Changer de carrière, changer de perspective

Changer de carrière, changer de perspective

Une carrière dans les Forces armées canadiennes (FAC) peut préparer une personne à connaître du succès dans un emploi après son service militaire. Mais cette transition doit s’accompagner aussi d’un changement chez le vétéran, explique le major (retraité) David Blackburn.

M. Blackburn est né à Scarborough, en Ontario. Enfant, il adorait le sport et le plein air. En classe, il regardait par la fenêtre et rêvait d’aventures.

Quand il était adolescent, M. Blackburn a déménagé avec sa famille à Edmonton, puis à Vancouver. Lorsqu’il a obtenu son diplôme d’études secondaires en 1986, il avait déjà ciblé ses choix de carrière : l’armée, la garde côtière ou la police.

Cet été-là, il a vu une annonce dans le journal local : la Réserve des Forces canadiennes offrait un programme rémunéré qui comprenait une instruction de base ainsi qu’une formation professionnelle. M. Blackburn a saisi l’occasion. Trois mois plus tard, il s’est qualifié comme opérateur de radio et télétypiste en tête de son groupe.

« J’ai adoré l’expérience, se rappelle-t-il. La compétitivité, la structure, la camaraderie. » Il a choisi de faire carrière dans les FAC et s’est rendu au centre de recrutement local. C’est là qu’il a découvert que l’officier responsable du programme d’instruction d’été avait laissé une lettre au dossier dans laquelle il recommandait David Blackburn comme candidat pour suivre la formation d’officier.

« Ça m’a renversé, dit M. Blackburn. Je n’avais pas la moindre idée qu’il avait rédigé une lettre de recommandation. »

En 1988, le jour de son 21e anniversaire, M. Blackburn s’est rendu à Chilliwack, en Colombie-Britannique, pour commencer le programme d’instruction élémentaire des officiers. Après sa formation, il a été affecté au Royal Canadian Dragoons à Petawawa, en Ontario, en tant que sous‑lieutenant où il a pris le commandement d’une troupe de quatre véhicules d’entraînement de chars blindés Cougar à six roues.

La nature compétitive de M. Blackburn était manifeste à Petawawa, où il a joué au hockey régimentaire et a gravi les échelons des officiers subalternes jusqu’au grade de capitaine. Son dernier rôle a été celui d’officier de liaison d’escadron. « Mon travail consistait à m’assurer que nos soldats étaient prêts, entraînés et équipés pour les opérations. »

En tant que capitaine nouvellement promu, M. Blackburn s’est rendu en Allemagne pour coordonner les opérations de déploiement d’un hôpital de campagne pendant la guerre du Golfe en 1990. En 1997, il a participé aux opérations de secours lors des inondations de la rivière Rouge à Winnipeg.

« Cette mission a été très importante pour moi, se souvient-il. Nous avons pu constater à quel point la population locale était reconnaissante de ce que nous faisions. Les résidents apportaient de la nourriture et d’autres articles aux quartiers des FAC, juste pour nous rendre la vie un peu plus facile et nous donner un peu de répit. »

David Blackburn et deux membres de la mission militaire de l’ONU en Bosnie, 1998.

C’est en s’entraînant pour une mission opérationnelle en Bosnie, en tant que capitaine de bataille au sein d’un escadron de reconnaissance, que M. Blackburn a subi sa première blessure liée au service. Lors d’un déplacement de nuit, le Cougar dans lequel il se trouvait s’est renversé dans un fossé. Après s’être extirpé du véhicule en passant par le hayon arrière, M. Blackburn ne pouvait pas voir la distance qui le séparait du sol et il a eu des vertèbres écrasées quand il a sauté.

M. Blackburn ne s’est pas rendu compte de la gravité de ses blessures. Pas encore.

En 1998, toujours en Bosnie, il s’est à nouveau blessé au dos. Malgré cela, il qualifie son déploiement en Bosnie de fantastique.

« C’était gratifiant de pouvoir mettre en pratique tout notre entraînement et toute la formation reçue. »

À son retour au Canada, M. Blackburn a été affecté au Quartier général du 2e Groupe-brigade mécanisé du Canada et a été promu au grade de major. Au cours des années suivantes, les fonctions de David étaient axées sur la gestion des ressources humaines : instruction, coordination de la logistique, gestion du personnel – tout ce dont les membres des FAC ont besoin pour accomplir leurs tâches de façon optimale.

Transition

En 2005, M. Blackburn a obtenu un baccalauréat en arts et sciences militaires alors qu’il était affecté à Fort Hood, au Texas, en tant qu’officier de liaison des Forces canadiennes. Il a ensuite obtenu un certificat d’études supérieures en ressources humaines à l’Université du Texas.

Mais ses blessures répétées ont fini par le rattraper, ce qui l’a mené à être libéré pour raisons médicales en 2011. « J’ai été sur la liste des blessés permanents pendant deux ans. Il y a une stigmatisation associée à cela, explique M. Blackburn. J’ai dû apprendre à me défaire de cette identité culturelle et psychosociale. »

À l’approche de sa libération, M. Blackburn explique qu’il a dû apprendre à se mettre en valeur dans un environnement professionnel complètement différent. « Dans l’armée, on fait partie d’une équipe. Le principe est le suivant : 'C’est nous qui avons fait ça' et non pas 'C’est moi qui ai fait ça'. Après leur libération, les militaires doivent réintégrer un marché du travail individualiste. »

Il s’est rendu compte que les aptitudes en relations humaines qu’il avait développées étaient particulièrement recherchées en dehors de l’armée.

M. Blackburn dit qu’il a eu de la chance. « J’ai vu une offre d’emploi pour un gestionnaire des services de santé possédant une expérience militaire ». Il a envoyé son curriculum vitae et a reçu un appel le lendemain. Son expérience comme dirigeant et en gestion des ressources humaines faisait de lui le candidat idéal – et l’employeur était du même avis.

David Blackburn fait la promotion du programme Forces@WORK lors d’une assemblée générale annuelle de la Légion royale canadienne, 2019.

Aujourd’hui, il occupe un quatrième poste de direction depuis sa libération, chez Prospect Human Services. Cet organisme sans but lucratif en Alberta aide les gens à trouver un emploi. Parmi les neuf équipes qu’il gère, il se passionne pour le programme Forces@WORK, qui aide à jumeler des vétérans à des carrières enrichissantes.

« J’ai eu plus de chance que beaucoup d’autres, dit-il. Les multiples rôles que j’ai occupés dans l’armée m’ont appris à m’adapter au changement et à apprendre à la volée.

Une carrière militaire vous prépare bien pour ça. »

Conseils aux membres en voie de transition

M. Blackburn a quelques conseils à donner aux vétérans et aux membres des FAC actuellement en service.

Le plus grand défi consiste à apprendre une nouvelle culture. « Il n’y a personne qui gère votre carrière et qui vous dit quelle sera votre prochaine tâche. Vous n’avez plus le même réseau. Vous devez vous motiver et vous mettre en valeur ».

Le leadership apporte de précieuses leçons. « Les gens sont vos plus grands atouts. Il faut savoir les connaître et les promouvoir. Il n’est pas nécessaire de leur crier après ou de les rabaisser. On peut obtenir beaucoup plus des gens simplement en leur demandant et en s’assurant qu’ils disposent de ce dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs.

« Élaborez un plan, peaufinez-le chaque année, et investissez dans votre formation et vos compétences transférables.

Le premier emploi que vous obtiendrez se compare à l’achat d’une première maison, explique M. Blackburn. Il ne correspond pas exactement à vos attentes, vous permet d’acquérir de nouvelles compétences, vous sort de votre zone de confort, et vous préparera pour votre prochain emploi.

N’ayez pas peur de prendre des risques et ayez confiance en vos aptitudes. »

Prospect Human Services de Calgary, en Alberta, a reçu du financement dans le cadre du Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille pour le programme Forces@Work.

Si vous êtes en transition vers la vie après le service militaire ou que vous connaissez une personne dans cette situation, visitez notre site Web pour en savoir plus sur les services liés à la santé mentale et physique, aux finances, aux études ou à l’emploi, ainsi qu’au logement et à la vie de famille. Nous offrons également des services aux familles et aux aidants qui soutiennent nos vétérans.

 


 

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