Vous m’avez parlé que vous vous êtes enrôlé assez jeune,
est-ce que vous vous rappelez la date
ou le mois que vous vous êtes enrôlé, M. Farley?
C’est le commencement d’octobre, c’est tout ce que je sais.
C’est alentour du 2 octobre que je me suis enrôlé, en 1942.
Le 2 octobre 1942.
L’entrainement de base, pour commencer, quand j’ai rentré,
à Ottawa, on nous enseignait surtout comment saluer
les officiers et comment prendre notre rang en parade,
comment marcher en parade.
Ça c’était à Ottawa, mais comme de raison,
ils nous enseignaient surtout la marche
puis les commandements, ce que ça voulait dire,
par exemple « Halt » puis « Attention ».
Mais tous les commandements étaient en anglais.
Après qu’ils nous ont emmenés à Cornwall, là c’était le « basic training ».
Là on nous enseignait le maniement des armes.
Avec quelle unité vous étiez à ce moment-là?
Il n’y avait pas d’unité, on était simplement dans l’armée,
il n’y avait rien qui était décidé.
Ils pouvaient nous envoyer n’importe où.
Il fallait apprendre à essayer de tirer,
des affaires comme ça, comment démonter et nettoyer nos armes,
démonter, par exemple, la Bren gun, la rassembler, la nettoyer.
Et puis c’est pas mal ça qui est l’affaire, le poids du fusil,
je ne me rappelle pas du poids.
C’était la Lee Enfield dans ce temps-là.
On pratiquait, nous autres, avec les armes
de la Première Guerre dont la « firing pin » avait été enlevée.
C’était pas dangereux!
C’est avec ça, et le maniement des armes, surtout.
Avec quel régiment, vous vous êtes enrôlé dans un régiment?
Dans aucun régiment.
À Cornwall, le basic training,
il n’y avait pas de régiment de choisi, c’était l’Armée simplement.
Il y en a peut-être qui ont entré dans un régiment,
que j’ai entendu parler, dans différentes places au pays,
mais à Ottawa, on ne choisissait pas notre régiment,
on entrait dans l’Armée.
C’était simple comme ça.
À Cornwall, après qu’on avait fini notre basic training,
c’était là qu’ils nous envoyaient un peu partout.
Là on choisissait le Corps médical,
il y en avait qui s’en allaient, par exemple pour les tanks,
il y en a d’autres qui s’en allaient comme
chauffeurs de camion ou dans un régiment.
Moi j’avais demandé, quand je suis entré,
pour le Corps médical.
Vous savez, quand on entre, on peut choisir n’importe quoi
et ils vont nous dire oui, mais après qu’on est entré,
ce n’est plus pareil, là ils nous envoient où ils ont besoin de nous autres.
Vous, du départ, vous vouliez être dans le Corps médical,
mais les premier mois,
c’était pas nécessairement pour ça que vous vous entrainiez?
Ah non, du tout, on ne s’entrainait pas au Corps médical du tout.
Au basic training, ni à Ottawa; c’est-à-dire à Ottawa il n’y avait pas
de basic training, mais le basic training à Cornwall
on ne parlait pas du Corps médical du tout.
C’était le maniement des armes, de n’importe quelle arme.
Mais quand on est partis de Cornwall, là, c’était pas pareil.
On a été à l’ « Advanced training » qu’ils appellent.
Ceux qui avaient choisi pour les tanks,
eux autres s’en allaient pour savoir comment réparer les tanks,
ce qui pouvait faire défaut dans les tanks, comment tirer le canon,
comment se servir de la mitraillette sur le tank,
un autre c’était pour chauffer des camions,
là c’était toute une autre affaire.
Moi c’était dans le Corps médical.
Donc vous, à partir de ce moment-là, c’est le Corps médical,
tout votre entrainement se dirigeait
vers comment prendre soin des blessés.
Pouvez-vous nous parler de ça?
Comment transporter des blessés,
comment les transporter sur nos mains si on avait pas de brancard,
mais les brancards il y en avait.
Si c’est une fracture, par exemple, immobiliser la fracture.
Parce qu’une fracture, ce qui fait mal c’est quand elle bouge.
Si ça bouge pas, la fracture ne fait pas mal.
Il fallait immobiliser la fracture.
Faut pas que ça bouge.
Mais si c’est une blessure par balle, ou autre chose,
là il faut mettre un pansement, comment appliquer un pansement,
si c’est un bras ou une jambe ou n’importe où,
il fallait mettre un pansement.
Donc quand vous avez fait l’« Advanced training »
c’est là que vous avez rejoint les rangs médicaux.
Vous rappelez-vous quelle année, quel mois c’était?
Ça c’était au mois de janvier 1943.
Et à quel endroit vous avez fait votre entrainement?
À Borden.
Le Camp Borden, c’était un grand camp, il y avait de tout là.
Un bout c’était l’aviation, l’autre côté c’était la marine.
Nous autres, dans mon bout, où était le Corps médical.
Une autre place, par exemple, il y avait les tanks,
on passait devant leur place où eux autres s’entrainaient.
Je ne les ai jamais vus s’entrainer, par exemple,
mais nous autres, c’était le Corps médical.
Le matin, on avait l’inspection.
Après l’inspection, l’affaire qui était moins drôle,
il fallait aller faire une « route march » qu’on appelle.
Ça c’était à peu près 3 ou 4 miles.
Ça on n’aimait pas ça.
Mais le restant du temps c’était passé dans des salles de lecture
ou dans des salles où ils nous enseignaient
comment faire des pansements.
Une autre affaire qu’ils nous enseignaient,
si on trouvait perdu, comment, par les astres, trouver notre unité.
On pouvait dire, par les astres, où était le nord, par exemple.
Si vous savez où est le nord,
vous savez où est le sud, puis l’est et l’ouest pareil.
On nous enseignait ça aussi.
Quand on a eu fini, on avait un examen à passer.
On a tous passé, il n’y a pas personne qui faillissait,
moi on m’a qualifié comme brancardier.
Est-ce que vous saviez si vous alliez
joindre l’armée de terre, ou la marine ou l’aviation,
est-ce que ça faisait une différence dans votre entrainement?
Oui, ça faisait une différence, parce que nous autres,
ayant joint l’armée, pour commencer,
c’était entendu que c’était l’Armée de terre.
L’aviation, je ne sais pas comment ça se passait, ni la marine.
Mais quand on joignait l’armée à Ottawa, c’était l’armée.
C‘était pas l’aviation, c’était pas la marine.
C’était trois choses complètement différentes,
et je pense qu’il y avait certaines rivalités entre les trois.