Carpiquet et Falaise
Nous autres, on a participé à la bataille, le régiment de La Chaudière,
à Caen, puis la bataille de Carpiquet. Justement, ici, l’année passée,
ils nous ont donné… c’est marqué « l’enfer de Carpiquet ».
Ça a été remis parce que ça c’était un aérodrome que les
Allemands se servaient durant qu’ils étaient les rois et maîtres pour aller
bombarder, puis les avions atterrissaient là. C’était proche.
Ça a pris trois semaines avant qu’on puisse conquérir l’aérodrome.
On a perdu plusieurs hommes à cette bataille-là.
On était deux brigades, je pense, complètes pour se battre pour….
Les Allemands y tenaient. Après ça, c’était commode pour nos armées,
parce qu’ils pouvaient partir de l’Angleterre pour atterrir,
puis aller bombarder en Allemagne. Parce que c’est un
aérodrome comme on dit, c’est parce que les Allemands étaient
retranchés eux autres assez, assez armés lourdement, avec des quatre-vingt-huit allemands
qu’ils appelaient, qui étaient les meilleurs de leurs canons. C’était des, des jeunes, des troupes,
il y avait quelques SS, qu’on appelle, les fameux SS entraînés, ceux qui sont
réellement le cerveau dérangé, puis c’est des guerriers, ça, qui poussent, là…
Ils se sont battus, ça a été presque des, il y a eu des corps à corps.
Moi j’en ai pas participé, mais il y a eu quelques corps à corps,
parce qu’on est venus tellement proche à proche avec les Allemands.
C’était dans cette place-là où ce que c’est qu’on a vu, où ce que c’est des fois que ça
nous pogne de venir un peu plus guerrier, mauvais, qu’on a… On a une douzaine de nos, de nos
gars de La Chaudière qui ont été fait prisonniers, puis ils ont été pendus. Ils les
ont trouvés pendus après des arbres. Ça c’est la guerre, qu’on appelle cruelle, là,
que des fois on voit pas dans les livres. Euh, mais, nous autres, la riposte a été
un peu plus la même chose. C’est des choses qu’on voit pas tout à fait
des fois dans les livres. Mais quand ils font des choses semblables,
on fait la même chose. Quand on dit « la guerre c’est la guerre. » Mais c’est
un peu ça qui nous pogne, qui nous met un peu plus, qui nous donne
l’instinct de tueur. Et, euh… c’est, c’est, on a réussi quand même,
parce qu’avec les tanks puis les canons qui nous aident, on est venus à
bout de prendre l’aéroport. Ça a duré trois semaines au moins.
Après ça, ben il y a eu la bataille de Falaise. Falaise, ça a été plus facile,
malgré que ça a été, c’était surtout une bataille de tank, ou les avions,
parce que Rommel avec son armée, était censé nous jeter à la mer,
dans le temps. Hitler avait ordonné à Rommel, son meilleur commandant de…
Il est arrivé avec sa division de panzer, qu’on appelle,
mais qu’est-ce qu’ils ont pas pensé, c’est que ses panzer, c’était des,
des engins les plus gros dans les tanks. Ça pesait
cinquante tonnes au-dessus, chaque, mais quand les avions ont commencé à
les mitrailler un peu, si ils on réussi à arrêter les premiers,
puis à toucher les derniers, ils sont venus comme encerclés.
Et ils ont voulu s’en aller dans les champs, parce que à Falaise,
c’était des champs immenses, des terres agricoles, ils sont restés enlisés,
ils se sont fait, c’est là qu’ils se sont fait descendre,
qu’il a perdu sa fameuse... Mais les panzer, quand tu regardais ces tank-là,
c’était épouvantable. Mais là on a vu, ceux-là, là, c’est là, à Falaise, encore là, que j’ai vu
des choses que… Les tanks, quand ils se font… on appelle ça knocker, quand ils se font viser,
tirer, là, des fois ça fait explosion. On voyait des morceaux de, de… des têtes,
des corps accrochés après les arbres, les branches, parce que ça explose, ça.
C’est pour ça des fois quand je parlais, je disais toujours :
« j’aime autant me battre à terre que de me battre dans un tank,
parce que quand un tank se fait prendre, ou donc, ils se font tirer
dans les track, qu’on appelle, ils restent enlisés, ils bougent plus.
Ça, c’est une proie facile pour les avions. Mais, il y avait des troupeaux de vaches,
c’est encore une partie de la guerre, ça, il y avait des troupeaux qui, les avions, le soir,
tout ce qui bouge, ils savent pas si c’est des humains, ça.
C’était tout bombardé, ça, puis là, on voyait ça par centaines,
des corps de vaches, là, enflés, puis ça puait, là, ça faisait
peut-être des semaines que ça avait été tué. Il sortait une
odeur épouvantable de ça. On avait hâte de sortir de là, moi.
C’est des choses qu’on a vues, qu’on a vécues… et c’est encore là,
c’est des à côté de la guerre que nous autres on a eu qu’il y a pas
des fois dans les livres. Ils parlent pas de ça.