combattant, qui agit à titre de aidants naturels, est fatigué, s’inquiète de ce que le futur lui réserve et a besoin de répit et d’un appui soutenu. L’évaluation révèle aussi que le couple a besoin qu’on lui offre des services d’entretien ménager et que des barres de maintien doivent être installées dans la salle de bain.

Le coordonnateur de soins :

  • communique avec les responsables du programme provincial de soins à domicile pour que l’épouse de l’ancien combattant puisse avoir accès à une préposée aux soins personnels et à un programme de soins de jour qui offrira un certain répit à l’ancien combattant et une certaine stimulation sociale à son épouse;
  • reste en communication avec l’ancien combattant pour vérifier si le programme de soins à domicile lui offre les services dont il a besoin;
  • prend des dispositions pour que le couple bénéficie de services d’entretien ménager qui sont directement facturés au programme, plutôt que d’exiger de l’ancien combattant qu’il fasse les démarches lui-même et présente ensuite ses reçus pour fins de remboursement;
  • prend des dispositions pour faire exécuter les travaux de rénovation nécessaires;
  • encourage l’ancien combattant à voir son médecin de famille afin de déterminer s’il n’aurait pas avantage à consulter un spécialiste au sujet de son arthrite;
  • renvoie l’ancien combattant au spécialiste de l’intervention précoce afin que celui-ci lui propose des façons de promouvoir et de conserver sa santé;
  • coordonne la prestation des services d’ACC et des services provinciaux afin de s’assurer que tous les besoins du couple sont comblés;
  • prévoit avec l’ancien combattant et les responsables du programme de soins à domicile le moment où l’épouse de l’ancien combattant aura besoin de recevoir des soins en établissement et étudie la possibilité que ces soins lui soient prodigués dans une maison de soins infirmiers;
  • communique régulièrement avec l’ancien combattant et son épouse afin de servir de soutien à l’ancien combattant et de se tenir au fait de l’évolution de la situation.
Troisième scénario : Renvoi au gestionnaire des soins

Les résultats de l’examen préalable indiquent que l’ancien combattant a des besoins complexes.

On communique ave le gestionnaire des soins (l’ancien combattant pourrait aussi être orienté vers le coordonnateur de soins qui, après avoir déterminé qu’il a des besoins complexes et étendus, communiquerait avec le gestionnaire des soins), qui visite l’ancien combattant dans un hôpital et procède à son évaluation. L’ancien combattant a eu un accident vasculaire cérébral, est paralysé du côté droit et est incapable de marcher. Il a besoin qu’on l’aide à manger et est incapable de s’occuper de son hygiène personnelle, mais son épouse et lui veulent qu’il retourne à la maison plutôt que d’être orienté vers une maison de soins infirmiers. Cette option nécessite la réalisation de travaux de rénovation destinés à permettre l’accès à la maison, la prestation à l’ancien combattant d’une gamme de services de réadaptation et de services de soins infirmiers et personnels, le recours aux services d’un aide-soignant pour le sortir du lit le matin et le remettre au lit le soir et l’accès à des services de transport adapté pour les rendez-vous avec le médecin et les activités sociales. Son épouse de 84 ans devra par ailleurs avoir accès à des services d’entretien ménager et d’entretien du terrain.

Le gestionnaire des soins décide, en consultation avec la famille et l’équipe de soins de santé, que le vœu de l’ancien combattant de retourner à la maison devrait être exaucé, que les coûts engagés ne seront pas plus élevés que ceux liés à l’hébergement dans une maison de soins infirmiers et qu’il aura probablement de meilleurs chances de réadaptation à la maison.

Avant que l’ancien combattant retourne chez lui, un plan de services intégrés est élaboré par le gestionnaire des soins, l’ancien combattant et sa famille. Le gestionnaire des soins assure ensuite la mise en œuvre du plan et :

  • prend des dispositions pour faire exécuter les travaux de rénovation nécessaires;
  • communique avec les responsables du programme de soins à domicile pour assurer la prestation des services de soins infirmiers, d’aide familiale, de physiothérapie et d’ergothérapie nécessaires pour favoriser la réadaptation du client;
  • retient les services d’un auxiliaire familial pour compléter les services offerts par le programme de soins à domicile;
  • prend des dispositions pour assurer la prestation de services d’entretien du terrain;
  • suit de près l’ancien combattant et son épouse pour s’assurer que les dispositions prises pour leur permettre de rester à la maison sont viables;
  • communique régulièrement avec le médecin de l’ancien combattant afin de bien comprendre le plan de soins médicaux et d’en faciliter la mise en œuvre;
  • s’assure que l’ancien combattant est fidèle à son traitement.

Six mois après son retour à la maison, l’ancien combattant fait une chute et se retrouve à l’urgence. Une fois avisé, le gestionnaire des soins procède à une autre évaluation pour déterminer si l’ancien combattant est toujours en mesure de rester chez lui. L’ancien combattant et son épouse décident qu’il leur est devenu trop difficile de se débrouiller chez eux et que le temps est venu de quitter leur maison. Le gestionnaire de cas étudie la possibilité, compte tenu des besoins et des préférences de l’ancien combattant et de son épouse, de les orienter vers un établissement offrant des services d’aide au maintien de l’autonomie. Comme cette option ne semble pas faire l’affaire, le gestionnaire de cas leur explique qu’ils ont le choix entre un lit prioritaire et un lit à proximité et les aide à faire un choix éclairé. Il s’emploie avec le responsable du programme de soins à domicile à trouver un lit dans l’établissement de leur choix et prend des dispositions pour que des soins infirmiers complémentaires soient offerts à l’ancien combattant jusqu’à ce qu’il quitte sa maison.

V. L’avenir commence maintenant

Les Services intégrés aux anciens combattants proposés seront plus complets, plus flexibles et mieux adaptés que les programmes de santé actuellement offerts par ACC. Le regroupement de trois programmes distincts en un seul permettra d’élargir la gamme de services offerts et fera qu’il sera plus facile pour le personnel d’ACC de réaffecter les ressources afin de les utiliser de façon plus efficace pour combler les besoins des anciens combattants. Non seulement les SIAC seront-ils accessibles à tous les anciens combattants ayant servi en temps de guerre qui en ont besoin, mais ils leur offriront une plus large gamme de services sociaux et de santé et davantage d’options de logement. Les SIAC offriront aussi aux anciens combattants l’information et le soutien nécessaires pour les aider à améliorer leur santé et leur mieux-être. En assurant une prestation plus intégrée et mieux coordonnée des services, les SIAC permettront d’éviter que les anciens combattants souffrent des lacunes des systèmes provinciaux de soins de santé. Ils représentent pour ACC une solution qui lui permettra d’honorer sa parole. Le Conseil consultatif de gérontologie estime que la mise sur pied des SIAC assurera la prestation de services de meilleure qualité aux anciens combattants tout en étant rentable.

ACC a l’occasion d’établir un nouveau modèle de prestation des services sociaux et de santé au Canada. Il est possible de mettre sur pied à l’intention des anciens combattants un système intégré de prestation des services sociaux et de santé propres à accroître leur mieux-être, à les aider à bien vieillir et à permettre aux anciens combattants vieillissants de passer leurs dernières années là où ils le veulent, soit avec leur famille et leurs amis, et d’éviter ou de retarder le recours aux soins en établissement.

Le Conseil consultatif de gérontologie estime que les SIAC ont le potentiel de servir de modèle pour la prestation de soins de santé à tous les aînés et d’établir les principes devant présider à la prestation de nouveaux services aux vétérans des Forces canadiennes à mesure qu’ils avancent en âge.

Comme nous l’avons souligné au début du présent rapport, le temps n’est plus à la discussion mais à l’action. La majorité des anciens combattants du Canada sont maintenant âgés de 80 ans et plus, et près de 2 000 d’entre eux décèdent chaque mois. Pour être en mesure de faire toute la différence dans leur qualité de vie et dans celle de leurs familles, nous nous devons de passer à l’action sans délai, dès maintenant. Le temps d’honorer notre parole est venu.

Annexe 1

L'avenir commence maintenant
Question Oui Non
Êtes-vous âgé de plus de 85 ans?    
Êtes-vous de sexe masculin?    
En général, est-ce que des problèmes de santé vous obligent à limiter vos activités?    
Avez-vous régulièrement besoin de l’aide de quelqu’un?    
En général, est-ce que des problèmes de santé vous obligent à rester à la maison?    
Si vous avez besoin d’aide, pouvez-vous compter sur un proche?    
Utilisez-vous régulièrement une canne, une marchette ou un fauteuil roulant pour vous déplacer?    
Nombre total de cases cochées

 

Source : Hebert R, Durand PJ, Dubuc N, Tourigny, A, pour le compte du Groupe PRISMA. Frail elderly patients. New model for integrated service delivery. Can Fam Physician. 2003; 49(992-997).