CMP 01215
CIM-9 692 (voir aussi 373.3, 380.2, 691.8, 693, 695.3)
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Définition
La dermatite de contact est une inflammation cutanée de nature aiguë ou chronique, habituellement eczémateuse, causée par l'exposition à un agent chimique, physique ou biologique. L'expression« dermatite de contact » englobe la dermatite de contact irritant et la dermatite allergique de contact eczémateuse. Dans le premier cas, l'agent causal est un irritant, lequel est défini comme une substance chimique qui, chez la plupart des gens, peut produire des lésions cellulaires si elle est en concentration suffisante et si le contact dure suffisamment longtemps. Dans le cas de la dermatite allergique de contact eczémateuse, l'agent est un allergène (sensibilisateur) précis. L'agent peut avoir une action aussi bien irritante que sensibilisatrice, et peut donc produire les deux formes de la maladie, à la différence de la plupart des irritants, qui ne peuvent avoir qu'une action allergène.
La dermatite de contact exclut notamment les affections suivantes :
- Dermatite atopique infantile
- Eczéma infantile
- Urticaire
- Dermatite séborrhéique
- Eczéma intertrigo
- Névrodermite circonscrite
- Eczéma nummulaire
- Dermatite de stase
- Dysidrose (pompholyx)
- Eczéma astéatotique
- Eczématides pityriasiformes
Une demande de pension peut être soumise pour une « dermatite de contact » sans que le siège de l'affection soit indiqué.
Nota : Seule une affection chronique donne droit à pension. Pour les besoins d'ACC, le terme « chronique » signifie que l'affection est présente depuis au moins six mois. Les signes et symptômes tendent généralement à persiste malgré les soins médicaux prodigués, mais à des degrés qui peuvent fluctuer au cours des six premiers mois et par la suite.
Norme diagnostique
Un diagnostic doit être posé par un médecin qualifié. Le diagnostic repose sur l'anamnèse, sur l'apparence, la périodicité et le siège de l'éruption et, finalement, sur l'évolution clinique. On peut aussi avoir recours à des tests épicutanés pour déterminer la cause de la dermatite d'origine allergique; toutefois, pour que les résultats soient significatifs, il faut pouvoir établir une corrélation avec les données cliniques. Il peut être extrêmement difficile, voire impossible, d'identifier l'allergène malgré l'administration d'un test épicutané approprié et une évaluation attentive de l'éruption.
Il doit également être démontré que l'invalidité dure depuis au moins 6 mois.
Anatomie et physiologie
La dermatite de contact irritant peut apparaître après une ou plusieurs expositions à un irritant. Pratiquement tout composé peut être un irritant, selon les conditions de l'exposition. La gravité de l'affection dépend de la nature de l'irritant, de sa concentration, de la durée du contact et de la nature du véhicule. Par ailleurs, certains facteurs peuvent prédisposer à cette affection, notamment des facteurs personnels, comme la sécheresse de la peau et la transpiration, ainsi que des facteurs environnementaux, comme une température élevée, un faible degré d'humidité et la présence d'une pression ou d'une friction.
La dermatite allergique de contact eczémateuse est une réaction cutanée d'hypersensibilité retardée qui ne touche que certains sujets sensibilisés. Elle se produit après l'exposition à un antigène. Une fois l'état allergique installé et la dermatite résorbée, on note souvent une susceptibilité accrue à une re-sensibilisation, ou une hausse rapide du degré de sensibilité lors d'une nouvelle exposition à l'allergène initial. Ce type de dermatite est une manifestation exclusivement cutanée d'une réaction immunitaire.
La phase de sensibilisation dure habituellement de 5 à 21 jours. Pendant cette période, une hypersensibilité se développe chez le sujet à l'égard d'un allergène de contact particulier. Il peut s'agir d'une réaction d'hypersensibilité retardée ou d'une réaction d'hypersensibilité immédiate. La réaction peut être produite par une réexposition. Selon la littérature qui existe à ce sujet, la réaction peut survenir après un délai de 8 à 120 heures. On assiste parfois à une poussée spontanée après 10 à 21 jours, sans qu'il y ait eu réexposition. Une réaction croisée est également possible; dans ce cas, la sensibilité à un allergène donné est stimulée par le contact avec des allergènes secondaires.
Caractéristiques cliniques
La dermatite de contact comporte trois stades : aigu, subaigu et chronique.
Les lésions caractéristiques du stade aigu sont les suivantes : papules, vésicules suintantes et lésions croûteuses entourées d'une inflammation. Au stade chronique, on observe une lichénification, une desquamation et la formation de crevasses (rhagade).
Les lésions primaires peuvent prendre la forme de papules, de vésicules suintantes et, parfois, de bulles. Toutes ces lésions peuvent former des plaques d'oedème érythémateux. On observe parfois également des lésions secondaires, notamment une lichénification, un suintement, la formation de croûtes, une desquamation, une rhagade, une hypopigmentation ou une hyperpigmentation post-inflammatoire.
Toutes les formes de dermatite de contact aboutissent fréquemment à un prurit.
Les différences normales entre hommes et femmes sur le plan cutané, comme la distribution de la pilosité et le fonctionnement des glandes, peuvent expliquer en partie les différences de sensibilité constatées entre les hommes et les femmes.
N'importe quelle région du corps peut être atteinte. La dermatite de contact est d'abord limitée à certaines régions, mais elle peut se répandre et prendre la forme d'une érythrodermie, ou dermatite exfoliative généralisée, également appelée « auto-eczématisation ».
Considérations liées à la pension
Sur cette page
- A. Causes et / ou aggravation
- B. Affections dont il faut tenir compte dans le droit à pension / l'évaluation
- C. Affections courantes pouvant découler, en totalité ou en partie, d'une dermatite de contact et / ou de son traitement
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Causes et / ou aggravation
Les conditions énoncées ci-dessous ne doivent pas obligatoirement être remplies. Dans chaque cas, la décision doit se prendre en fonction du bien-fondé de la demande et des preuves fournies.
Il peut être difficile d'établir une relation avec une exposition professionnelle et/ou environnementale. Les questions qui suivent peuvent s'avérer utiles :
- Au travail, le sujet est-il exposé à des irritants ou à des allergènes cutanés potentiels?
- La distribution anatomique des lésions évoque-t-elle une exposition cutanée liée à une tâche professionnelle?
- La relation temporelle entre l'exposition et l'apparition/l'aggravation évoque-t-elle une dermatite de contact?
- Existe-t-il des causes ou des sources d'aggravation qui ne seraient pas reliées au travail et/ou au service?
- L'état du sujet s'améliore-t-il lorsqu'il n'est plus exposé à l'irritant ou à l'allergène soupçonné?
- Les tests épicutanés ou autres ont-ils permis d'identifier une cause ou un facteur d'aggravation probable?
- Facteurs prédisposant à la dermatite allergique de contact :
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Hérédité
Chez la plupart des personnes dont le système immunitaire est normal, une sensibilisation à des allergènes puissants peut survenir; pour ce qui est des allergènes plus faibles, les réactions varient considérablement d'un individu à l'autre.
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État immunitaire
Ce facteur influe grandement sur la vulnérabilité à la dermatite allergique de contact eczémateuse. Il dépend lui-même du bagage génétique, de l'âge et de la présence éventuelle d'une maladie systémique. Certains médicaments peuvent avoir un effet sur le système immunitaire et prédisposer le sujet à la dermatite allergique de contact eczémateuse.
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Autres affections cutanées
Toute infection ou inflammation de la peau, toute brûlure ou lésion eczémateuse (comme dans le cas de la dermatite de stase) prédispose le sujet à la dermatite eczémateuse allergique de contact.
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Environnement
L'âge, le sexe, le métier ou la profession et la nationalité peuvent déterminer l'environnement et, de ce fait, les substances chimiques auxquelles les gens sont exposés. Certaines plantes causent une dermatite de contact seulement à certaines saisons : le sumac vénéneux (herbe à puce) en est un exemple.
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Stress émotionnel : aggravation seulement
On considère que le stress émotionnel peut dans certains cas aggraver, c'est-à-dire exacerber de façon permanente, la dermatite de contact.
Pour pouvoir considérer que le stress émotionnel a aggravé la dermatite de contact, les observations suivantes doivent être faites :
Les signes/symptômes de stress sont présents, de façon permanente ou récurrente, depuis au moins 1 mois; et
On a demandé une aide médicale pour les signes/symptômes de stress; et
Les signes/symptômes de stress résistent aux traitements; et
On a observé une augmentation des signes/symptômes de dermatite de contact pendant la période de stress émotionnel ou les 30 jours (environ) qui ont suivi; et
On note une augmentation, permanente ou récurrente, des signes/symptômes de dermatite de contact depuis au moins 6 mois.
- Mauvaise prise en charge clinique
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Formes étiologiques spécifiques de la dermatite de contact :
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Dermatite de contact d'origine professionnelle
L'un des types les plus fréquents de maladie de la peau d'origine professionnelle est la dermatite de contact des mains. Les facteurs les plus importants, dans l'apparition de cette affection et l'évolution vers la chronicité, sont les agents irritants, notamment les suivants :
- Produits pétroliers
- Peintures
- Solvants
- Surfactants (savons, détergents synthétiques)
Parmi les métiers et professions les plus touchés, on note les mécaniciens et réparateurs de véhicules, de moteurs et de machinerie lourde, les opérateurs de machines, les ouvriers de la métallurgie, les cuisiniers et les professionnels de la santé.
Voici certaines des causes les plus courantes de la dermatite de contact dans l'industrie :
- Résine époxyde
- Résine acrylique et colophane
- Métaux divers
- Agents accélérateurs utilisés dans la fabrication de caoutchoucs
- Antioxydants
Une exposition à des irritants cutanés puissants et à des allergènes de contact peut survenir chez les travailleurs de l'industrie électronique et de l'industrie des semiconducteurs, par exemple dans la fabrication de condensateurs, d'interrupteurs, de relais, de transistors, de tubes à rayons cathodiques de télévision et d'amplificateurs. L'assemblage de microplaquettes semiconductrices peut causer une dermatite à cause du degré relativement bas d'humidité, combiné à une température relativement élevée dans le milieu de travail. Dans l'industrie des semiconducteurs, les causes de la dermatite de contact irritant sont notamment les suivantes :
- L'exposition à l'acide fluorhydrique
- Le contact avec l'or, le nickel ou le chrome utilisés dans l'électrodéposition
- L'exposition au cyano-acrylate
La dermatite de contact peut également être causée par l'exposition aux articles suivants :
- Bijoux, fermoirs et autres articles contenant du nickel
- Ongles d'acrylique
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Eczéma médicamenteux
- Réactions allergiques à des corticostéroïdes topiques
- Allergies aux agents de conservation contenus dans les crèmes et onguents, p. ex. le 1,2-propylèneglycol, la lanoline, le parahydroxybenzoate, l'alcool benzylique et le métabisulfite de sodium
- Exposition à des instruments médicaux contenant du latex (caoutchouc naturel), notamment à des cathéters, des tubes pour intubation, des masques d'anesthésie, des digues dentaires et des gants de chirurgie et d'examen.
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Dermatite due à l'administration transdermique de médicaments
Une réaction allergique peut être causée par le médicament même, mais le plus souvent, elle est due à l'adhésif servant à maintenir le dispositif d'administration en place. Une dermatite de contact irritant peut survenir si le dispositif transdermique est toujours appliqué au même endroit.
- Dermatite par photosensibilité
L'agent responsable de la réaction peut être de nature photoallergénique ou phototoxique. La réaction phototoxique est semblable à celle qui est causée par un agent irritant, et elle peut se produire après une seule exposition. La réaction photoallergique, par ailleurs, consiste en une éruption retardée sur des régions du corps qui ont été exposées au soleil, par exemple le visage et le dos des mains. Dans les années 60 et au début des années 70, des savons désodorisants ont causé un grand nombre de cas de dermatite photoallergique. Actuellement, les parfums synthétiques sont souvent incriminés dans les cas de réactions photoallergiques. Les photosensibilisateurs peuvent être aussi bien de nature topique que de nature systémique.
Les sources ou formes courantes de photosensibilisateurs topiques sont les suivantes :
- Poudres de lavage et de blanchiment
- Savons et détergents
- Cosmétiques
- Écrans solaires
- Tranquillisants
- Différents médicaments, p. ex. les médicaments photosensibilisateurs et antibactériens
- Parfums pour cosmétiques et pour aliments
- Produits industriels
Les sources ou formes courantes de photosensibilisateurs systémiques sont les suivantes :
- Diurétiques
- Antibiotiques
- Succédanés artificiels du sucre
- Médicaments antifongiques
- Médicaments photosensibilisateurs
- Médicaments antibactériens
- Médicaments antidiabétiques
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Dermatite due aux écrans solaires
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Dermatite due aux plantes
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Dermatite due à la chenille de la spongieuse
Cet insecte a été introduit aux États-Unis en 1869 et s'est propagé depuis. Une dermatite peut survenir à la suite d'un contact avec cet insecte ou ses appendices creux transportés par l'atmosphère. L'éruption apparaît habituellement après une période de huit à douze heures suivant l'activité à l'extérieur ou la manipulation de la chenille.
Les symptômes associés de la dermatite due à la chenille de la spongieuse sont notamment la rhinite, une irritation oculaire et de la dyspnée accompagnée d'une respiration sifflante.
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Affections dont il faut tenir compte dans la détermination du droit à pension/l'évaluation
- La dermatite de contact peut intéresser diverses régions du corps, notamment le conduit auditif et le rectum. Les régions atteintes seraient incluses dans l'évaluation.
- Infections cutanées secondaires
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Affections courantes pouvant découler, en totalité ou en partie, d'une dermatite de contact et/ou de son traitement
Bibliographie
- Australie. Department of Veterans Affairs : Recherche médicale se rapportant au Statement of Principles concernant Dermatite de Contact, où sont citées les références suivantes :
- Rook/Wilkinson/Ebling (1992) (5th ed.) Textbook of Dermatology, Blackwell Scientific Publications Oxford.
- Abel, Elizabeth A. 1995. Contact Dermatitis: Dermatology. Sci. Amer. Med. 1:1-15.
- Lushniak, B.D. Dec 1, 2000. Primary Care: Clinics In Office Practice. 24(4): 895-916.
- Tierney, Jr. Lawrence M., et al, eds. Current Medical Diagnosis & Treatment. 35th ed. USA: Appleton & Lange, 1996.
- Weatherall, D.J., J.G.G. Ledingham and D.A. Warrell, eds. Diseases of the Skin, Oxford Textbook of Medicine. 3rd ed. Toronto: Oxford University Press, 1996, vol. 3, p. 3734 -3742.